Insolite : Les ancêtres des mammifères sont devenus à sang chaud plus tard qu'estimé

5437685854_d630fceaff_b-

Ils seraient devenus endothermes, c'est-à-dire à sang chaud, et non plus froid comme le sont restés les reptiles, il y a environ 252 millions d'années.

1
Partager :

 

Les ancêtres des mammifères sont devenus à sang chaud quelque vingt millions d'années plus tard qu'estimé auparavant, selon une étude de chercheurs qui ont analysé des fossiles d'oreille interne pour résoudre "un des plus grands mystères de la paléontologie".

Le moment de cette transition, vers une caractéristique essentielle des mammifères, reste sujet à débat. Ils seraient devenus endothermes, c'est-à-dire à sang chaud, et non plus froid comme le sont restés les reptiles, il y a environ 252 millions d'années. A l'époque d'une des grandes extinctions d'espèces, au Permien.

"Le problème est qu'on ne peut pas juste mettre un thermomètre dans un fossile, on ne peut pas connaître sa température corporelle", dit Ricardo Araujo, de l'Université de Lisbonne, un des auteurs de l'étude parue dans Nature.

Les chercheurs ont contourné le problème par l'examen des canaux semi-circulaires des fossiles d'oreille interne de 56 espèces de mammifères disparus.

L'oreille interne, qui sert à maintenir l'équilibre, est parcourue par un fluide, dont les chercheurs ont constaté que sa température s'élevait de concert avec celle du corps de l'animal. Avec pour conséquence de rendre ce fluide plus liquide.

Ricardo Araujo illustre la chose en la comparant à l'huile d'une friteuse, "très visqueuse et très dense" avant d'être chauffée, et qui après "coule beaucoup plus facilement", explique-t-il à l'AFP.

Dans le cas de l'oreille interne, cette fluidité a conduit à des canaux semi-circulaires plus fins, dont l'évolution de la taille en fonction de celle du corps a été modélisée. Avec la conclusion que le passage à un système à sang chaud est intervenu il y a 233 millions d'années.

Un modèle fonctionnant pour tous les mammifères, humain compris, qui "permet de regarder votre oreille interne et vous dire à quel point vous êtes à sang chaud", explique à l'AFP le principal auteur de l'étude, Romain David, du Muséum d'histoire naturelle à Londres.

S'affranchir des aléas climatiques 

Le modèle "paraît bien fonctionner pour un large éventail de vertébrés contemporains", dit Michael Benton, paléontologue de l'Université de Bristol, qui n'a pas participé à l'étude.

"Il ne fournit pas simplement une réponse du genre oui/non, mais détermine le « degré » d'endothermie en termes de température corporelle de référence", souligne-t-il

M. Benton, dont la recherche avait précédemment déterminé l'apparition de mammifères à sang chaud il y a 252 millions d'années, affirme que cette transition s'était effectuée par étapes. Avec des "avancées significatives" précédant le changement d'architecture de l'oreille interne.

En revanche pour M. Araujo, la transition vers un système à sang chaud est intervenue "très rapidement en termes géologiques, moins d'un million d'années", avance-t-il, en excluant "un processus lent et graduel sur des dizaines de millions d'années, comme on l'a pensé auparavant".

Un autre argument contre une transition il y a 252 millions d'années est qu'à l'époque, les températures très élevées, autour de 31 degrés Celsius, n'auraient pas fourni un avantage à des animaux à sang chaud. En revanche ils auraient profité de la baisse des températures qui a suivi, sur des millions d'années.

"Le fait d'être un endotherme permet de s'affranchir plus facilement des aléas climatiques, de courir plus vite, plus longtemps, d'explorer de nouveaux habitats, d'explorer la nuit et les régions polaires, de faire de longues migrations", selon M. Araujo.

Autant de choses qui ont façonné ce qu'est un mammifère "et aussi, au bout du compte, ce que serait un être humain", résume le chercheur. (AFP)