Cisjordanie: après le ''choc'' du raid israélien à Jénine, le constat des dégâts

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Une jeune fille palestinienne passe devant des véhicules endommagés lors d'un raid israélien sur le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, le 21 mai 2024. Douze morts, dont quatre enfants, et 25 blessés. (Photo par RONALDO SCHEMIDT / AFP)

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Les talkie-walkie crachent, des jeunes membres de groupes armés palestiniens chargent dans un pick-up des croix antichars. Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, sort d'un long raid israélien sous "le choc", et constate les dégâts.

Des toiles noires jonchent des ruelles étroites du camp de réfugiés éponyme, déchirées après avoir servi de couverture contre des drones israéliens.

L'armée israélienne vient d'achever jeudi une opération qui visait selon elle des "cellules terroristes du Hamas et du Jihad islamique dans la région de Jénine". Dans les faits c’est douze morts, dont quatre enfants, et 25 blessés. 

"L'armée est entrée dans le camp mardi matin alors que les élèves étaient sur le chemin de l'école", raconte à l'AFP Abdoul Jabbar al-Shalabi, directeur d'un centre social pour la jeunesse dans le camp de Jénine.

"Les unités spéciales sont d'abord entrées, puis les tireurs d'élite se sont déployés sur les toits", ainsi que d'autres unités, décrit-il. "C'était le choc. Ma fille passait un examen et j'ai dû aller la chercher dans le camp".

Dans les rues de Jénine - un des bastions des factions armées palestiniennes dans le nord de la Cisjordanie, occupée par Israël depuis 1967 - des pièces endommagées de véhicules blindés israéliens, un drapeau du groupe du Jihad islamique.

A l'extérieur du camp, des centaines de personnes participent à un cortège funéraire.

Un hommage particulier a été rendu au chirurgien Oussaid Jabarin par le personnel de l'hôpital gouvernemental de la ville, rassemblé lors d'une cérémonie à sa mémoire.

Tristesse

Les violences dans ce territoire ont été exacerbées par la guerre d’extermination des Palestiniens par Israël .

Au moins 517 personnes ont été tuées par des soldats ou des colons israéliens en Cisjordanie depuis le 7 octobre.

Depuis cette même date, au moins 12 Israéliens ont été tués dans le territoire occupé, dans des attaques ou des attentats perpétrés par des Palestiniens, selon les israéliennes.

L'armée a déclaré avoir perquisitionné la maison d'Ahmed Barakat, membre d'un groupe armé palestinien soupçonné d'être impliqué dans une attaque contre un civil israélien l'année dernière. Sa maison a été réduite en ruines lors de l'opération.

Les troupes israéliennes se sont aussi positionnées dans un bâtiment de deux étages, où des matelas en mousse étaient après leur départ éparpillés.

Abdoul Jabbar al-Shalabi décrit des portes cassées dans le centre social, des équipements sportifs endommagés, et des traitements contre le diabète aussi.

Après le départ des troupes, des enfants reviennent jouer dans les rues et tapent le ballon devant des gravats.

Dans le camp, des dizaines de bâtiments portent les stigmates des récents heurts, ont constaté dans la matinée des journalistes de l'AFP.

Certaines structures ont été complètement détruites.

"Le camp n'est plus vivable, les eaux usées sont mélangées à l'eau potable depuis qu'elles ont été détruites par les énormes bulldozers de l'armée israélienne", dit jeudi après-midi M. Shalabi.

Fayza Abou-Qoutna, 60 ans, se dit fatiguée des raids israéliens dans le camp où elle vit depuis des décennies.

"Chaque fois qu'ils viennent à Jénine, la ville est détruite", déplore-t-elle. "Nous vivons dans la tristesse, nous vivons dans la misère". (Quid avec AFP) 

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