Pas de répit à Gaza pilonnée par Israël

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Des morts, rien que des morts, une vue aérienne montre des corps enveloppés, tués lors d'une frappe israélienne sur le camp de réfugiés d'Al-Maghazi, lors de funérailles collectives à l'hôpital Al-Aqsa à Deir Al-Balah, dans le sud de la bande de Gaza, le 25 décembre 2023, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (Photo MAHMUD HAMS / AFP)

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L'armée israélienne continue à bombarder massivement lundi la bande de Gaza par air, mer et terre au 80e jour d'un conflit qui n'offre aucun répit aux civils palestiniens menacés de famine selon l'ONU, malgré des appels pressants à un cessez-le-feu.

Depuis le Vatican, le pape François a dénoncé dans son traditionnel message de Noël "la situation humanitaire désespérée" à Gaza, appelant une nouvelle fois à la libération des détenus israéliens et à un cessez-le-feu.

Après un weekend meurtrier, les frappes israéliennes se sont poursuivies lundi dès l'aube dans la bande de Gaza soumise à un blocus israélien depuis la prise de pouvoir du mouvement Hamas dans le territoire palestinien en 2007, ainsi qu'à un siège total depuis près de trois mois.

L'une d'elles, près du petit village d'Al-Zawaida (centre), a fait 12 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas. Une autre a fait au moins 18 morts à Khan Younès (sud).

La veille, au moins 70 personnes ont été tuées dans une frappe sur le camp de réfugiés d'al-Maghazi, toujours selon le Hamas. Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué que l'"incident" était en cours de "vérification".

Côté israélien, l'armée a annoncé la mort de deux nouveaux soldats, portant à 156 le nombre de ses pertes depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien le 27 octobre.

"Nous payons un très lourd tribut à la guerre, mais nous n'avons pas d'autre choix que de continuer à combattre", a martelé dimanche le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Près de 21.000 morts 

Les combattants palestiniens, ont aussi pris environ 250 personnes dont 129 restent détenues à Gaza, selon Israël.

Près de trois mois de bombardements israéliens dans le territoire palestinien surpeuplé ont près de 21.000 morts, dont près de 10.000 enfants et 6.000 femmes, adolescents.

Dans ce contexte, les Palestiniens n'ont pas eu le cœur aux célébrations de Noël. "Personne ne ressent l'esprit des fêtes", a soupiré auprès de l'AFP Fadi Sayegh, un chrétien palestinien qui a passé le réveillon coincé avec sa dialyse dans un hôpital de Khan Younès.

Sur le terrain, la situation est désespérée. Selon l'ONU, 1,9 million de personnes ont fui leur foyer, soit 85% de la population, dont beaucoup ont été déplacées plusieurs fois face à l'avancée des combats.

Désespérés et affamés

Dans le camp de réfugiés d'al-Maghazi visé par une frappe dimanche, Ziad Awad, un habitant rencontré par l'AFPTV laisse éclater sa colère: "L'armée israélienne n'épargne pas les civils', accuse-t-il, comparant la frappe à un "tremblement de terre".

"Que devons-nous faire ? Nous sommes des civils, nous vivons en paix, nous recherchons la sécurité. Pourtant, nous avons été soudainement frappés par des avions de guerre israéliens sans aucun avertissement", poursuit-il.

Malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution, timorée, réclamant l'acheminement "immédiat" et "à grande échelle" de l'aide humanitaire, celle-ci n'a pas connu d'augmentation significative et les habitants manquent de tout, Israël s’y opposant par tous les moyens.

L'ONU a prévenu par ailleurs que la plupart des hôpitaux sont hors service à Gaza et dans les six prochaines semaines et que l'ensemble de la population risque de subir un niveau élevé d'insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu'à la famine.

Samedi, une nouvelle mission dirigée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est rendue dans des hôpitaux de la ville de Gaza, permettant notamment la livraison de plus de 19.000 litres de fioul à l'hôpital al-Chifa, le plus grand du territoire palestinien, qui avait été assiégé par l'armée israélienne en novembre, a annoncé dimanche soir son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

L'un des convois d'aide humanitaire qui transportait de la nourriture a été arrêté et pris d'assaut par des personnes désespérées et affamées, a-t-il ajouté. A Rafah, la police du Hamas a tiré dimanche des coups de feu pour disperser une foule pillant des camions d'aide humanitaire, selon des images récupérées par l'AFP.

Actes de torture 

De leurs côtés, les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de négocier une nouvelle trêve, après une pause dans les combats de sept jours fin novembre, qui a permis la libération de 105 détenus israéliens et de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l'entrée à Gaza d'importants convois d'aide humanitaire.

Le chef du Jihad islamique, autre mouvement armé palestinien allié du Hamas, est arrivé dimanche au Caire pour des négociations.

Dans le cadre de ses opérations, l'armée israélienne indique arrêter des "individus soupçonnés d'être impliqués dans des activités terroristes". "Les personnes dont il s'avère qu'elles ne participent pas à des activités terroristes sont libérées", prétend-elle.

Mais des Palestiniens libérés ont affirmé à l'AFP avoir été torturés.

"Ils nous ont menotté les mains derrière le dos pendant deux jours. Nous n'avons pas eu à boire ou à manger, ni été autorisés à se servir des toilettes, juste des coups, des coups", a affirmé, Nayef Ali, 22 ans.

Le Hamas a appelé dimanche le Comité international de la Croix-Rouge à enquêter sur ces arrestations. (Quid avec AFP)

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