Espagne : Algésiras se recueille, le suspect de l'attaque était en instance d'expulsion

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Des Marocaines tiennent des pancartes sur lesquelles on peut lire "l'Islam n'a rien à voir avec ça" et "nous sommes tristes, sous le choc" près de l'église où un homme a été tué sur la place Alta, à Algeciras, dans le sud de l'Espagne, le 26 janvier 2023. (Photo de CRISTINA QUICLER / AFP)

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La ville d'Algésiras se recueille jeudi après la mort du sacristain tué mercredi soir dans une attaque à la machette contre deux églises dont l'auteur présumé, un Marocain de 25 ans sans antécédents judiciaires, était en instance d'expulsion depuis juin.

Un prêtre a également été grièvement blessé dans cette attaque qui a touché ces deux lieux de culte distants de quelques centaines de mètres l'un de l'autre dans cette cité portuaire du sud de l'Espagne située face aux côtes marocaines.

Plusieurs centaines de personnes, certaines en pleurs, se sont réunies à la mi-journée devant l'église Nuestra Señora de La Palma dans laquelle officiait le sacristain. Une minute de silence a été observée tandis que retentissaient les cloches de l'église, a constaté l'AFP.

Sur la place où est mort Diego Valencia, des fleurs ont été déposées et des cierges allumés.

Selon les faits relatés par le ministère de l'Intérieur, le suspect - qu'une photo prise après son arrestation montre la barbe fournie et souriant - a attaqué mercredi après 19H00 (18H00 GMT) le prêtre de l'église de San Isidro, Antonio Rodríguez, "armé d'une machette, le blessant grièvement".

"Il s'est ensuite rendu à l'église Nuestra Señora de La Palma, où il s'en est pris au sacristain". Ce dernier a "réussi à sortir de l'église mais a été rattrapé à l'extérieur par l'assaillant qui lui a infligé plusieurs blessures mortelles", a poursuivi le ministère.

Grièvement blessé au cou, le prêtre était, pour sa part, "hors de tout danger", a fait savoir jeudi sa communauté religieuse.

En instance d'expulsion 

Le ministère de l'Intérieur a précisé qu’une "procédure d'expulsion avait été ouverte en juin pour situation irrégulière" contre le suspect.

Il n'avait "pas d'antécédents pénaux ou en matière de terrorisme en Espagne ou dans des pays alliés" et n'était pas surveillé par les services espagnols "ni ces derniers jours, ni auparavant", a-t-il ajouté.

Une source sécuritaire a confirmé à l'AFP qu'il n'était pas fiché pour radicalisme en Espagne ou en France.

Selon plusieurs médias, ce jeune Marocain, arrêté immédiatement après l'attaque dont le gouvernement n'a pas qualifié jusqu'ici la nature, vivait à proximité des églises visées.

Le parquet a annoncé mercredi soir l'ouverture d'une enquête pour des "faits présumés de terrorisme" qui a été confiée au tribunal madrilène de l'Audience nationale.

"Nous enquêtons. Une perquisition au domicile de l'auteur présumé a eu lieu aujourd'hui (...) et son issue pourra évidemment déterminer la nature des faits, nature terroriste ou toute autre nature", a souligné le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, de Stockholm où il participait à une réunion avec ses homologues européens.

"Il n'y a pas de tiers impliqués dans les faits", a assuré le ministre, qui doit se rendre à Algésiras dans la journée.

"Ne pas diaboliser" 

Les appels à ne pas rompre la coexistence entre les communautés se sont multipliés en Espagne après cette attaque.

Condamnant des faits "injustifiables", le secrétaire général de la conférence des évêques espagnols, Mgr César García Magán, a mis en garde contre  "le danger de diaboliser des communautés".

"Nous sommes détruits (...) Cette personne ne représente pas l'islam et les valeurs musulmanes", a dit, de son côté, Dris Mohamed Amar, le porte-parole de l'Union des Musulmans du "Campo de Gibraltar", un district dont fait partie Algésiras, à la radio publique.

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