Cinéma, mon amour de Driss Chouika: FRANCES MCDORMAND, LA COMÉDIENNE LA PLUS SURPRENANTE DANS L’HISTOIRE DU CINEMA

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Malgré ce premier Oscar, Hollywood n’en fait pas pour autant une grande star, mais l’intelligence de Frances McDormand l’impose comme une grande comédienne, attachante et imprévisible

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-Cinéma, mon amour de Driss Chouika : LE CINEMA NATIONAL DE LA ''RICHESSE''  A UNE ''PAUVRETE '' THEMATIQUE ET ESTHETIQUE

« Nous sommes une bande de hooligans et d'anarchistes mais nous nettoyons bien ». Frances McDormand.

D’abord comédienne de théâtre, son premier amour qu’elle n’a jamais complètement délaissé, et après avoir joué son premier rôle dans le thriller « Sang pour sang » de Joel Coen, dont elle devient la campagne, Frances McDormand multiplie les seconds rôles avec une forte présence dans les films des frères Coen, comme “Arizona Junior“, “Miller’s Crossing“ et “Barton Fink“ ; puis, elle diversifie ses brillants seconds rôles avec d’autres réalisateurs de renom tels Sam Raimi, Ken Loach, Alan Parker ou encore Robert Altman. Mais ce sont en fin de compte les frères Coen qui lui offrent le rôle qui va lui assurer son premier Oscar de Meilleure Actrice, en 1996, dans “Fargo“. Et, à propos de sa relation avec Joel Coen, elle a bien déclaré « C'était une révélation de voir que je pouvais avoir un amant avec lequel je pouvais aussi travailler, et ne pas être intimidée par cette personne ». Ce qui en dit long sur la longévité et la solidité de leur couple.

Avec ce premier Oscar, Hollywood n’en fait pas pour autant une grande star, mais l’intelligence de McDormand l’impose comme une grande comédienne, attachante et imprévisible, qui multiplie savamment des seconds rôles avec des réalisateurs appartenant à divers horizons cinématographiques comme Wes Anderson, Paolo Sorrentino ou Gus Van Sant. Elle a aussi gardé sa réputation de tenir à porter des films indépendants à petits budgets, quoique les cinéphiles ont pris l’habitude de se faire agréablement surprendre par ses toujours intéressants rôles dans les films de Joel et Ethan Coen dont elle a continué à en être l’égérie.

Fidèle à sa réputation de comédienne surprenante, imprévisible et attachante, Frances McDormand campe à nouveau un rôle bien savoureux d’une mère forte dans la comédie dramatique “Three Billboards : Les panneaux de la vengeance“ de Martin McDonagh qui lui a permis de gagner son deuxième Oscar de la Meilleure Actrice. Bien plus, cette prestation lui a valu toute une pluie de prix et récompenses prestigieuses dont un BAFTA de la Meilleure Actrice et le Golden Globe de la Meilleure Actrice dans un Drame.

Puis, elle assoit définitivement sa consécration comme la comédienne la plus surprenante dans l’histoire du cinéma avec le film “Nomadland“ de Chloé Zhao, dont elle est également la productrice, qui lui a valu son troisième Oscar de Meilleure Actrice, doublé d’un Oscar de Meilleur Film qui a récompensé sa prestation comme productrice, gagnant un bon nombre d’autres prix prestigieux dont celui du Lion d’Or à La Mostra de Venise. Elle y campe le rôle de Fern, une veuve sexagénaire qui se retrouve sans emploi et qui prend la route au volant de son véhicule utilitaire minivan, aménagé pour une vie nomade. C’est une femme qui tente de refaire sa vie, prenant son destin en main face à un avenir incertain.

