Le Roi plaide pour une coopération internationale en faveur des pays africains pour les épargner de la vague inflationniste

5437685854_d630fceaff_b-

La ministre de l'Economie et des Finances, Mme Nadia Fettah Alaoui donne lecture au message du Roi Mohammed VI

1
Partager :

Marrakech - Un soutien plus appuyé et une coopération internationale plus conséquente en faveur des pays africains sont plus que jamais nécessaires pour leur épargner d’être sévèrement touchés par la vague inflationniste qui frappe l’économie mondiale et pour les aider à développer une plus forte résilience aux chocs extérieurs, a soutenu le Roi Mohammed VI.

Dans un message adressé aux participants à la Réunion du Groupe africain des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales des Etats africains membres de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Caucus africain), ouverte mardi à Marrakech, le Souverain a indiqué que le monde sortait à peine de l’emprise de la pandémie Covid-19 que l’économie globale s’est trouvée prise dans une spirale de perturbations inédites des chaînes d’approvisionnement et soumise à des pressions inflationnistes croissantes et à une hausse record des cours de l’énergie, des produits alimentaires et des matières premières.

C:\Users\Naïm Kamal\Downloads\MAPPH_20220705_0051_MAP_map.jpg

Vue de la réunion du Groupe africain des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales des Etats africains membres de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international

Cette crise affecte inégalement les pays africains, ses effets variant selon les potentialités économiques et les besoins de chacun en matières premières, notamment énergétiques et alimentaires, a relevé le Roi dans ce message, dont lecture a été donnée par la ministre de l'Economie et des Finances, Mme Nadia Fettah Alaoui, notant que le Continent africain apparaît, dans cette conjoncture difficile, "comme l’une des régions les plus touchées, tant au regard des multiples périls qui menacent sa sécurité alimentaire et énergétique que de la baisse des taux de sa croissance économique".

"Les conditions sociales s’en trouvent ainsi fortement dégradées dans bon nombre de pays africains", a poursuivi le Souverain, soulignant que dans un contexte de pénurie des financements concessionnels et de durcissement des conditions de leur attribution, l’augmentation des besoins en financement entraîne un renchérissement aigu du service de la dette qui plombe davantage la situation économique de nombreux pays africains.

Faisant observer que de nombreuses économies africaines sont peu diversifiées et reposent en grande partie sur l’exportation de matières premières, le Roi a précisé que ces économies pâtissent également de la forte dépendance des filières agricoles des aléas climatiques, ainsi que d’une faible mise en valeur du potentiel démographique considérable dont elles disposent.

"Afin de corriger ces défaillances, les efforts doivent s’intensifier pour élaborer des programmes intégrés de développement, selon des objectifs clairs et des instruments de financement innovants", a soutenu le Souverain, notant que ces dispositifs "devront inscrire le citoyen africain au cœur de leurs préoccupations et s’articuler essentiellement autour d’une mise en valeur des opportunités d’intégration économique entre les pays africains. Ils supposent également une implication active du continent dans la dynamique de transformation numérique et de transition énergétique à l’œuvre dans le monde".

Le Roi a, à cette occasion, mis en avant les progrès accomplis dans l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), qui attestent une fois encore la capacité des pays du Continent à renforcer leur intégration économique selon une vision commune.

La mise en œuvre effective de cette zone dans les meilleurs délais permettra, selon le Souverain, "d’accélérer l’intégration des économies africaines entre elles et dans les chaînes de valeurs mondiales".

"La coopération commerciale et économique Sud-Sud que Nous appelons de Nos vœux s’en trouvera assurément renforcée", a estimé SM le Roi, invitant de nouveau "Nos partenaires bilatéraux et multilatéraux à accompagner les efforts sans cesse déployés par les Etats de Notre Continent, en matière de développement".

