Niger: Le retour à l’ordre dit constitutionnel est-il encore envisageable ? Pourquoi Paris a perdu la bataille – Par Prosper Abega

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Le désespoir des jeunes nigériens est tel que la prise du pouvoir par les militaires le 26 juillet dernier leur est apparu comme une bouffée d’oxygène

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L'Afrique se doit de tirer les enseignements de la Coupe du monde - Par Prosper  Abega

Considéré comme l’un des pays les plus pauvres du monde, le Niger connaît, depuis le 26 juillet 2023, une situation politique à l’origine d’un tsunami géopolitique dans sa sous-région, en Afrique et bien au-delà.

Le 26 juillet dernier, le général TIANI, chef de la garde présidentielle, a renversé Mohamed BAZOUM, président de la République élu le 21 février 2021.

Celui-ci, depuis son élection, a essuyé deux tentatives de coup d’état dont la dernière n’a échoué qu’en raison de l’intervention du général TIANI et de ses hommes.

Les nigériens sont « pauvres », leur pays, lui, est loin de l’être. 

Dans ce pays, dont plus de 70% de la population a moins de 25 ans, la jeunesse est désœuvrée. Comme toutes les jeunesses du monde, celle du Niger aspire à la liberté assortie d’une éducation lui permettant d’accéder à un emploi. 

Elle n’a donc pas, par essence, de sympathie pour la dictature ou pour une « militarocratie ». 

Ce que la société civile africaine reproche à la France et à l’Occident en général

Le désespoir des jeunes nigériens est tel que la prise du pouvoir par les militaires le 26 juillet dernier leur est apparu comme une bouffée d’oxygène susceptible de leur procurer un peu de répit. Le soutien « massif », aux putschistes, perçu ne saurait, cependant pas, constituer un blanc-seing.

la France, elle, comme d’ailleurs les États-Unis, affirme, que le président BAZOUM est son allié le plus sûr: certains ont compris, de cette affirmation, que ces deux pays étaient les alliés du président, et sans doute pas du Niger, ou encore que ce président n’était que la marionnette de puissances extérieures.

Pour la France ce n’est pas là l’unique malentendu avec le peuple nigérien. La société civile nigérienne (et même africaine)  reproche à la France, pas aux Français:  d’avoir main-mise sur le pays et ses dirigeants, de prendre des décisions concernant la vie de sa jeunesse à partir de Paris, de cautionner des processus électoraux truqués (leurs dirigeants seraient choisis et installés au pouvoir de Paris, par Paris), d’être imperméable à la culture du pays qui n’intéresserait pas la France et dont une grande partie des biens culturels a été spoliée, d’avoir organisé une quasi impossibilité de solliciter et/ou obtenir le moindre visa pour une France à la fois si proche et si lointaine, d’invisibiliser les guerres coloniales dans les livres d’histoires, … et bien sûr le franc CFA (instrument d’une souveraineté d’une nation; outil, ici selon elle, de dépossession de la souveraineté nigérienne depuis les indépendances).

Ces récriminations pourraient être complétées au sujet d’un Niger qui ne laisse aucune grande puissance indifférente du fait de sa position géographique centrale au cœur de l’Afrique. Il occupe, en effet, une place privilégiée qui s’avère incontournable dans le contexte actuel d’affrontement entre les grandes nations.

John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago, théoricien majeur du réalisme dans les relations internationales, dans son analyse «censurée par les médias européens», intitulée « Pourquoi les grandes puissances se font la guerre », publiée dans le Monde Diplomatique d’août 2023, affirme que « les changements intervenus dans la politique internationale, ces dernières années, ont marqué une dégradation de la position de l’Occident ».

Le coup d’état survenu au Niger, le 26 juillet 2023, en est une des illustrations.

Les raisons inavouées de la présence étrangère 

Depuis bien longtemps, au nom de la sécurité du pays, celui-ci est devenu un des sièges de bases militaires étrangères.

Le gouvernement nigérien a autorisé les forces françaises, américaines, italiennes, belges, allemandes… à stationner sur son territoire.

L’installation de ces armées étrangères est fortement critiquée par la société nigérienne qui a le sentiment de trahir ses aînés qui ont lutté pour l’accession du pays à l’indépendance. Les contempteurs de ces bases militaires soutiennent que les accords Inter-états sur lesquels se fondent ces conventions ne font jamais l’objet de la moindre publicité ou information.

Soumana Sanda, député du parti d’opposition, Modena Lumana, qui a participé au débat sur le déploiement de ces forces étrangères sur le sol nigérien, faisait observer à l’issue de la journée de débat qui lui y avait été consacré que « nous n’avons pas été autorisé à voir ce que contient les accords ou l’accord qui va nous lier. On nous a demandé de donner un blanc-seing au gouvernement, ce que nous avons refusé ».

