Cinéma, mon amour ! STANLEY KUBRICK, L’UN DES CINÉASTES MAJEURS DU 20ÈME SIÈCLE

5437685854_d630fceaff_b-

Kubrick considère que “Spartacus“ est son film le plus impersonnel ; par contre, il a considéré “Shining“ comme son œuvre la plus personnelle.

1
Partager :

 

Cinéma, mon amour ! de Driss Chouika - ''LE DICTATEUR'' LE PREMIER FILM  PARLANT DE CHAPLIN

« La question est de savoir si l’on donne au public quelque chose qui vise à le rendre plus heureux, ou quelque chose qui correspond à la vérité du sujet ». Stanley Kubrick.

Shining », de Stanley Kubrick - 70 films à voir absolument une fois dans sa  vie - Elle

Shining, L'Enfant lumière , au Québec, est un film d'horreur psychologique américano-britannique de Stanley Kubrick,  

Stanley Kubrick est un cinéaste original et atypique qui occupe une place bien particulière dans l’histoire du cinéma : c’est un cinéaste majeur dans cette histoire, et les nombreuses récompenses qu’il a obtenues attestent de cette place de choix qu’il occupe. Il suffit d’en citer les plus en vue : Meilleur réalisateur, décerné par le New York Film Critics Awards pour le film « Docteur Folamour » (1964) ; Oscar des meilleurs effets visuels pour le film « 2001, l'Odyssée de l'espace » (1968) ; Meilleur réalisateur, décerné par le New York Film Critics Circle Awards pour le film Orange mécanique » (1971) ; Meilleur réalisateur, décerné par le National Board of Review pour le film « Barry Lyndon » (1975) ; Meilleur réalisateur, déscerné par British Academy of Film and Television pour le film « Barry Lyndon » (1975).

Il est aussi original et atypique dans sa polyvalence technique et esthétique. Dans ses premiers films il faisait pratiquement tout, du scénario à la production, en cumulant même la direction de la photo, le cadrage et le montage. Sa pratique de la photographie depuis sa prime jeunesse lui avait effectivement permis une auto-formation technique poussée dans tous les domaines de l’image : la composition, les éclairages avec leurs jeux de lumières, les mouvements de la caméra, les focales et profondeurs de champ... En cela sa maîtrise polyvalente n’a pas d’égal. Ce sont les exigences des majors qui avaient fini par lui imposer le respect de la répartition du travail selon les normes professionnelles reconnues.

Et c’est justement pour continuer à s’assurer un minimum d’indépendance qu’il a fini par choisir de s’installer définitivement à Londres, travaillant plus lentement et à son aise, poussant toujours plus loin son perfectionnisme et ses continuelles expérimentations techniques. Les succès de ses films, malgré les polémiques continuelles qu’elles ont toujours suscitées, lui ont toujours permis de disposer des moyens matériels nécessaires lui permettant de passer plusieurs années à développer ses projets. Pour “2001, l’Odyssée de l’espace“, il a interdit ses plateaux de tournage à la presse, ce qu’il a fini par adopter comme pratique systématique pour tous ses tournages ultérieurs.

Son perfectionnisme légendaire à fini par contribuer largement à la mise au point d’innombrables innovations techniques qui ont enrichi les pratiques cinématographiques mondiales : utilisation des ordinateurs et des pratiques de projection frontale comme dans “2001, l’Odyssée de l’espace“, éclairage à la lumière des bougies pour “Barry Lyndon“ avec utilisation d’objectifs spéciaux développés par la NASA, expérimentation de la Steadicam pour « Shining »... 

UN MONDE INQUIÉTANT QUI S’EFFONDRE

Sur le plan thématique, ses traitements sont généralement basés sur la présentation d’un monde inquiétant et au bord de l’effondrement, peuplé de personnages à double personnalité, schizophrènes et au bord d’une folie destructrice. Ses critiques les plus virulents parlent globalement d’une vision très négativiste et pessimiste du monde. La critique Pauline Kael est allée même plus loin en parlant d’« une froide et distante atmosphère, des films qui n'ont pas d'âme » !

Mis à part peut-être “Spartacus“, basé sur des faits historiques réels, que chacun peut interpréter selon ses propres conceptions de l’histoire, ses films ont généralement soulevé des polémiques interminables et certains ont même été critiqués pour leur ambiguïté et leur moralité douteuse, surtout par les courants puritanistes américains. Et justement à propos de “Spartacus”, malgré son grand succès critique et commercial ainsi que ses quatre Oscars, Kubrick avait fini par le renier en affirmant : « Je n'étais qu'un employé » ! Il considère d’ailleurs que “Spartacus“ est son film le plus impersonnel ; par contre, il a considéré “Shining“ comme son œuvre la plus personnelle.

Pour l’exemple, son film le plus polémique et qui avait provoqué la colère des puritains a été “Lolita“, adapté du roman de Vladimir Nabokov, malgré son épuration des allusions sexuelles bien franches de l’œuvre initiale de Nabokov. Kubrick avait même reconnu que s'il avait imaginé la sévérité des censeurs américains, qui l'avaient obligé à couper des scènes et à modifier d’autres jugées licencieuses, il aurait certainement renoncé à faire ce film. La critique a été aussi déçue lors de sa présentation à la Mostra de Venise. Plus généralement, l’accueil de ses films a été presque le même. Autant les uns l’admirent, autant que d’autres le critiquent sévèrement. Jean-Luc Godard avait aussi intervenu à propos de la polémique sur le film “Lolita“ dont il a parlé comme un « film simple et lucide, avec des dialogues justes, qui montre l'Amérique et son puritanisme mieux que Melville et Reichenbach, et prouve que Kubrick ne doit pas abandonner le cinéma, à condition de filmer des personnages qui existent ».

Durant les cinq décennies de sa carrière, Kubrick aura continuellement filmé un combat intérieur ambigu et controversé, mais permettant un débat d’une richesse inouïe. Il n’a pas été bien prodigue, malgré les immenses moyens dont il disposait. Il a tourné certainement des films dans la même lignée thématique décrivant un monde au bord de l’effondrement mais dans une grande diversité formelle et de genre, des films de guerre, des films policiers, un film d'horreur, des films de science-fiction, des fresques historiques et des films psychologiques.

Finalement, c’est son dernier film, « Yeux fermés » (Eyes Wide Shut), qui aura été le vrai testament de Kubrick avant sa mort le 07 mars 1999. 

Quoi qu’il en soit, et malgré les réactions contradictoires qu’ont soulevé ses films, Kubrick paraissait maîtriser ses sujets : « Il n’y a aucun doute qu’il serait agréable de voir un peu de folie dans les films, au moins ils seraient intéressants à regarder. Chez moi la folie est très contrôlée ! ».

FILMOGRAPHIE DE STANLEY KUBRICK (LM)

"Fear and Desire" (1953) ; "Le baiser du tueur" (1955) ; "L’ultime Razzia" (1956) ; "Les sentiers de la gloire" (1957) ; "Spartacus" (1960) ; "Lolita" (1962) ; "Docteur Folamour" (1964) ; "2001, l’Odyssée de l’espace" (1968) ; "Orange mécanique" (1971) ; "Barry Lyndon" (1975) ; "Shining" (1980) ; "Ful Metal Jacket" (1987) ; "Eyes Wide Shut" (1999).

DRISS CHOUIKA

lire aussi