Le fiasco… par Samir Belahsen

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Avec le cynisme et à force de prendre le reste du monde d’en haut, le dictateur finit par se croire chargé d’une mission divine…

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“ Tout ordre qui élimine l'esthétique comme langue et la séduction comme parole implique inévitablement la dictature. ”

                                               Jacques Attali / Les Trois Mondes

“Un peuple et un État, par la faute d’un individu incompétent et d’un régime qui dysfonctionne à tous les étages, se mettent lentement à agoniser. ”

                                          Moncef Marzouki /La démocratie interdite

En science politique, on appelle « dictature » un régime dans lequel une personne (dictateur), ou un groupe de personnes, disposant d'un pouvoir absolu, s'y maintien de manière autoritaire et l'exerce de façon arbitraire.

Les démocraties sont critiquables parce qu'elles admettent la fatalité des dictatures. L’expérience Tunisienne l’est forcément, 

Certains Tunisiens ont critiqué leur expérience démocratique des dix années au point d’admettre sinon de souhaiter un retour à la dictature, ils voulaient revenir aux années Ben Ali ou encore mieux aux années Bourguiba. L'Histoire a prouvé que l'utopie était souvent mère des dictatures. 

Avec le cynisme et à force de prendre le reste du monde d’en haut, le dictateur finit par se croire chargé d’une mission divine… 

L’abstention record de plus de 88%, aux élections législatives du 17 Décembre est un camouflet cinglant pour le président Kaïs Saïed, que beaucoup appellent déjà à partir .

Si l’échec au niveau économique ( inflation, chômage, pénuries de lait, de sucre, et de riz) l’avait affaibli, son obstination à imposer son schéma  constitutionnel n’a convaincu personne. 

Son allergie aux partis politiques et au dialogue en général a fini par le délégitimer aux yeux de 9 électeurs sur 10.

Ces élections avaient été convoquées à la suite de la crise politique de 2021. Des mesures exceptionnelles ont été mises en place par le président de la République Kaïs Saïed pour rassembler tous les pouvoirs et museler la justice et l’opposition.

Le désaveu déclaré 

Usant et abusant de l’article 80 de la constitution, Kaïs Saïed avait le 25 juillet 2021gelé le Parlement et limogé le premier ministre. Puis dans sa lancée, il a fait voter une nouvelle constitution et décrété une nouvelle loi électorale. 

Le très faible score pour le référendum sur la Constitution cet été 30,5% était déjà une alerte. 

Un régime ultra présidentiel est instauré avec un parlement bicaméral. L'Assemblée des représentants du peuple est élue au suffrage universel, alors que l'Assemblée nationale des régions et des districts est élue au suffrage indirect par les conseils régionaux.

Premières victimes de la nouvelle loi électorale : les femmes. 

La nouvelle loi supprime les mécanismes relatifs à la parité hommes-femmes qui visaient à garantir une représentation égale des hommes et des femmes dans les assemblées élues de Tunisie, alors que la constitution défend ce principe.

Les Tunisiens en avaient assez des gesticulations des principaux partis politiques, ils ont en majorité espéré qu’un régime présidentiel pourrait mieux faire. Ils ont accepté ou du moins toléré l’aventure présidentielle, là ils la désavouent.

Le problème aujourd’hui c’est qu’il n’y a pas d’issue évidente, le texte constitutionnel ne prévoit aucune possibilité pour destituer le Président de la république.   

Le Fonds monétaire international vient de reporter à début janvier son accord définitif sur un nouveau prêt de 2 milliards de dollars, demandé par la Tunisie. Avec le niveau des réserves en devises et les échéances de la dette, on est en droit de nous inquiéter. 

Les puissances étrangères donnent l’impression de regarder ailleurs. A part un soutien timide et intéressé du voisin Algérien, le président Tunisien a plutôt inspiré la méfiance par ses déclarations maladroites et ses gestes souvent mal inspirés. 

L’opposition Tunisienne reste trop faible, décrédibilisée et trop divisée pour profiter de ce désaveu. Pourra-t-elle se rassembler pour proposer aux Tunisiens un horizon politique démocratique et un sauvetage économique… ?

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