Les nouvelles g?n?rations ne les connaissent pas ou n'ont jamais entendu parler d?eux, pourtant ils repr?sentaient des ?l?ments indissociables de l?ambiance ramadanesque. Il s'agit du tebbal, du neffar et du gheyat, personnages qui font leur apparition avec l?av?nement du mois sacr? du Ramadan et disparaissent, comme par enchantement, le premier jour de l'A?d Al Fitr.

Jadis, bien avant l'apparition de la t?l?vision et en l?absence de moyens de communication aussi compliqu?s et modernes comme ceux dont on dispose actuellement, le gheyate et neffar ?taient, en quelque sorte, les annonciateurs du commencement du mois b?ni. Apr?s la pri?re d?Al Ichaa du dernier jour du mois de cha?bane, ils faisaient leur apparition du haut des minarets des mosqu?es pour ex?cuter des m?lodies annon?ant l?arriv?e du mois de je?ne.

Le tebbal, quant ? lui, officiait de r?veilleur pour le s?hour, dernier repas avant le je?ne. Il sillonnait ? pas vifs les rues de quartiers en tambourinant sur son instrument dans une sc?ne digne des contes des mille et une nuit. Ce spectacle d?lectable se r?p?tait toutes les nuits du mois sacr? jusqu?au jour de l'Aid Al Fitr, qui constituait pour les plus jeunes, une journ?e de retrouvailles avec ces musiciens qu?on reconnaissait ? leurs rythmes.

Ce jour-l?, aussi bien le gheyate que le tebbal et le neffar font le tour des maisons du quartier o? ils sont re?us par des oboles en guise de reconnaissance pour les services qu?ils ont rendus ? la communaut? des je?neurs un mois durant.

Avant l'arriv?e de la t?l?vision et de la radio dans la majorit? des m?nages marocains, les familles guettaient le croissant lunaire annon?ant le d?but de Ramadan dans le ciel, une mission qui se r?v?lait parfois presque impossible en raison des conditions climatiques et des difficult?s relatives ? la visibilit? et au mouvement des nuages.

C?est ? ce moment l? que tous les regards se tournaient vers les minarets des mosqu?es dans l?attente de voir surgir le gheyate ou le neffar qui se succ?daient un bon moment en ex?cutant des m?lodies sp?cifiques annon?ant l?av?nement du mois b?ni, se rappelle Haj Ahmed dans un air nostalgique.

Les plus anxieux se ruaient vers le si?ge de la nidarat des Habous de la ville pour s?informer de premi?re main aupr?s des responsables de cette administration, dit-il.

"Nos m?res et nos femmes ne pouvaient pas se passer des services de tebbal et de neffar pour avoir le repas du shour ? l?heure. Ils ?taient carr?ment leur r?veil de toutes les nuits", rel?ve-t-il.

Leur passage ?tait plus que vital pour toute la famille puisque rater ce repas ou la pri?re d'Assobh relevait de l?inconcevable pour la majorit? des familles, ajoute Haj Ahmed.

Si Omar exerce le m?tier de tebbal pendant le Ramadan depuis plus de 35 ans. Il sillonne les quartiers de la ville de Rabat pour son gagne pain lors de ce mois sacr?, mais aussi pour perp?tuer cette tradition ancestrale, dit-il ? la MAP.

Outre ses tourn?es nocturnes pour r?veiller les familles, il d?barque presque toutes les apr?s-midi dans certains quartiers de la ville en provenance de Chellah o? il habite, pour se faire plus visible pour les gens, surtout les plus jeunes parmi eux.

Selon lui, le m?tier de tebbal n?est qu?un petit exemple d?un grand nombre de professions et de traditions ancestrales marocaines tomb?es dans les oubliettes ou qui ont recul? devant l?invasion de la modernit? et des nouvelles technologies.

Il attribue aussi cet ?tat de faits aux changements des habitudes des Marocains, notamment celles relatives au mode de vie et aux horaires de sommeil. De nos jours, ces traditions ont presque disparu du quotidien des Marocains, notamment dans les quartiers modernes et les nouvelles villes, alors qu?elles r?sistent tant bien que mal aux al?as de la modernit? dans les quartiers populaires et les m?dinas. Ces m?tiers font face ? une concurrence farouche des horloges-r?veils, des t?l?phones portables et bien d?autres gadgets fruit de l?innovation et d'une qu?te quotidienne de l??tre humain de moderniser sa vie.