Rabat – « Esprit des lieux » : III - Des vestiges qui ne demandent qu’à parler

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*Universitaire sp?cialiste de la litt?rature fran?aise, secr?taire perp?tuel de l?Acad?mie du Royaume, Abdejlil Lahjomri est d?abord un amoureux de Rabat, sa ville natale qu?il veut faire aimer. Dans cette s?rie de r?cits, il remonte l?histoire de la capitale avec ?tonnement, curiosit? et beaucoup de plaisir.?

Rabat fut maur?tanienne avant d??tre romaine. Elle fut aussi apr?s avoir ?t? romaine, Bourghwatie, Yfrinie?, Idrisside. Cela avant quelle ne soit almohade. Elle v?cut une histoire de guerres avant d?avoir ?t? fond?e pour s?engager dans une longue succession de guerres. Que s?y est-il pass? entre le d?clin romain et l??dification almohade??

Othmane Isma?l ?voque l?existence du Royaume de Chellah. Cette partie constitutive de ce qui est aujourd?hui Rabat, fut-elle quelques temps, capitale du vaste territoire qu?occup?rent les Bourghwatas pendant quatre si?cles?? Elle fut s?rement capitale du Royaume que constitu?rent les Yfrinis, et avec eux capitale de tout ce qui ? l??poque s?appelait Maroc. Zone de conflits, de heurts, zone dissidente, zone de rassemblement et camps de soldats r?unis pour juguler la dissidence, c?est ainsi que ces lieux apparaissent ? la lecture du r?cit des glorieuses victoires et des d?faites d?sastreuses qui s?y d?roul?rent. Il n?a pas fallu attendre le protectorat fran?ais pour qu?elle devienne pour une premi?re fois capitale d?un royaume.

H?r?tique capitale, de ce que fut le peuple ?trange et belliqueux des Bourghwatas. L?histoire nous contera souvent les pulsions ?piques d?une cit? frondeuse. Mais la curiosit? scientifique pour ces temps est rest?e timide, et timides, voire inexistantes les investigations arch?ologiques. Je m?explique difficilement leur absence dans un immense territoire qui vit une population, certes dissidente, mais active, se d?ployer, commercer, ?difier des demeures, prier dans des sanctuaires, guerroyer, lutter pour sa survie. Je la vois mal, cette population, disparaitre ainsi sans laisser de traces, de vestiges, arch?ologiques ou litt?raires. Avaient-ils eux ou les Yfranis, ou les Meghraouis, utilis?s les monuments romains?? Et qu?elle (s) langue (s) parlaient-ils?? Le berb?re, mais quel berb?re ?crivaient-ils?? Quels signes avaient-ils invent?s?? L?histoire ne pourrait rester ainsi muette. Quelques parts dans cette immense zone qu?est la Tamesna, encore enfouis sous une terre de plus en plus urbanis?e, subsistent s?rement des vestiges qui ne demandent qu?? nous conter la prodigieuse l?gende des contr?es qui avait, ??Sala??, ou ??Chellah??, aujourd?hui Rabat comme capitale.

Puis vinrent les Almohades. Mais avant de les voir ?riger sur ce vaste territoire les camps de soldats qui seront ??Ribat Al-Fath??, le camp de la victoire, et les remparts qui le prot?geront, imaginez un instant avec moi ces lieux sans leurs remparts et Chellah, sans les remparts qu??rigeront leurs successeurs m?rinides.

Effort inconcevable voire impossibilit? imaginative tant ces remparts sont la texture m?me de la cit?.

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