Quand CIA et monde de l'art parlent déguisements et dissimulation

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Q, l'ami gadget de 007, apparu dans 24 films de James Bond

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Déguisements, stylos piégés, rats de camouflage... Entre James Bond et la série "Homeland, une ex-responsable de la CIA et un artiste français fasciné par la figure de l'agent double ont croisé leurs expériences, première d'une série de rencontres consacrées aux "esthétiques du secret" à Paris.

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Espionnage en Russie à l'époque de la guerre froide, crise des otages pendant la révolution iranienne, opération anti-terroriste au Moyen Orient...

Devant une vingtaine de passionnés réunis à la bibliothèque Kandinsky du centre Pompidou, à Paris, Jonna Mendez, ancienne cheffe du "déguisement" à la CIA, a raconté ses années passées au cœur de la fabrique de techniques de dissimulation et ruses en tout genre pour "armer" et "protéger" les agents dans leurs missions.

A ses côtés, Brice Dellsperger, artiste qui travaille depuis les années 90 sur des remakes de séquences de films cultes, interrogeant l'identité de genre autant que l'artifice au cinéma et dans la vie quotidienne.

Changement de visage ou de sexe, art de tromper les poursuivants ou le spectateur... "Nous étions « Q » dans James Bond (protagoniste qui donne à 007 des moyens les plus sophistiqués pour venir à bout de ses adversaires, ndlr), l'arme technique de l'agence, un groupe de chimistes, physiciens, ingénieurs, et spécialistes en tout genre de choses dont vous n'avez probablement jamais entendu parler", raconte Mme Mendez.

Images et séquences de films à l'appui, l'experte, rentrée à la CIA en 1966 comme photographe d'art, évoque parmi d'autres gadgets un stylo piégé, son "préféré", celui "d'avant l'IPhone, qui pouvait contenir une pellicule pour prendre 100 photos d'un document écrit" ou du poison.

A chaque problème, sa solution. "Nous avions quelque chose d'extraordinaire que peu de pays avaient : Hollywood et la communauté magique de Los Angeles", poursuit-elle.

Art de transformer 

Pas seulement pour le maquillage et les effets spéciaux, précise-t-elle, mais "pour apprendre, auprès d'un David Copperfield (prestidigitateur américain) qui faisait léviter les gens au-dessus de la scène ou se volatiliser un éléphant, comment faire disparaître des gens dans la rue à Moscou, un endroit très difficile à opérer".

L'art de l'illusion donc, en utilisant "le changement d'apparence rapide" en pleine rue, dit-elle, montrant une séquence filmée dans laquelle un homme en costume-cravate se change en 23 secondes, en marchant, en individu au débardeur, tatouages et lunettes de soleil et se fond dans la foule à New-York.

"J'ai su en me déguisant en femme que je ne serai jamais espion !", commente Brice Dellsperger. Sa séquence d'un remake d'"Eyes Wide Shut" de Stanley Kubrick, dans laquelle il interprète tous les personnages d'une cérémonie secrète, hommes et femmes, grâce à des "masques virtuels" tient autant de la farce que de l'art expressionniste.

Pour illustrer l'art de transformer les hommes, Jonna Mendez évoque le film "Argo" (2012). Ce thriller politique réalisé et joué par Ben Affleck, retrace le sauvetage de six des otages de l’ambassade américaine à Téhéran en 1979.

Il s'inspire d'une opération réelle, à laquelle son mari, Tony Mendez, décédé en 2019 et qui était aussi membre de la CIA, a participé, dit-elle.

C'est un autre film, "Salt" avec Angelina Jolie, qui a permis de mettre au point les "masques animés, en peau extensive tellement bien imitée qu'elle-même a réussi à tromper la vigilance du président des Etats-Unis", George Bush père, dit-elle, photo à l'appui, en entrant dans le bureau ovale sous l'apparence d'une de ses collaboratrices.

La prochaine séquence de rencontres dans le cadre du programme de recherche européen "Démoséries", se penchera en décembre sur les "dispositifs optiques et technologies de surveillance". (AFP)

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