Pour les beaux yeux de Poutine – Par Seddik Maâninou

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Le président français Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune maitres es baisers de l’araignée

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Des Ages et des hommages - Par Seddik MAANINOU

Après des siècles d’occupation turque, des décennies de colonisation française et soixante ans d’un pouvoir militaire violent et attardé, voilà l'Algérie des "martyrs" qui demande de nouveau une protection étrangère... " La préservation de notre indépendance s’est toujours faite avec l’aide forte de la Russie amie pour nous armer et défendre notre liberté...", a dit le président algérien à celui qui est plus que son homologue russe, Vladimir Poutine.

Après plusieurs reports, il était prévu que le président algérien effectue une visite officielle en France à la mi-juin... Mais au lieu de Paris, Tebboune s'est rendu à Moscou, confiant avoir été l’objet « de pressions internationales, restées sans influence sur l’amitié avec la Russie. » C'était un message clair à l'Amérique et à la France et un alignement franc aux côtés de Poutine.

Des sources proches des coulisses de la rencontre rapportent que la Russie a conditionné l'accueil du président algérien à "l'annonce officielle du soutien de la Russie dans sa guerre féroce contre l'Occident en Ukraine, à la signature de nouvelles commandes d'armes et au payement sans délai des dettes en milliards de dollars". Il était visible que le Kremlin "n'était pas content de la tentative d’Alger de jouer de son amitié avec la France et plus généralement de complaire à l’Occident... Les Russes ont menacé sans ambages que Moscou pourrait être contraint, en raison des circonstances de la guerre, d’arrêter l’exportation des munitions et des pièces de rechange pour les armes russes utilisées par l'armée algérienne.

Les militaires algériens ont capté nettement le message et ont décidé d'annuler la visite de Tebboune à Paris, n’hésitant pas à manifester leur hostilité à la France en réintroduisant dans l'hymne national un passage houspillant l’ancien colonisateur. Par voie de presse, ils ont même accusé Paris de tenir une réunion secrète à Tel Aviv, incluant le Maroc, Israël et la France, dans le but de déstabiliser certaines régions algériennes... Abdelmadjid Tebboune, obéissant et docile, a ensuite pris la direction de Moscou où il a dû prendre son mal en patience avant de rencontrer Poutine, deux jours après son débarquement dans la capitale russe, pour renouveler l’allégeance et la volonté d’aller au-devant des désirs du Kremlin.

Dans un discours repris par les médias algériens, Tebboune a déclaré : "Notre relation avec vous n’a pas changé. Elle dépasse les soixante années et l'Algérie reste fidèle à cette amitié". Il a ajouté avec insistance : "Nous sommes face à une situation très troublée, c'est pourquoi nous voulons accélérer notre entrée dans les BRICS afin d’intégrer un système alternatif au dollar et à l'euro." Pour amadouer davantage Poutine, il a admis publiquement soutenir ‘’la présence militaire russe au Mali’’, apportant le même soutien aux menées russes en Libye. Cet aplatissement devant Poutine devrait lui assurer dans son esprit plus de chances d'intégrer les BRICS.

Les observateurs ont suivi avec étonnement le discours improvisé du président algérien, qui semblait troublé et maladroit, tel un élève lors d'un oral devant un professeur strict et cruel. Par conséquent, les questions se sont multipliées sur cette capitulation en direct... L'Algérie va-t-elle devenir ouvertement une base militaire et de renseignement russe... ? La réponse est simple, comme elle ressort du discours de Tebboune lors du Forum économique de Saint Petersburg, où il a dit... "Nous faciliterons votre entrée et vos intérêts en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe"... Tebboune offre ainsi l’Algérie en marche pied des intérêts russes en échange de ce qu'il a demandé lorsqu'il a dit... "Protéger notre indépendance nécessite une aide forte de la Russie amie pour nous armer et défendre notre liberté...".

Reste une autre hypothèse. Celle qu'un des analystes n’a pas hésité à avancer en n'écartant pas l’idée que Macron ne voit en Tebboune qu'un "cobaye", voire une "taupe" qu’il manipule pour tromper Poutine et lui faire croire qu'il n'est pas encerclé...

C’est compter sans les Américains qui donnent le tempo de la guerre en Ukraine, travaillant d’arrache-pied à l’affaiblissement de l'armée russe, à l’amoindrissement de l'importance de la Russie et au renversement Poutine, qualifié par le président Biden de "criminel de guerre". Les États-Unis voient dans la visite de Tebboune un soutien à l'agression russe en Ukraine et estiment par conséquent nécessaire de punir sévèrement la Russie et de condamner ceux qui se rangent à ses côtés. Les Américains, ne considèrent-ils pas toute velléité de dédolarisation comme un casus belli. 

C'est pourquoi un certain nombre d'analystes politiques se demandent si l'armée algérienne qui, au plan intérieur, réprime les libertés, remplit les prisons, embrigade les médias et accumule les troupes, n’a pas perdu le nord ? Ont-ils mis en péril l'avenir du pays en transformant l'Algérie en base militaire étrangère ? Et parmi les questions... Qu'a gagné l'Algérie ? Et quelles sont les conséquences de cet aventurisme qui pourrait ressembler à un suicide pour les relations internationales de l'Algérie ?

Cependant qu’à Macron, ne reste que la nostalgie des bises qu’il faisait à Tebboune, et le souvenir amer d’un ‘’poulain’’ sur lequel il a misé et qui, pour les beaux yeux de Poutine, l’a roulé dans la farine, lui, le maitre es déloyauté. 

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