Afrique du sud: les manifestations estudiantines, le signe d’un profond malaise social

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Ces manifestations rappellent celles qui ont ébranlé le pays l’année dernière

Les manifestations qui secouent depuis la semaine dernière plusieurs universités sud-africaines ont ressuscité le débat sur la trajectoire d’avenir de ce pays toujours plongé dans des disparités sociales têtues.

Au-delà des revendications d’une simple annulation de l’augmentation des frais, l’actuel mouvement de protestation, qui a conduit à la fermeture des universités, traduit l’image générale d’une Afrique du sud toujours fracturée car incapable de se défaire de ces anciens démons, en particulier ces disparités sociales toujours frappantes et un chômage qui plombe 27 % de la population active.

Les manifestations, organisées sous la bannière du mouvement #FeesMustFall, ont éclaté la semaine dernière suite à la décision du gouvernement d’augmenter de 8 % les frais universitaires.

La décision a été qualifiée d’injuste, car elle pénalise les étudiants noirs, en majorité issus de familles pauvres.

Ces manifestations rappellent celles qui ont ébranlé le pays l’année dernière. Les violences lors de ces manifestations étaient d’une telle intensité qu’elles ont contraints les autorités à annuler la hausse des frais universitaires.

Selon des activistes de la société civile, le problème ne réside pas dans une simple question d’augmentation des frais. 

Les universités font partie d’un système en faillite et incapable d’apporter les solutions appropriées aux problèmes du pays, argumentent-ils.

En effet, l’image des inégalités persistantes dans le pays plus de 20 ans après la fin du régime de la ségrégation raciale est fortement présente parmi les activistes du mouvement #FeesMustFall.

Le manifeste du mouvement appelle à ce que les initiateurs du mouvement qualifient de «décolonisation» des universités, l’élimination des symboles de l’oppression et du colonialisme et la révision des programmes d’enseignement pour inclure la pensée d’intellectuels noirs.

Les initiateurs du mouvement ne sont pas prêts à faire des concessions sur ces revendications, en dépit de l’intention exprimée par le gouvernement d’étudier la possibilité d’octroyer des aides aux étudiants pauvres.

«L’année dernière nous avons réussi à mobiliser et unir les jeunes pour faire bouger un système injuste et rigide», indique le conseil des étudiants de l’université de Wits (Johannesburg) dans un communiqué publié sur sa page Facebook.

«Nous avons la responsabilité d’aller au-delà de la simple question de faire bouger le système. Nous voulons un enseignement universitaire gratuit», ajoute le conseil.

«Pour les étudiants, l’annulation des frais fait désormais partie d’une lutte plus large», indique William Gumede, professeur à l’université de Wits, ajoutant que les actuelles manifestations sont devenues symboliques pour ces étudiants qui veulent une profonde révolution capable de baliser le chemin pour une société réellement égalitaire.

La hausse des frais universitaires cache une situation d’une grande complexité, explique Lorenzo Fioramonti, professeur à l’université de Pretoria et directeur du centre des études sur la gouvernance.

L’enseignement est devenu une sorte de Kaléidoscope dans un débat profond sur notre identité et notre trajectoire d’avenir, estime le chercheur. 

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