Violences et fusillades entre bandes rivales accroissent le sentiment d’insécurité plane sur Bruxelles

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Les règlements de compte et la lutte pour le territoire entre les trafiquants de drogue et les bandes organisées, provoquant une hausse des incidents violents et des tirs aux armes à feu.

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Par Ibrahim El Jemli (MAP)

Bruxelles - Les incidents de violence et de tirs aux armes à feu se multiplient ces dernières semaines à Bruxelles et avec eux se propage un sentiment d’insécurité auprès de ses habitants et visiteurs, poussant les autorités à réagir pour lutter contre ce phénomène qui menace la réputation et l’attractivité de la capitale européenne.

Cette inquiétude se reflète dans les résultats d’un récent sondage de l’Institut Ipsos, selon lequel les deux tiers des Bruxellois (66%) se sentent moins en sécurité dans leur ville et 58% des Belges éprouvent le même sentiment lorsqu’ils se rendent dans la capitale.

Ces pourcentages sont en hausse en raison de “la multiplication des faits de violences liées à la drogue”, relève l’enquête d’opinion, notant que 21 incidents de tirs ont été enregistrés jusqu’à présent en 2024 à Bruxelles.

Pour faire face à cette situation, le gouvernement fédéral belge a annoncé, la semaine dernière à l’issue d’une réunion du Conseil national de sécurité (CNS), un plan d’action pour contrer l’augmentation des actes de violence liés au trafic de drogues à Bruxelles.

Ce plan d’action s’appuie sur une "approche intégrée" des différents services de police et de la justice à Bruxelles, une action plus ciblée sur différents ‘’points chauds’’ de trafic de drogue et une meilleure coordination entre les différentes zones de police de la capitale.

"L’objectif est que tout deal de stupéfiants fasse l’objet de poursuites", a déclaré le ministre fédéral de la Justice, Paul Van Tigchelt, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du CNS.

Les derniers faits de violence enregistrés dans ce cadre à Bruxelles ont eu lieu le weekend dernier, lorsqu’une personne a été tuée et une autre blessée dans deux fusillades survenues respectivement dans les communes de Laeken et de Saint-Josse-ten-Noode, en région bruxelloise.

Même si le bourgmestre de la ville de Bruxelles, Philippe Close, a affirmé que les faits de violence commis à Laeken ne sont pas liés au milieu de la drogue, mais plutôt à de “l’escroquerie financière”, il n’en reste pas moins que cet incident vient s’ajouter à une longue liste de violences similaires, qui traduisent une recrudescence de la criminalité et de l’insécurité.

En cause, les règlements de compte et la lutte pour le territoire entre les trafiquants de drogue et les bandes organisées, provoquant une hausse des incidents violents et des tirs aux armes à feu.

A cet égard, David Leisterh, chef de groupe du parti libéral Mouvement Réformateur (MR) au Parlement bruxellois, a suggéré, dans un entretien avec la chaîne locale BX1, le déploiement des forces de l’armée dans les rues de la capitale pour contribuer à la lutte contre ce fléau.

Selon lui, il faut commencer à prendre des mesures similaires à celles déjà prises à Anvers (nord). “Je pense qu’il faut aller un pas plus loin, avec le corps de sécurisation (police fédérale, ndlr) et, pourquoi pas, l’armée“, a-t-il plaidé, soulignant qu’“on ne peut pas laisser les gens vivre dans une telle terreur.”

Une idée également soutenue par le président du parti, Georges-Louis Bouchez, mais qui n’a finalement pas été retenue par le gouvernement fédéral comme solution pour faire face à ce problème.

D’ailleurs, la région de Bruxelles-Capitale avait déjà annoncé à la mi-mars un plan de lutte contre le trafic de drogue et la violence qui en résulte, basé sur une meilleure coordination entre les forces de police dans les différents quartiers et les points chauds, mais sans prévoir de mobiliser des moyens supplémentaires.

Le ministre-président de Bruxelles-Capitale, Rudi Vervoort, mise ainsi sur une nouvelle stratégie de l’unité de sécurité “Safe.Brussels” pour traiter ce problème à l’échelle régionale, en appui aux différents plans d’action locaux menés au niveau des zones prioritaires de déploiement, dites "hotspots", les plus touchées par ces trafics.

Dans une interview à la chaîne Bel RTL, M. Vervoort, du Parti socialiste, a relevé que le trafic de drogue constitue un phénomène “complexe, puisqu’il s’agit d’un trafic à l’échelle internationale”. “On a affaire à un trafic qui s’est internationalisé avec des sommes d’argent colossales qui sont en jeu. C’est dire que le prix d’une vie ne compte plus”, a-t-il fait remarquer.

Les fusillades liées à ce trafic reflètent “une lutte pour occuper un territoire” entre “des bandes rivales qui règlent leurs comptes, comme on a connu dans d’autres villes”, a-t-il dit, notant que ce phénomène n’est pas propre à l’Europe occidentale mais existe partout dans le monde.

Devant cette situation, plusieurs comités de quartier ont exhorté les autorités locales et sécuritaires d’intervenir pour mettre fin à l’insécurité, notamment dans les communes et zones de Saint-Gilles, Saint-Josse-ten-Noode, Laeken, Bruxelles-Nord et Anderlecht.

A cet égard, le sondage d’Ipsos montre que 69 % des sondés réclament plus de policiers à Bruxelles, alors que 78 % des Belges veulent punir plus sévèrement les consommateurs de drogue.

“Les nombreuses fusillades de ces dernières semaines ont laissé des marques dans la capitale”, commente la presse belge, rappelant que l’année 2023 avait totalisé 108 incidents de ce genre, contre 85 en 2022.

Alors que les fusillades se poursuivent à intervalles réguliers, les autorités de Bruxelles, consciente du risque que constitue la multiplication des faits de violence et de la criminalité, mettent les bouchées doubles pour tenter de trouver la réponse adéquate à cette problématique afin de garantir la sûreté et la sécurité des habitants de la capitale européenne et de ses visiteurs.

 

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