2023 particulièrement meurtrière pour les journalistes, le plus grand nombre à Gaza face à et des chiffres suspects pour en cacher l’ampleur

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Ce que l’on cherche à faire pour réduire l’hécatombe des journalistes à Gaza, c’est de différencier entre journalistes morts dans ‘’l’exercice de leur profession’’ et ceux tués chez eux sous un bombardement

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L’année 2023 a été particulièrement "meurtrière" pour les journalistes travaillant dans les zones de conflit, avec un nombre qui a presque doublé par rapport aux trois années précédentes, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), qualifiant cette hausse d’"alarmante".

Des chiffres contestés

"Le dernier trimestre de l’année totalise à lui seul 27 décès en zones de conflit, soit le trimestre le plus meurtrier depuis au moins 2007", indique un communiqué de l’Organisation, basée à Paris, précisant que 65 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur métier en 2023, contre 88 l’année précédente. Cette comptabilité parait biaisée.

Selon le Comité pour la protection des journalistes et la Fédération internationale des journalistes, plus de 60 professionnels des médias sont morts depuis le 7 octobre et le début de la guerre d’Israël contre les Palestiniens, ce qui en fait le conflit le plus meurtrier de l'histoire pour la profession. Plusieurs ONG dénoncent le fait que les journalistes seraient délibérément visés et demandent des comptes à l’armée israélienne.

D’après le bureau des médias du gouvernement à Gaza, cité par l’agence turque Anadolu, le nombre de journalistes tués "depuis le début de la guerre brutale" contre Gaza le 7 octobre, est passé à 97 suite à la mort du journaliste Adel Zorob, tué dans un bombardement visant sa maison familiale à Rafah, au sud de la bande de Gaza. 

Selon Reporters sans frontières (RSF), qui vient de publier son bilan, 45 journalistes ont été tués dans le monde en 2023. Un chiffre en baisse par rapport en 2022. Sur les réseaux sociaux, un autre chiffre comptabilise le nombre de journalistes tués à Gaza depuis le 7 octobre. Présente sur le plateau du 19/20 info, jeudi 14 décembre, Julie Calderon, journaliste à la cellule "vrai ou faux" de franceinfo, explique qu'un tweet remet en question le bilan de RSF. "87 journalistes palestiniens ont été tués depuis octobre 2023 dans le cadre du génocide en cours à Gaza. Pourquoi ne sont-ils pas inclus ?", interroge ce tweet.
Une différence dans les critères retenus

"Ce chiffre de 87 journalistes tués à Gaza en l'espace de deux mois provient du Syndicat des journalistes palestiniens. Et ça suffit pour le mettre en doute ? Il comptabilise non seulement les journalistes morts sur le terrain, mais ceux également morts durant les bombardements, dans leurs maisons auprès de leurs familles", indique Julie Calderon. " Ceux qui contredisent cette explication, avancent que les maisons de ces journalistes ont été ciblées par les bombardements israéliens en raison précisément de leur appartenance à des journalistes palestiniens. 

Quoi qu’il en soit, on assiste à une forte hausse du nombre de journalistes tués en zones de conflit. C’est pourtant dans ce type de situation que le travail des journalistes est le plus crucial", pointe, lundi, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, citée dans le communiqué, à l’occasion d’un bilan annuel du nombre de journalistes tués.

"Je rends hommage à tous ces professionnels des médias et réitère mon appel à tous les acteurs concernés pour qu’ils mobilisent les moyens nécessaires à garantir la protection des journalistes en tant que civils, comme le stipule le Droit international", ajoute-t-elle.

De nombreuses autres menaces telles que des agressions physiques, des détentions, la confiscation de matériel ou l’interdiction d’accès aux sites de reportage ont été proférées. Un grand nombre de journalistes a également fui ou cessé de travailler.

Ce climat favorise l’émergence de ce que l’UNESCO qualifie de "zones de silence" dans de nombreux pays en conflit, avec de graves conséquences pour l’accès à l’information, tant pour les populations locales que pour le reste du monde, souligne la même source.

Cette tendance "inquiétante" survient en dépit d’une diminution notable du nombre total de meurtres de journalistes dans le monde par rapport à l’année dernière. "Cette évolution mondiale s’explique par une baisse significative des meurtres en dehors des zones de conflit, qui ont atteint leur niveau le plus bas depuis au moins quinze ans, en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes, où 15 meurtres ont été signalés, contre 43 en 2022", explique l’organisation onusienne.

 

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