Mondial: le Maroc dans l'histoire, l'Espagne à la maison

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Trente-six ans après, le Maroc a beaucoup de nouveau héros à fêter. Et d'abord le gardien Yassine Bounou

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Ils l'ont fait! Les Marocains ont maîtrisé l'Espagne et les tirs au but (0-0, 3 t.a.b. à 0) pour atteindre pour la première fois les quarts de finale de la Coupe du monde, mardi à Doha.

Walid Regragui se frappait la tête en courant rejoindre ses joueurs, partis comme des flèches fêter avec Achraf Hakimi, auteur du tir au but décisif. Le sélectionneur marocain n'en revenait pas, mais ses joueurs ont écrit une nouvelle page de l'histoire du football africain.

Les "Lions de l'Atlas" deviennent le quatrième quart de finaliste du continent, après le Cameroun (1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010), un exploit qui a fait rugir les travées du Stade Education City, à 90% marocaines pour ce premier Mondial dans le monde arabe.

Ils tenteront samedi (16h00) contre le Portugal, qui a écrasé la Suisse (6-1), de rallier le dernier carré, leurs prédécesseurs ayant tous échoué.

Premier pays d'Afrique à sortir des poules, en 1986, les Marocains ont fait mieux que la génération Badou Zaki-Merry Krimau, arrêtée par la RFA (1-0) au Mexique.

Trente-six ans après, le Maroc a beaucoup de nouveau héros à fêter.

D'abord le gardien Yassine Bounou, qui a stoppé les tirs de Carlos Soler et Sergio Busquets (Pablo Sarabia a frappé le premier sur le poteau).

"Extraordinaire" 

En cours de partie, "Bono", qui joue en Espagne depuis dix ans, a aussi boxé deux coup francs piégeux de Dani Olmo (55e, 90e+5). Lors du second, le gardien du Séville FC a déjoué la malédiction de 1986. Les Marocains avaient été battus par une frappe de Lothar Matthaüs (1-0) dans les dernières minutes.

Sofyan Amrabat est un autre symbole de cette défense qui n'a encaissé aucun but de ses adversaires au Mondial-2022. Le seul, les Marocains l'ont marqué contre leur camp, d'une déviation malheureuse de Nayef Aguerd contre le Canada (2-1).

Le milieu défensif au crâne rasé a tenu le mur rouge pendant 120 minutes et plus, taclant, récupérant, relançant, commandant...

Hakimi, auteur du tir au but vainqueur contre le pays de sa naissance, a aussi livré un énorme match, parfaitement préparé par Regragui. "Grand bravo aux joueurs, a remercié le coach. Ils ont fait quelque chose d’extraordinaire, dans la débauche d'énergie, dans l'envie."

Mais le Maroc aurait pu compter ses héros malheureux.

Mille passes et mille penalties 

Walid Cheddira, qui a remplacé en pointe un Youssef En-Nesyri essoré (82e), a mal joué ses balles de break (86e, 104e, 114e).

Badr Benoun, entré à la dernière minute pour frapper est le seul à avoir manqué son tir au but. Il a fondu en larmes quand Busquets, derrière lui, a encore raté, relativisant son échec.

Les Espagnols n'ont jamais marqué, pas même aux tirs au but, comme la Suisse en 2006 contre l'Ukraine (0-0, 3 t.a.b. à 0). Leur entraîneur Luis Enrique avait pourtant exigé que ses joueurs arrivent en sélection "avec au moins mille pénaltys tirés" en club.

L'exercice ne leur réussit guère en Coupe du monde, ils sont battus aux "pénos" pour la quatrième fois, après la Belgique en 1986, la Corée du Sud en 2002 et la Russie en 2018.

Ils n'ont gagné qu'une séance sur cinq, en 2002 contre l'Irlande, en huitième de finale.

Le pourtant très expérimenté Busquets s'est manqué pour la deuxième fois, il en avait déjà raté un contre la Suisse en quarts de finale du dernier Euro, sans dommages puisque l'Espagne était passée.

À l'Euro elle a remporté une fois sur deux la séance, contre la Suisse, donc, et le Portugal en 2012, pour deux échecs contre l'Angleterre (1996) et l'Italie (2021).

Mais l'Espagne aurait pu s'épargner ces tirs au but qui lui réussissent si peu.

Avec son jeu des mille passes, elle n'a pas cadré un seul tir en première période. Si elle a cogné plus fort, elle a toujours croisé une brique rouge.

"Ça ne sert à rien de dire que nous les avons dominés", a regretté le gardien espagnol Unai Simon.

Sarabia a bien cru trouver la faille quand sa frappe a heurté l'extérieur du poteau à la dernière seconde (120e+3). Mais le vent de l'histoire soufflait pour le Maroc. (AFP)

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