Maroc- France : Vous avez dit confiance ? Par Samir Belahsen

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L’ambassadeur de France à Rabat, Christophe Lecourtier

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À la veille de la fête nationale de son pays, l’ambassadeur de France à Rabat, Christophe Lecourtier, a accordé un entretien au journal L’Economiste. Ailleurs que dans ce média, cette interview sur mesure aurait été surprenante. Cela donne une idée sur l’étendue de la présence française au Royaume. Mais, pour combien de temps encore ? Globalement, Lecourtier est dans son rôle d’intermédiaire tenu à un discours lénifiant : tout est bien dans les meilleures des relations et le meilleur est devant nous. Au point d’étonner L’Economiste qui titre : ‘’Vous avez dit Crise ?’’ Le sentiment antifrançais ? Où l’avez-vous vu ?, répond en substance l’ambassadeur. Ce sentiment, il le réduit à un discours porté par les réseaux sociaux (encore eux) et quelques journalistes, forcément. Il est aussi alimenté, le contraire aurait paru étrange, par des intérêts malsains de puissances étrangères au continent africain. En somme, nous sommes, autant que nous sommes, manipulés, intoxiqués, sans discernement et sans volonté propre. La France, on ne s’en rend pas compte, est le meilleur (vous l’aurez remarqué, on est à l’heure des superlatifs) des partenaires du Maroc et de l’Afrique. À peine si ce diplomate de bonne volonté ne nous dit pas que son pays est perdant dans cette relation et que l’on devrait être éternellement reconnaissant à la France éternelle. Il omet seulement que c’est précisément en raison de l’importance, de la substance et de la consistance de ces relations que Rabat en est venu à l’exigence. Libre, toutefois, à M. Lecourtier de dormir sur ses lauriers, de regarder la relation maroco-française à travers ses seuls prismes et de n’écouter et n’entendre que les voix qui le confortent. Mais peut-être serait-il utile aussi qu’un responsable marocain au fait des dossiers et de tous les chiffres lui réponde. En attendant, Samir Belahsen a choisi de faire confiance à la confiance prônée par l’ambassadeur qui reprend à son compte le propos de Mohamed Zidouh, président du groupe d’amitié Maroc-France à la Chambre des conseillers. Dans cette chronique, M. Belahsen en définit le sens et les conditions. Naïm Kamal

 

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Le Larousse définit la confiance comme le « Sentiment de quelqu'un qui se fie entièrement à quelqu'un d'autre, à quelque chose : notre amitié est fondée sur une confiance réciproque. »

Faire confiance, c'est se sentir en sécurité dans la relation. Faire confiance à une personne, c'est aussi s'attendre à ce que ses comportements envers nous soient bienveillants et restent prévisibles. On est dans l'hypothèse que la personne agira comme on l'attend, on peut prédire ses comportements. 

Pour les psychologues c’est « un état psychologique se caractérisant par l'intention d'accepter la vulnérabilité sur la base de croyances optimistes sur les intentions (ou le comportement) d'autrui ». 

Ainsi, cette notion renvoie à l’idée que l’on peut se fier à quelqu’un ou à quelque chose. 

D’ailleurs, dans l’étymologie, le verbe confier signifie bien qu’on remet quelque chose de précieux à quelqu’un, en se fiant à lui, à ses intentions et en s’abandonnant ainsi à sa bienveillance et à sa bonne foi. 

La confiance appelle et rappelle à la fois l'espoir, la foi, la fidélité, le respect, la confidence, le crédit et la croyance. 

Dans les religions monothéistes, la confiance est une vertu fondamentale...

Dans une longue interview, l’ambassadeur de France au Maroc a fait appel à cette notion en se référant aux propos de Mohammed Zidouh, président du groupe d’amitié Maroc- France à la chambre des conseillers : « Il faut donner un nouvel élan à la relation bilatérale et faire prévaloir LA CONFIANCE. » 

Le rappel sélectif des faits et des flux devient donc un peu secondaire. C’est une évidence que les échanges actuels entre les deux pays sont bénéfiques pour les deux partenaires. Des opportunités stratégiques existent, elles sont énormément intéressantes pour les deux pays. 

J’aurais aimé un focus sur le rétablissement de la confiance, c’est le rôle premier du politique.

Comment rétablir la confiance ?

Le rétablissement de la confiance entre deux États après une crise est un processus aussi délicat que complexe. Pour favoriser cette démarche osons quelques suggestions générales :

- Le geste d’apaisement : dans notre cas, une phrase peut suffire ;

- Dialogue ouvert et sincère : il est essentiel que les dirigeants des deux États s'engagent dans un dialogue ouvert et sincère pour discuter des problèmes à l'origine de la crise. Cela peut impliquer des rencontres diplomatiques, des pourparlers informels ou même des réunions au plus haut niveau.

- Écoute active : les deux parties doivent s'écouter attentivement et prendre en compte les préoccupations, les intérêts et les perspectives de l'autre partie. Une écoute active favorise une meilleure compréhension mutuelle et peut contribuer à réduire les malentendus et les incompréhensions (pour reprendre les termes de Monsieur l’ambassadeur). L’écoute de l’autre partie ne suffit pas, il convient d’être à l’écoute du monde et de son évolution.

- Diplomatie préventive : pour éviter de futures crises, il est important de promouvoir la diplomatie préventive et la résolution pacifique des conflits. Cela peut impliquer la mise en place de mécanismes de médiation, de négociation et de dialogue réguliers pour résoudre les différends avant qu'ils ne s'aggravent. Il convient surtout d’éviter de reproduire « les incompréhensions ».

- Le respect des accords existants : il est essentiel de les respecter et de les mettre en œuvre de manière transparente. Le respect mutuel des engagements pris renforce la confiance entre les deux États.

- Coopération sur des problématiques communes : travailler ensemble sur des questions d'intérêt mutuel peut contribuer à renforcer la confiance. Cela peut inclure des domaines tels que le commerce, l'environnement, la sécurité régionale ou la lutte contre le terrorisme. La coopération dans ces domaines peut aider à construire des relations positives et à favoriser la compréhension mutuelle.

- Renforcement des échanges culturels et humains : les échanges culturels, les visites officielles et les interactions entre les citoyens des deux États peuvent jouer un rôle important dans la création de liens personnels et la promotion de la compréhension mutuelle. Cela peut aider à briser les stéréotypes et à renforcer les relations à long terme.

- Transparence et confiance mutuelle : les deux États doivent travailler à établir un niveau de transparence suffisant pour générer une confiance mutuelle. Cela peut inclure le partage d'informations pertinentes et la démonstration d'intentions claires dans le respect des engagements pris.

Il est important de noter que chaque crise est unique, et les mesures spécifiques à prendre peuvent varier en fonction du contexte. Je ne prétends point en maîtriser tous les tenants et aboutissants. 

La patience, la persévérance, l’humilité et la volonté de compromis sont nécessaires pour rétablir la confiance entre deux États après une crise.

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