Poursuite des frappes israéliennes à Gaza de jour et de nuit

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Le père de Mohammed al-Jundi pleure son fils, qui a été abattu près de Bethléem la veille, lors de ses funérailles dans le village de Yatta au sud d'Hébron en Cisjordanie occupée, le 29 décembre 2023. (Photo HAZEM BADER / AFP)

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L'armée israélienne poursuit ses bombardements massifs dans le sud de la bande de Gaza, au moment où une délégation du Hamas palestinien est attendue au Caire pour discuter d'un projet égyptien visant à mettre un terme progressif à la guerre dévastatrice.

Après une nouvelle nuit de bombardements meurtriers, qui se concentrent dans le centre et le sud de la bande de Gaza, des colonnes de fumée continuaient en matinée de s'élever dans le ciel de Rafah, à l'extrême sud du territoire assiégé, où ont trouvé refuge nombre d'habitants ayant fui les combats plus au nord.

"(Notre) appartement a été complètement détruit et mes filles criaient. Il y a eu plusieurs victimes (...), nous essayons de sortir les voisins des décombres", avait déclaré à l'AFP durant la nuit un habitant, Tayseer Abou Al-Eish.

Sur une vidéo de l'AFPTV, on pouvait voir, de nuit là aussi, des habitants accourir vers un hôpital de Rafah, des blessés --hommes, femmes et enfants-- dans les bras, parfois entourés de proches en pleurs. D'autres étaient transportés sur des brancards et pris en charge à même le sol par des infirmiers.

Ces derniers jours, outre les déplacés venus du nord et du centre du territoire, "au moins 100.000 personnes" ont rejoint Rafah du fait de l'intensification des opérations militaires israéliennes à Khan Younès (sud), selon le bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU (Ocha).

La guerre d’Israël contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie occupée, a fait au moins 21.807 tuées depuis le 7 octobre, dont plus de 9.000 enfants et 6.000 femmes.

"Cessez-le-feu total" -

L'armée israélienne a publié vendredi une nouvelle vidéo montrant des soldats échangeant des coups de feu, à couvert dans un fossé, dans un secteur non précisé de Gaza. On voit ensuite des soldats prendre possession d'un immeuble en ciment, après avoir vérifié qu'aucun ennemi ne se trouvait à l'intérieur.

D'après l'armée, 168 soldats israéliens sont morts dans la bande de Gaza depuis le début de l'offensive militaire terrestre.

Au 84e jour de la guerre, la campagne d’extérmination des Palestiniens se poursuit sans répit, une délégation du Hamas est attendue au Caire pour discuter d'un hypothétique plan égyptien devant aboutir à un cessez-le-feu.

"Nous espérons un cessez-le-feu total (...). Le peuple palestinien espère que la sécurité sera rétablie, afin de vivre en paix comme les autres nations du monde", a déclaré Aburahman al-Ghabris, un habitant de Rafah.

Jeudi soir, des centaines d'Israéliens, juifs et arabes, se sont rassemblés à Tel-Aviv, brandissant pancartes et banderoles en hébreu et arabe exhortant à un cessez-le-feu.

Doté de trois étapes, le plan égyptien prévoit des trêves renouvelables, des libérations échelonnées des détenus israéliens et de prisonniers palestiniens et, à terme, une cessation des hostilités.

"Réponse des factions palestiniennes" -

Au Caire, la délégation du Hamas doit transmettre "la réponse des factions palestiniennes". Elle "comporte plusieurs observations", notamment "sur les modalités des échanges prévus et le nombre de prisonniers palestiniens qui seront libérés, et sur l'obtention de garanties pour un retrait militaire israélien total" de Gaza, a affirmé à l'AFP un responsable du mouvement ayant requis l'anonymat.

"Nous sommes en contact (avec les médiateurs égyptiens) (...). Je ne peux pas fournir plus de détails. Nous travaillons à tous les ramener", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une rencontre jeudi à Tel-Aviv avec des proches des détenus.

En attendant une éventuelle avancée dans les pourparlers, les quelque 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, dont 85% ont dû fuir leur foyer selon l'ONU, continuent d'être confrontés à une situation humanitaire désastreuse.

"Extrêmement chers" 

Vendredi matin, un vendeur du marché de Rafah, Muntasser al-Shaer, 30 ans, s'est réjoui de l'arrivée sur ses étals, pour la première fois, "d'œufs et de quelques fruits" en provenance d'Egypte. Mais, pour le reste, "tous les types de fruits manquent, et s'il y a quelques sortes de légumes, ils sont extrêmement chers", a-t-il ajouté.

Israël a imposé un siège complet à la bande de Gaza depuis le 9 octobre, et l'aide humanitaire n'entre qu'au compte-goutte, après inspection, via le poste-frontière de Rafah.

Face à l'insuffisante criante de l'aide, les Gazaouis sont en "grand danger", a averti l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Vendredi, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa, a affirmé qu'un de ses convois d'aide avait été visé par des tirs de l'armée israélienne, sans faire de blessé. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué cyniquement "vérifier" l'information.

La guerre d’Israël contre les Palestiniens exacerbe en outre les tensions dans toute la région.

Vendredi matin, l'armée israélienne a de nouveau bombardé des positions du Hezbollah, dans le sud du Liban, à proximité de la frontière. La veille, elle avait fait état de nombreux tirs vers le nord de son territoire.

Ces derniers jours, l'Iran a menacé Israël, son ennemi juré, "d'actions directes" après la mort lundi, dans un tir de missile en Syrie imputé à Israël, de Razi Moussavi, un général des Gardiens de la Révolution. L’armée israélienne procède aussi régulièrement à des bombardement de la Syrie.

Autre front, le Yémen, d'où les rebelles Houthis, alliés de Téhéran, multiplient les tirs en direction de la mer Rouge pour freiner le trafic maritime international.

La marine américaine a dit jeudi avoir abattu un drone et un missile, dans la "22e tentative d'attaque" du genre des rebelles yéménites depuis mi-octobre. (Quid avec AFP)

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