Attentat de Birmingham en 1974: la justice tranche en faveur du droit du journaliste à protéger ses sources

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L'attaque contre deux pubs de Birmingham, qui avait fait plus de 180 blessés. "Le droit pour un journaliste de protéger ses sources est fondamental pour une presse libre en démocratie. Mes actes dans cette affaires étaient largement dans l'intérêt public" (Chris Mullin)

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La justice britannique a donné raison mardi à un journaliste qui refusait de révéler ses sources après qu'un homme lui eut confessé dans les années 1980 son implication dans un double attentat qui a fait 21 morts en 1974 à Birmingham.

Agé de 74 ans, Chris Mullin, également ancien député travailliste, a publié en 1986 un livre qui a permis de mettre au jour l'une des plus retentissantes erreurs judiciaires au Royaume-Uni. L'enquête du journaliste avait conduit à la libération de six hommes accusés à tort, qui ont obtenu l'annulation de leur condamnation en 1991.

En vertu de la législation antiterroriste, la police des West Midlands voulait contraindre Chris Mullin à révéler l'identité d'un homme qui lui a affirmé être un poseur de bombe, désigné sous les initiales AB.

Mais la cour de l'Old Bailey a tranché mardi en faveur du journaliste.

"Le droit pour un journaliste de protéger ses sources est fondamental pour une presse libre en démocratie. Mes actes dans cette affaires étaient largement dans l'intérêt public", a réagi Chris Mullin après la décision. "Ils ont conduit à la libération de six innocents après 17 ans de prison", a-t-il ajouté.

Pendant son enquête, le journaliste avait interviewé pendant quatre heures AB, avait souligné à l'audience James Lewis, l'avocat de la police.

"C'est une pleine reconnaissance des meurtres", avait-il plaidé, "c'est le meurtrier qui avoue lui-même".

Soutenu par le syndicat de journalistes NUJ, l'auteur avait quant à lui fait valoir que "si les policiers des West Midlands avaient mené une véritable enquête après l'attentat, au lieu de piéger la première demi-douzaine de personnes qui ont eu la malchance de tomber entre leurs mains, ils auraient arrêté les véritables auteurs dès le départ".

L'attaque contre deux pubs de Birmingham, qui avait fait plus de 180 blessés, avait eu lieu le 21 novembre 1974, au plus fort des violences des paramilitaires de l'IRA contre les autorités britanniques en Irlande du Nord. Elle avait été attribuée à l'organisation paramilitaire, qui n'a jamais démenti.

Après une réouverture de l'enquête, la police avait arrêté fin novembre 2020 un homme de 65 ans qui a été rapidement libéré.

Le double attentat s'inscrivait dans le contexte des Troubles, ces trois décennies sanglantes en Irlande du Nord qui ont fait plus de 3.500 morts, opposant républicains nationalistes majoritairement catholiques aux loyalistes unionistes majoritairement protestants ainsi que l'armée britannique.

Ces violences ont pris fin en 1998 grâce à l'Accord de paix du Vendredi saint. (AFP)

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