Pour le Souverain, cet accompagnement, qui s’inscrit dans le cadre d’un partenariat stratégique gagnant-gagnant, permettra aux Etats africains de se doter des ressources suffisantes pour promouvoir la dynamique de développement durable et, in fine, assurer à leurs peuples respectifs les conditions d’une vie décente et paisible.

Rappelant que la coopération Sud-Sud demeure la voie la mieux indiquée pour promouvoir le développement économique dans les pays du Continent, le Roi a affirmé que le Maroc, fort de sa conviction immuable et de son engagement constant, compte désormais à son actif des réalisations significatives sous forme de projets structurants, à l’instar du projet de gazoduc entre le Maroc et le Nigéria qui devrait fortement contribuer à renforcer la sécurité énergétique de bon nombre de pays africains.

Dette des pays africains : Pour de nouvelles options de financement à vocation structurelle

Le Roi Mohammed VI a souligné l'importance de développer "de nouvelles options de financement à vocation structurelle" en faveur des pays africains, qui font face à la problématique de la dette, considérée unanimement comme l’un de leurs défis économiques majeurs.

Le Souverain a précisé que ces formules de financement structurelles doivent s’appuyer essentiellement sur une mobilisation accrue des ressources locales.

"Pour cela, il convient d’engager des réformes structurantes ayant vocation à améliorer le rendement des régimes fiscaux, accroître l’efficience de la dépense publique, renforcer l’attractivité des investissements étrangers, développer les partenariats public-privé", a indiqué  le Roi dans son message.

La Banque Mondiale et le FMI peuvent, avec d’autres organismes financiers, régionaux et internationaux, proposer des solutions techniques et des formules de financement appropriées qui permettraient aux pays africains, particulièrement ceux à faible revenu, de mieux gérer leur endettement, mais ces solutions restent de nature purement conjoncturelle si l’on considère le déficit de financement colossal dont souffrent ces pays, actuellement confrontés à des besoins de financement gigantesques, estimés annuellement à des centaines de milliards de dollars, a précisé le Souverain.

Le Roi a, à cette occasion, affirmé que l’endettement élevé et le changement climatique sont des défis majeurs qui mettent en péril la stabilité des économies africaines ainsi que la pérennité de leurs modèles de développement, notant que la transition numérique offre, en revanche, aux pays africains d’immenses opportunités de développement dont il convient de tirer le meilleur parti.

S’agissant de la dette, elle est considérée unanimement comme l’un des défis économiques majeurs pour l’ensemble des pays africains dans la mesure où elle obère chaque jour un peu plus les ressources limitées affectées au processus de développement, a poursuivi le Souverain, soulignant que "Bien plus, elle hypothèque l’avenir des générations montantes et met à mal leur droit légitime à la prospérité".

Le changement climatique, un des défis les plus pressants pour l'Afrique

Pour ce qui est du changement climatique, le Roi a assuré qu’il "constitue l’un des défis les plus pressants pour le continent africain, au vu de la gravité de ses impacts qui affectent durablement tous les aspects de la vie dans nos pays".

Bien que les pays africains contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre, principale cause du changement climatique, ils sont paradoxalement parmi les plus vulnérables aux conséquences de ce phénomène à la suite d’années successives, marquées par la sécheresse, une pluviométrie rare, une désertification accrue, a ajouté le Souverain, appelant la communauté internationale à "se montrer réceptive aux revendications portées à cet égard par les pays africains" et de "mobiliser les ressources financières et techniques nécessaires pour soutenir les pays du Continent dans leurs efforts pour enrayer les effets du changement climatique ou pour s’y adapter".

"C’est d’autant plus vrai que l’Afrique est le seul continent à ne recevoir qu’une infime partie des fonds promis dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat", a fait remarquer le Roi.

Le Souverain a invité dans ce sens les Etats africains "à réorienter leurs modèles de développement vers des modes de production et de consommation plus durables, compte tenu des contraintes imposées par le changement climatique, aussi bien en termes de ressources naturelles disponibles que de choix économiques".

 

lire aussi