Leïla Slimani : après Chanson douce, Sexe et mensonge

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Leïla Slimani, si elle continue comme ça, un jour elle nous ramènerait le Nobel. Quand je dis nous c’est les Marocains chez qui elle est nait, les Français qui l’ont éduquée et formée, et un peu d’Algériens parce qu’il faut bien que sa mère ait sa part de ce moment de gloire

Leïla Slimani sans coup férir. Un deuxième roman et le Gancourt déjà dans la poche. Les jurés de l’académie n’ont pas eu à hésiter ni à trop palabrer. Dès le premier tour elle a été désignée. Pourtant, d’après ce qu’on m’a dit, la concurrence était rude. Je ne suis pas un spécialiste du Goncourt et je ne sais pas en conséquence s’il est déjà arrivé qu’un auteur(e) remporte le graal à son deuxième essai.

De ce coté-ci de la Méditerranée, Chanson douce a été diversement apprécié. Un ami qui connait son affaire m’a dit qu’il le trouvait entrainant. Il semblait partager ce que Le Monde en a pensé : « Chanson douce happe le lecteur avec une force étonnante qui tient autant à la maîtrise de sa narration qu’à son écriture sèche, clinique, précise ». Un autre tout aussi bien versé dans la littérature n’a montré que peu d’enthousiasme.

Vous avez compris que je ne l’ai pas lu et de toute façon je ne pouvais émettre qu’un avis de profane, n’étant pas critique littéraire. Ce qui ne veut pas dire que je ne l’ai pas acheté. Mais dès que je l’ai ramené à la maison, mon épouse me l’a subtilisé. Il le trouve pas mal, toutefois, m’a-t-elle dit, elle ne le mettrait pas entre les mains de jeunes mamans. Il les traumatiserait et ça serait autant de pertes d’emplois pour les nounous du pays.

Moi je pense que Leïla Slimani, si elle continue comme ça, un jour elle nous ramènerait le Nobel. Quand je dis nous c’est les Marocains chez qui elle est nait, les Français qui l’ont éduquée et formée, et un peu d’Algériens parce qu’il faut bien que sa mère ait sa part de ce moment de gloire.  

Intrigante femme, frêle et menue. Il n’en faut pas plus pour que j’aille pianoter sur le clavier de mon vous savez quoi. Que ferions-nous sans Google ?! Le site Bibliobs  m’apprend que « Leïla Slimani a étudié au lycée français de Rabat, et ses parents parlaient français à la maison, si bien qu’elle parle mal l’arabe ». Ma fille a été à Descartes, on parle français à la maison, mais Dija, c’est comme ça que je l’appelle, manie bien l’arabe. Chacun à sa place. Là il ne s’agit pas de ma progéniture, mais du prix Goncourt 2016. Bibliobs ajoute qu’elle a reçu une éducation progressiste : « [Nos parents] nous ont toujours dit, à mes sœurs et à moi, que notre corps nous appartenait, qu’on avait le droit d’en disposer comme on voulait, dit-elle à "Elle". Et, en même temps, qu’on n’avait pas le droit de se promener avec un homme. Allez comprendre.» C’est vrai, allez comprendre, mais ça prouve au moins qu’elle est bien d’une famille marocaine.

Du coup elle s’apprête à sortir en janvier « Sexe et mensonge », un essai qui traite de la misère sexuelle au Maghreb.  Quelque part ailleurs j’ai vu qu’elle dénonçait énergiquement les lois moyenâgeuse du Maroc qui font qu’elle ne reviendra jamais vivre parmi nous. Dommage ! Pour nous et pour moi qui, partageant ses vues, ai commencé à voir en elle une icône du féminisme marocain dont elle deviendrait la figure de proue, une Marianne nationale dont la tête serait l’effigie de Fatima Mernessi.  

 

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