La France a installé, au Niger, trois bases militaires; l’essentiel  de  ses effectifs étant concentré à l’aéroport de Niamey. 

Certains militaires français ont été déployés dans la région d’Ouallam, à 80 km au nord de la capitale, tandis que d’autres s’installaient plus à l’ouest à Ayorou, une localité proche de la frontière malienne. Ces forces françaises sont, nous dit-on avec beaucoup de conviction, dans ce pays, pour lutter contre le djiadisme; ce qui n’est pas stricto sensu contestable, au demeurant. Reste que ces armées étaient pourtant déjà au Niger avant l’apparition du phénomène djiadiste, dans ce pays. Il n’est pas non plus inintéressant de constater que l’armée française est également présente dans bien des pays africains où il n’est point besoin de combattre le djiadisme. Il apparaît manifestement que la France pratique une diplomatie militaire qui lui semble fondamentale pour la sauvegarde de ses intérêts. L’efficacité de ce militarisme politique peut toutefois interroger. 

Neuf cent membres des forces spéciales, européennes, force dite TAKUBA, antérieurement, basées au Mali, ont été également déployées sur le sol nigérien. 

Il convient d’ajouter à ces chiffres les 110 experts internationaux également stationnés dans le pays par la mission civile de l’Union Européennes EUCAP Sahel. 

Depuis 2017, 470 soldats italiens sont également arrivés dans le pays. Il faut y ajouter 320 soldats belges impliqués dans l’opération dite New Nero.

L’Allemagne y dispose d’une base militaire logistique.

L’Union Européenne obnubilée par sa problématique migratoire, considère le Niger comme un carrefour migratoire à partir duquel il convient de lutter contre l’immigration vers ses membres.

Les Américains, eux, ont construit à Agadez, dans le nord du Niger, leur plus grande base militaire sur le continent africain. Elle couvre l’ensemble du Sahel avec un contingent de 1100 soldats stationnant en permanence dans le pays.

Le chercheur américain, Michael Shurkin assure que «à Washington, on perçoit le Sahel comme une cause perdue ou personne ne sait plus quoi faire. Le seul intérêt à rester au Niger, serait d’empêcher la Russie de combler le vide ». 

Les préoccupations de ces pays occidentaux montrent que, comme le disait Jean Baptiste ONANA, professeur Camerounais de géopolitique africaine à l’université de Zhaoqing (Chine), «derrière les enjeux sécuritaires, il y a parfois des enjeux géostratégiques inavoués ». 

Depuis le coup d’état survenu, certaines des forces armées citées ont quitté le pays tirant, ainsi, les conséquences de la nouvelle donne politique.

Face à des intérêts divergents, chaque pays ajuste sa politique.

La crédibilité de la réinstallation de Bazoum au pouvoir

Un examen, sans doute incomplet, des positions des différentes nations concernées par la situation qui prévaut à Niamey depuis le coup de force de l’armée, fait apparaître plusieurs postures.

Les Etats auteurs de la première, dont fait partie la France, souhaitent, à tout prix, y compris par le recours à une intervention militaire de forces étrangères, le rétablissement de l’ordre constitutionnel.

Les seconds, souvent opposés, eux aussi, au coup d’Etat, estiment que le recours à l’option militaire ne saurait, en aucune façon, être envisagé. Ils expliquent qu’«on ne peut résoudre quoi que ce soit avec la guerre». 

Les derniers, essentiellement des pays africains, sans être nécessairement dépourvus d’opinion, n’éprouvent aucun besoin d’exprimer leur position.

Les défenseurs inconditionnels de l’ordre constitutionnel disent défendre la démocratie. Ils exigent la libération immédiate du président BAZOUM, déchu, et sa réinstallation au pouvoir.

Si cette posture peut s’entendre juridiquement, elle ne paraît, en revanche, pas crédible pour plusieurs raisons.

La destitution, par le parlement ukrainien, du président élu, Viktor IANOUKOVYTCH, en février 2014, a été considérée par beaucoup comme un coup d’état. Les défenseurs de la légalité constitutionnelle, d’aujourd’hui, n’ont alors pas esquissé la moindre réaction ou émis le moindre commentaire s’y rapportant.

Ensuite, et dans la même veine, après le décès, sur le front de bataille, du chef de l’État du Tchad, Idriss DÉBY, le fils de celui-ci, le général Mahamat Idriss DÉBY, 37 ans, lui a succédé, au printemps 2021, au travers d’un conseil de transition militaire, en violation de la constitution. Il fut aussitôt adoubé par certains pays occidentaux et particulièrement par la France qui participa non seulement aux funérailles du père mais encore à « l’intronisation » du fils.

