A Marrakech, ''Bye bye Tibériade'', un documentaire sur l'actrice palestinienne Hiam Abbass et les ''douleurs du passé''

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De G à D, l'actrice et réalisatrice palestinienne Hiam Abbass et sa fille, la réalisatrice franco-algérienne Lina Soualem posent sur le tapis rouge du 20e Festival international du film de Marrakech, le 25 novembre 2023. (Photo par AFP)

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Un documentaire retraçant la vie de l'actrice franco-palestinienne Hiam Abbass a été projeté samedi au Festival international du film de Marrakech où il est en compétition, trouvant un écho particulier sur fond de guerre dans la bande de Gaza.

Sous un tonnerre d'applaudissements, des spectateurs marocains se sont écriés "vive la Palestine" après la projection de "Bye bye Tibériade" réalisé par la fille de Hiam Abbass, l’algérienne Lina Soualem.

Le documentaire "ouvre les douleurs du passé" pour rendre compte des choix de vie difficiles de Hiam Abbass et des femmes de sa famille, en prenant pour point de départ la Nakba, la "catastrophe" qu'a constitué pour les Palestiniens la création d'Israël en 1948 et leur exil et déplacement.

"Les histoires racontées par ces femmes dans ce film ne sont pas seulement des histoires de transmission de femme à femme, de fille à mère ou de mère à fille", a clamé Lina Soualem. Elles "véhiculent une histoire de personnes privées de leur identité".

Ce film autobiographique est une histoire humaine, qui aborde la nostalgie de l’expatrié pour sa terre natale ainsi que les questions des racines et de l’identité.

"Bye Bye Tibériade" retrace l’histoire de Hiam Abbas, mère de la réalisatrice, une citoyenne palestinienne qui partage ses souvenirs avec sa fille, évoquant sa vie avec sept sœurs dans leur pays natal qu’elle a quitté il y a trente ans avant d’y retourner. Le récit traverse différents lieux à travers une riche collection d’archives, photos et vidéos.

Cette pellicule de 82 minutes, co-produite entre la Palestine, la France, la Belgique et le Qatar, met en lumière le rôle central de la famille dans la consolidation des liens identitaires avec son pays.

Dans une déclaration à la MAP, Lina Soualem a révélé que le film s’appuie sur des archives photographiques de son père, qui capturait la Palestine dans les années 90. Pour elle, ces archives représentent une période historique influente et significative.

La famille de Hiam Abbass a été déplacée de force en 1948 de Tibériade pour Deir Hanna, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest, ce que raconte le film à travers de nombreuses archives personnelles.

Hiam Abbass, née en 1960 dans le nord d'Israël, a quitté sa terre natale dans les années 1980 pour Londres puis Paris, mue par sa volonté de faire du cinéma.

Elle a notamment joué dans "La fiancée syrienne" (Eran Riklis, 2004) "Munich" (Steven Spielberg, 2005), "Paradise now" (Hany Abou Assad, 2005) et la série américaine "Succession".

"Avec nos histoires, nous luttons contre l'effacement et ces images se présentent comme des preuves d'une existence niée", a ajouté Lina Soualem, disant penser "aux habitants de Gaza qui sont en réalité des enfants et petits-enfants de réfugiés palestiniens, qui comme vous et moi, essayent de trouver leur place dans le monde".

En lice pour l'Oscar 

Le fil est en lice pour l'Oscar 2024 du Meilleur film international, a été projeté alors qu’Israël mène une guerre contre les Palestiniens  dans la bande de Gaza et en Cisjordanie faisant jusqu’à maintenant plus de 15 mille tués dont 6.150 enfants et plus de 4 mille femmes.

"Je me suis dit qu'il ne fallait pas être trop émotionnelle mais il est difficile pour nous, les Palestiniens, de ne pas l'être", a déclaré Mme Abbass devant le public du festival de Marrakech, qui se tient du 24 novembre au 2 décembre.

Cette 20e édition est marquée par l'annulation des traditionnelles projections sur la place Jamaa El Fna, du fait de la volonté d'organiser un évènement "sobre sans festivités" à cause de la guerre à Gaza, indiquent les organisateurs. (Quid avec AFP)

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