FIGURE MARQUANTE DU CINÉMA INDÉPENDANT

Réputée par ses rôles de femmes solitaires mais fortes, elle est aussi bien connue comme une femme authentiquement engagée, à la fois féministe déterminée et infaillible support du cinéma américain indépendant. Comédienne au talent multiple, elle a brillé aussi bien au cinéma, à la télévision qu’au théâtre, sa première vocation, qui s’y attache dès le lycée, et auquel elle est restée fidèle, interprétant des rôles importants dans des pièces de renom dont la fameuse “Un Tramway nommé Désir“ de Tennessee Williams. Son amour pour le théâtre va d’ailleurs l’amener à la fin des années 90 à devenir membre associée du “Wooster Group“, la fameuse compagnie de théâtre expérimental fondée en 1975 et dirigée par la dramaturge américaine Elizabeth LeCompte. Elle a même remporté en 2011 un “Tony Award“ de Meilleure Actrice pour son rôle dans la pièce “Good People“ de David Lindsay Abaire.

Elle se fait remarquer dès 1988 dans le fameux film “Mississippi Burning“ de Alan Parker qui lui avait valu une première nomination à l’Oscar de Meilleure Actrice dans un role secondaire, avant que l’incarnation de la brillante et déterminée policière enceinte Marge, dans “Fargo“, le film à l’humour noir, ne lui ouvre la voie royale pour rejoindre le club bien fermé des comédiennes multi-oscarisées. Elle appartient aussi au club restreint des comédiens ayantn décroché la fameuse “Triple couronne“, c-à-d avoir réussi à gagner à la fois un “Oscar“, un “Emmy Award“ et un “Tony Award“, les plus prestigieuses récompenses dans les domaines de l’audiovisuel.

Enfin, Frances McDormand a toujours pleinement assumé ses prises de positions engagées, défendant tout aussi bien le cinéma indépendant que la parité dans le domaine. Féministe notoire, elle a été notamment résolument engagée dans les mouvements “Time’s Up“, projet anti-harcèlement sexuel lancé par 300 femmes d’Hollywood, et “#MeToo“, mouvement encourageant la prise de parole des femmes pour dénoncer le viol. Comme elle a été bien sincère et fidèle à son clan, en affirmant lors de la cérémonie de remise de son 2ème Oscar le 05 mars 2018 : « Nous sommes une bande de hooligans et d'anarchistes mais nous nettoyons bien…  Je tiens particulièrement à remercier mon clan, Joel et Pedro "McCoen". Ces deux individus fidèles ont été bien élevés par leur mère féministe. Ils se valorisent, les uns les autres et ceux qui les entourent… Regardez autour de vous, mesdames et messieurs, car nous avons tous des histoires à raconter et des projets à financer ». 

FILMOGRAPHIE SÉLECTIVE DE FRANCES MCDORMAND (LM)

« Sang pour sang » (1984) de Joel et Ethan Coen ; « Mort sur le grill » (1985) de Sam Raimi ; « Arizona junior » (1987) de Joel et Ethan Coen ; « Mississippi Burning » (1988) de Alan Parker ; « Darkman » (1990) de Sam Raimi ; « Secret défense » (1990) de Ken Loach ; « Barton Fink » (1991) de Joel et Ethan Coen ; « Short Cuts » (1993) de Robert Altman ; « Rangoon » (1995) de John Boorman ; « Fargo » (1996) de Joel et Ethan Coen ; « Paradise Road » (1997) de Bruce Beresford ; « Wonder Boys » (2000) de Curtis Hanson ; « The barber » (2001) de Joel et Ethan Coen ; « Laurel Canyon » (2002) de Lisa Chlodenko ; « Tout peur arriver » (2003) Nancy Meyers ; « Æon Flux » (2005) de Karyn Kusama ; « Friendes with Money » (2006) de Nicole Holofcener ; « Burn After Reading » (2008) de Joel et Ethan Coen ; « This Must Be the Place » (2011) de Paolo Sorrentino ; « Moonrise Kingdom » (2012) de Wes Anderson ; « Promised Land » (2012) de Gus Van Sant ; « Ave, César !» (2016) de Joel et Ethan Coen ; « Tree Billboards : Les panneaux de la vangeance » (2017) de Martin McDonagh ; « L’ile aux chiens » (2018) de Wes Anderson ; « Nomadland » (2020) de Chloé Zhao ; « Macbeth » (2021) Joel et Ethan Coen ; « Women Talking » (2022) de Sarah Polley. 

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