Ces deux exemples qui ne sont, bien entendu, pas exhaustifs expliquent que ni les Tchadiens, ni les Nigériens, ni même bien d’autres Africains ne sont réceptifs au discours relatif à l’ordre constitutionnel désormais prêché, quel qu’en soit le prix, dans le cas du Niger; a fortiori lorsqu’il s’agit de faire respecter ledit ordre par une guerre.

Il est d’ailleurs surprenant de constater qu’en dépit des nombreux militaires déployés, des forces spéciales européennes et des nombreux agents de renseignement présents à Niamey, aucun Etat n’a vu venir le coup d’état survenu; ce qui explique qu’aucune réflexion cohérente ne l’a précédé, ni accompagné.

Le régime du président BAZOUM n’était pourtant pas d’une grande stabilité. Aucune leçon ne semble avoir été tirée du tumultueux exercice du pouvoir par ce dernier. « Gouverner, c’est prévoir » disait Adolphe Thiers. L’embarras dans lequel les chancelleries occidentales sont plongées, encore aujourd’hui, montre que rien n’a été anticipé. 

Il est encore difficile pour ne pas dire inconcevable pour tout Nigérien (ou même tout Africain) que la France dont tous pensaient être l’alliée du Niger, découvre à travers les déclarations et discours du président français et de sa ministre des Affaires étrangères, que ces derniers poussent pour une intervention militaire de forces étrangères africaines, en territoire nigérien. Ils disent, en tout état de cause, en soutenir l’option.

Ce contexte est inédit et incongru. La situation qui en découle apparaît par bien de ses aspects, schizophrénique; un soutien d’une intervention d’armées étrangères contre son allié est évidemment inaudible et incompréhensible pour l’allié qui se sent trahi. La nécessité d’une lutte contre le terrorisme islamique ne saurait, à elle seule, la justifier. Cet état des choses est pour le moins paradoxal.

Le peuple Beti, qui habite la forêt du centre du Cameroun, pays séparé du Niger par le lac Tchad, insiste sur la valeur de l’engagement de quiconque en affirmant que « l’oiseau est pris par la patte et l’homme par sa bouche». L’homme serait ainsi prisonnier de sa parole. 

Les déclarations de la France l’engagent, particulièrement en Afrique; les dernières sur le sujet ont été perçues par la société civile nigérienne et subsaharienne comme un suicide géopolitique. 

« Arrogant comme un Français en Afrique» est le titre du dernier ouvrage d’Antoine Glazer; Il se pourrait bien que la situation nigérienne en soit  factuellement une nouvelle démonstration. 

Les réactions françaises se comprennent, d’autant moins bien que le Niger demeure un partenaire stratégique pour la France. 

Un malheur qui, aux yeux des Nigériens, paraît aussi être une chance

Un rapport d’Information du Sénat français du 29 octobre 2013, intitulé « l’Afrique est notre avenir », abordant la question des ressources stratégiques évoquait l’uranium du Niger qui, à lui seul, représentait 30 % des besoins civils français et 100 % des besoins militaires. 

Ce pays est, en effet, le quatrième producteur mondial d’uranium dont il détient la sixième plus grande réserve au monde.

Il est également producteur de pétrole et de gaz (produit aujourd’hui à 20 000 barils/jour avec des prévisions à court terme à 110 000 barils/jour).

Le tableau peint, avec beaucoup d’acuité, par les sénateurs français, en 2013, a bien sûr évolué, ce pays demeure néanmoins très important pour l’hexagone.

Les actes récemment posés par les officiels français tiennent-ils complètement compte de cette importance stratégique ? On est en droit de se poser la question.

Tolstoï dans son roman Anna Karenine précise que « toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse, l’est à sa façon ». Il en va des familles comme des Etats. 

Le Niger est « malheureux » à sa façon. Ni le Mali, ni le Burkina-faso, ni même la Guinée, tous désormais dirigés, à la suite de coups d’Etat, par des militaires, n’ont fait l’objet de menaces d’intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel; y compris durant la période courant du renversement jusqu’à la démission de leurs chefs d’État. Les Nigériens vivent le coup d’Etat survenu comme un malheur qui, à leur yeux, paraît aussi être une chance.

Les forces étrangères présentes ont été bien inspirées de ne pas intervenir aux premières heures du coup de force.

Les jours qui passent imposent un peu plus et davantage l’état de fait qui prévaut désormais à Niamey.

La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont le Niger est membre, s’est réunie à ABUJA (Nigeria) dans le cadre d’ «un sommet spécial », destiné à évaluer la situation et prononcer d’éventuelles sanctions. 

