L'OMS lève l'alerte maximale sur la pandémie de Covid-19, Un tournant, pas la fin

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Sur cette photo prise le 6 avril 2020, des corps sont déplacés vers un camion frigorifique servant de morgue temporaire à l'hôpital Wyckoff, dans le quartier de Brooklyn, à New York. La pandémie de Covid-19 qui, depuis plus de trois ans, a tué des millions de personnes, causé des ravages économiques et creusé les inégalités, ne constitue plus une urgence sanitaire mondiale, a déclaré l'OMS le 5 mai 2023. (Photo by Bryan R. Smith / AFP)

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L'Organisation mondiale de la santé a levé vendredi son plus haut niveau d'alerte sur la pandémie de Covid-19, estimant qu'elle était désormais suffisamment sous contrôle.

"C'est avec beaucoup d'espoir que je déclare que le Covid-19 n'est plus une urgence sanitaire de portée internationale", a affirmé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, estimant que la pandémie avait fait "au moins 20 millions" de morts, presque trois fois plus que le bilan officiel de son organisation.

Un tournant, pas la fin

Après trois ans de pandémie liée au Sars-CoV2, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) marque un tournant symbolique en levant son niveau d'alerte maximal. Mais cela ne sonne pas pour autant la fin du Covid.

Transformation, pas disparition -

Plus de trois ans après son apparition, le virus à l'origine du Covid-19 circule encore à travers le monde, porté depuis des mois par plusieurs sous-variants d'Omicron.

Mais, au fil du temps et des vagues, sa répercussion sur les hospitalisations et les décès s'est fortement amenuisée, grâce au niveau élevé d'immunité acquise par la vaccination et/ou les infections.

Scénario désormais privilégié par nombre d'experts: le virus va continuer à circuler mais devenir progressivement "endémique", avec des résurgences régulières, un peu à l'image de la grippe saisonnière.

L'OMS s'attend ainsi à ce que le Covid passe à une phase de faible incidence, avec des pics potentiels, notamment aux saisons où l'on vit plus à l'intérieur.

Certains scientifiques n'écartent cependant pas le risque d'émergence de nouveaux variants plus virulents ou échappant à l'immunité qui pourraient causer une mortalité significative.

D'où l'importance, selon l'OMS, de surveiller pour détecter ces variants à temps, d'améliorer l'accès aux vaccins et traitements, mais aussi de lutter contre la désinformation.

Dans tous les cas, le virus lui-même ne disparaîtra pas. Il "rejoindra le panthéon des virus respiratoires, comme les virus de la grippe", comme l'a pronostiqué mi-avril le Dr Michael Ryan, chargé du programme OMS de gestion des situations d'urgence sanitaire.

Et l'éradication du Covid semble peu probable: la maladie passe parfois inaperçue, elle a un réservoir animal et le vaccin ne protège pas indéfiniment.

Vaccins

Outil clef dans la lutte contre la pandémie, la vaccination a été massive depuis la mise au point, extraordinairement rapide, de sérums.

Plus de 13 milliards de doses ont été administrées dans le monde, mais avec un accès toujours très inégalitaire entre pays pauvres et riches.

Si les vaccins protègent toujours bien contre les formes graves de la maladie, ils n'empêchent pas de transmettre le Covid et leur efficacité s'érode avec le temps.

Des doses de rappel restent recommandées, au moins pour les plus vulnérables, et sont possibles désormais avec des vaccins ciblant plusieurs variants. Faudra-t-il une injection annuelle à l'avenir? La question reste ouverte.

La quête de vaccins agissant plus longtemps et plus puissamment contre l'infection et la transmission continue. De nouvelles méthodes d'administration (nasale, orale, cutanée) sont aussi à l'étude.

Côté traitements, la pharmacie s'est réduite depuis la prédominance d'Omicron: quelques antiviraux directs et un anticorps monoclonal.

La prévention, par exemple pour améliorer la qualité de l'air intérieur, reste très insuffisante pour lutter, au-delà du Covid, contre de multiples maladies transmises par des aérosols, jugent plusieurs spécialistes.

Covid long

Fatigue, toux, essoufflement, fièvre intermittente, perte du goût ou de l'odorat, difficultés de concentration, dépression... le "Covid long" se manifeste, selon l'OMS, par un ou plusieurs symptômes, généralement dans les trois mois après l'infection, persistant au moins deux mois et ne s'expliquant par aucun autre diagnostic.

La fréquence et les causes de ce syndrome complexe demeurent incertains.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l'OMS, a déclaré fin avril qu'une infection sur dix se traduisait par un Covid long, suggérant que des centaines de millions de personnes pourraient nécessiter des soins de longue durée.

Si les scientifiques n'ont pas encore élucidé ce syndrome, plusieurs hypothèses sont à l'étude: persistance du Sars-CoV-2 dans l'organisme, maintien d'un état inflammatoire post-infection, formation de microcaillots...

Sans compréhension plus fine, il est difficile de proposer une prise en charge adaptée, alors que le Covid long s'annonce comme un enjeu de santé publique pour les prochaines années.

Prochaine pandémie

Après plus de trois ans de Covid, le monde est-il paré pour contrer une éventuelle autre pandémie?

L’identification et la surveillance de virus ou bactéries à risque, connus ou inconnus ("pathogène X"), sont l'une des clefs.

Environ 60%/70% des maladies émergentes sont des zoonoses, découlant d'agents pathogènes transmis des animaux vertébrés à l'homme, et inversement.

Mais de solides systèmes de prévention et de préparation font toujours "gravement défaut", s'est alarmée fin janvier la Croix Rouge. Un manque de volonté politique et de financements préoccupe aussi des experts et activistes.

D'autant que de futures crises sanitaires risquent de se produire parallèlement à des catastrophes climatiques.

Le concept "one health" (une seule santé), qui promeut une approche globale avec des liens étroits entre la santé humaine, animale et l'environnement, est plus que jamais d'actualité. (AFP°

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