''Éric Zemmour, un outrage français'' de Driss Ajbali, lu par Nadia Salah

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‘’ M. Ajbali, bon écrivain, avec le sens de la phrase qui fait mouche, est capable de mettre des mots sur ce qu'une grande part des Français ressent sans oser en parler’’ (Nadia Salah) .

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Rabat- Le livre du sociologue Driss Ajbali, "Éric Zemmour, un outrage français", publié récemment par trois éditeurs dans quatre pays, est "un bouquin à ne pas rater" pour comprendre les glissements navrants en France, écrit le quotidien l’Économiste.

"Si comme beaucoup de ce côté sud de la Méditerranée, vous vous attristez de voir l'Europe et particulièrement la France perdre ce qui faisait la force de ses intellectuels, alors précipitez-vous sur le livre du professeur Driss Ajbali", souligne la journaliste Nadia Salah.

"En Librairie, ce bouquin se remarque : on ne peut pas le rater : en couverture, sur un noir très sombre, le profil d'Eric Zemmour. Le titre en rouge et blanc : Eric Zemmour, un outrage français", chez la croisée des chemins, de l'éditeur Abdelkader Retnani", souligne l'auteure de l'article, signalant que la publication est une collaboration marocco-algéro-tunisienne.

"Par les temps qui courent cela mérite d'être souligné", relève-t-elle.

Et, toujours en couverture, cette phrase, lumineuse et inquiétante, de Mouloud Mammeri : "Une erreur scientifique peut tuer des personnes, mais une erreur culturelle peut tuer des générations", soutient Nadia Salah.

Pour l'auteure de l'article, le livre de Driss Ajbali est un grand pavé, 572 pages, pourtant il ne faut pas s'effrayer car il est facile à lire.

"Du bon boulot d'un bon sociologue universitaire, avec le savoir-communiquer pour s'adresser à tout le monde, ou presque", écrit-elle.

Pour Nadia Salah, "au lieu de planifier son propos 'à l'ancienne', par sous thèmes, le Pr. Driss Ajbali adopte un déroulé chronologique, comme l'a fait Zemmour avec son bouquin à "hyper-succès", le Suicide français. Il est et demeure un phénomène de librairie, soutenu par une campagne puissante de communication".

Le sociologue marocain commence son récit-analyse au 1er janvier de l'an 2000. Pas encore de Zemmour dans le paysage médiatique français: son premier livre sortira en 2006. Un brûlot qui enseignera à l'auteur qu'il ne faut pas effrayer son public, mais au contraire, porter ses amertumes et colères, fait observer la journaliste.

Nadia Salah relève qu'année après année, M. Ajbali raconte les événements, les livres, les bons mots ou les discours, qui marqueront les minuscules glissades. Cela ne manque pas de charme, mais ces glissades transformeront la France et apporteront Eric Zemmour au milieu des années 2000. Une sorte de consanguinité se crée entre journaliste et politiciens, journaliste et idéologues. Elle marque la société française et peut-être l'empoisonne.

Pour la journaliste, M. Ajbali, bon écrivain, avec le sens de la phrase qui fait mouche, est capable de mettre des mots sur ce qu'une grande part des Français ressent sans oser en parler. "Driss Ajbali est aussi un très bon écrivain, capable d'user des mots qui font mouche...", écrit-elle.

Nadia Salah précise que le sociologue marocain, spécialiste justement des questions migratoires, a un savoir encyclopédique sur le phénomène mais plus encore sur ce qui entoure les migrations...En les posant bout à bout, il construit ce que les intellectuels, des années 1990 à maintenant, ont voulu à toute force "déconstruire".

Ces derniers, très appuyés par les gourous des hautes sphères médiatiques, ont inventé maintes manières de "tuer symboliquement" leurs contradictions, souligne-t-elle.

Sociologue de formation, Driss Ajbali a une longue expérience dans le domaine de l'immigration, la banlieue et la violence urbaine. Très actif dans le domaine associatif, il a été directeur d'un centre social et culturel durant une décennie, avant de rejoindre l’équipe de Catherine Trautmann en 1996 pour travailler sur le phénomène des voitures brûlées. Il a présidé, pendant plusieurs années, le Comité d’action en faveur des immigrés, mis en place en France en 1952.

Membre durant deux mandats du CCDH est actuellement du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) depuis 2008, M. Driss Ajbali a publié plusieurs ouvrages comme : "Violence et immigration", préfacé par Catherine Trautmann, ancienne ministre de la Culture, "Ben Laden n’est pas dans l’ascenseur"(2002), co-signé avec le journaliste Daniel Riot, sur la peur de l’immigré en Europe, et "Les figures de la presse marocaine", un galerie biographique de 270 journalistes marocains et marocaines qui ont marqué la scène médiatique nationale depuis 1959 à nos jours.

 

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