Elle donna 15 jours aux putschistes pour restituer le pouvoir au président BAZOUM et à défaut, disait-elle, elle envisagerait toutes les options, y compris celle militaire.

Le nouveau pouvoir n’a pas fléchi. 

La CEDEAO s’est trouvée dans l’obligation, afin de ne pas être décrédibilisée, d’ordonner le 11 août 2023, « le déploiement de la force d’attente pour rétablir l’ordre constitutionnel en république du Niger ».

Le temps et l’opinion publique africaine, meilleurs alliés des putschistes de Niamey

Les soutiens africains déclarés de l’option militaire que sont le Nigeria (dont le président TINUBU, président du Nigeria, est aussi président en exercice de la CEDEAO), la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont beaucoup œuvré pour ce résultat, qui, cependant, ne garantit pas l’intervention militaire, par eux, défendu.

Les choses en diplomatie, comme d’ailleurs dans le domaine militaire, ne sont pas toujours aussi simple. 

Un diplomate de cette organisation régionale (CEDEAO) dira, avec subtilité, le sentiment général des observateurs de cette situation inédite: « Tout en rappelant notre tolérance zéro face aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, nous avons choisi de ne pas soutenir une intervention militaire au Niger parce qu’elle pourrait déboucher sur un bain de sang et causer plus de dégâts qu’il en existe actuellement ».

Le Sénat nigérian (Nigeria) a fait part de ses réticences à une intervention militaire. L’Afrique du Sud, l’Algérie (elle dispose de 1000 kms de frontière avec le Niger), le Cap-Vert (membre, lui aussi, de la CEDEAO) se sont ouvertement opposés à une intervention militaire, loin de faire consensus.

Dans un communiqué commun le Burkina-Faso et le Mali ont affirmé que l’intervention militaire au Niger pour rétablir Mohamed BAZOUM, serait considérée comme une déclaration de guerre à leur deux pays.

Les divisions se sont creusées entre les pays africains sur l’attitude à adopter.

L’Union Africaine a, finalement, décidé de rejeter l’usage de la force face à la junte nigérienne; tout en suspendant le pays de toutes les activités de son organisation. 

«Lancer une offensive militaire, rejetée par l’Union Africaine serait une contradiction inédite » explique Paul Simon  HANDY,  chercheur à l’Institute for Security Studies.

Ainsi les Etats africains silencieux depuis le 26 juillet ont pu exprimer, au sein de l’institution continentale, leur position.

Il nous apparaît enfin que le processus de reconnaissance des  nouveaux dirigeants de Niamey a, de toute évidence, débuté. 

La France juge infréquentable les nouvelles autorités nigériennes. Ce faisant elle ne reconnaît pas leurs décisions qu’elle juge illégitimes.

Les américains, eux, ont fabriqué un discours et posé des actes. Ils ont condamné le coup d’Etat, soutenu la revendication d’un retour à l’ordre constitutionnel. Ils se sont, dans le même temps, opposés à l’option militaire pour y parvenir. 

Washington a, aussi, au lendemain du putsch confirmé l’arrivée à Niamey de Kathleen Fitzgibbon, comme ambassadrice comblant ainsi une vacance de un an et demi de ce poste. 

Cette nomination fut suivie, le 7 août 2023, du voyage à Niamey de la sous-secrétaire d’Etat américaine par intérim, Victoria Nuland, qui rencontrât le nouveau chef d’état-major désigné par le nouvel homme fort du pays. Avant son départ, de Niamey, Mme Nuland a qualifié l’instant vécu «d’obstacle actuel à l’ordre démocratique» évitant ainsi de qualifier le changement intervenu au sommet de l’état nigérien de coup d’état. Ce détail, qui n’est pas que sémantique, n’aura échappé à personne.

Le nouveau premier ministre, Monsieur Ali Lamine Zeine, un civil, économiste, nommé par le général TIANI, a effectué son tout premier déplacement officiel à Djamena, au Tchad, où il a été reçu avec les honneurs dû à son rang par le général président Mahamat Idriss DÉBY.

Ce voyage constitue, pour bien des observateurs, un baptême politico-diplomatique.

Le Tchad et le Niger dont les populations peuhls se confondent ont des destins liés.

La France, qui semble avoir été guidée dans cette affaire par une forme d’émotion, se trouve aujourd’hui isolée et sans allié véritable. Le retour à l’ordre constitutionnel qu’elle défend paraît de plus en plus improbable; le temps, les divisions américano-françaises, l’opinion publique africaine semblent être les meilleurs alliés des putschistes de Niamey. 

Chaque semaine passée à la tête du pays consolide davantage et un peu plus leur pouvoir.

Prosper Abega 

Avocat au Barreau de Marseille

Chroniqueur géopolitique