Afrique du Sud: puiser dans les réserves d’or risque de nuire à la banque centrale (S&P)

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Pretoria veut libérer près de 8 milliards de dollars (150 milliards de rands) pour aider à alléger les coûts d’emprunt du pays à court de liquidités.

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Johannesburg - La décision du gouvernement sud-africain de puiser dans les bénéfices des réserves d’or et de change de la Banque centrale (SARB) pour réduire son endettement risque de porter atteinte à l’indépendance de l’institution, a averti mercredi l’agence de notation internationale "S&P Global Ratings".

Le ministre des Finances, Enoch Godongwana, a déclaré lors de la présentation du budget de 2024, la semaine dernière au Parlement, qu’un compte de réserve détenu par la Banque centrale serait restructuré pour libérer près de 8 milliards de dollars (150 milliards de rands) et aider à alléger les coûts d’emprunt du pays à court de liquidités.

«Accorder au gouvernement l’accès aux bénéfices non réalisés pourrait politiser la SARB et donner la priorité aux besoins budgétaires plutôt qu’à une stabilité monétaire et économique plus large», ont souligné dans une note les spécialistes de la notation souveraine au sein de S&P, Zahabia Gupta et Frank Gill.

Ils ont précisé que cette approche adoptée par les autorités sud-africaines constitue une solution limitée et temporaire aux défis budgétaires de longue date du pays.

La banque centrale sud-africaine mène régulièrement des luttes pour sauvegarder son indépendance, alors que certains milieux du Congrès national africain (ANC au pouvoir) appellent à élargir son mandat au-delà de la stabilité des prix pour inclure l’emploi et la croissance économique.

L’Afrique du Sud s’est enlisée durant les dernières années dans un cycle de ralentissement économique sans précédent. Son produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 0,2 % au troisième trimestre de 2023, selon l’Agence des statistiques «Stats SA».

Dans ce contexte, la dette publique a atteint des proportions alarmantes, avoisinant les 80 % du produit intérieur brut (PIB). Selon des données officielles, la dette du gouvernement national dépasse déjà 254 milliards de dollars (4.800 milliards de rands) et devrait atteindre 6.000 milliards de rands d’ici 2025/2026.

Par ailleurs, le déficit budgétaire devrait culminer à 4,5 % du produit intérieur brut (PIB) au cours de l’exercice financier 2024-2025.

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