Pour la liberté d’expression et l’intégrité physique d’Ahmed Charaï et Ridouane Erramdani

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Ahmed Charaï et Ridoune Erramdani

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Par Naïm Kamal

Lors d'une marche organisée à Tanger pour la solidarité avec la Palestine, des slogans ciblant spécifiquement des personnes par ont été scandés, en l'occurrence Ahmed Charaï et Ridouane Erramdani. Ils ont été nommément cités et ainsi désignés à la vindicte populaire. 

Il ne s'agissait pas seulement de l’expression d’un désaccord de fond sur une question sensible, mais de menaces directes susceptibles de se transformer en atteinte à leur intégrité physique, à leur vie et à celle de tous ceux qui expriment des opinions particulières concernant la situation en Palestine. 

Depuis le 7 octobre, le débat sur les réseaux sociaux n’a pas toujours été d’un ton acceptable et d’une saine polémique autour d’un sujet certes important, mais qui appelle à savoir raison garder. 

Déclenchant des passions compréhensibles et des révoltes légitimes, ce qui se passe en Palestine occupée depuis 75 ans et particulièrement à Gaza, déjà meurtrie et martyrisée par 15 ans d’un blocus implacable, transformée depuis le 7 octobre en cimetière d'enfants, pour reprendre l’expression du secrétaire général de l’ONU, est à la fois insupportable et intolérable. 

Pour autant, on peut estimer - même si on le comprend – surtout avant que ne se déchaîne le feu israélien - que la résistance du Hamas a été chercher l’ogre dans sa tanière. On pouvait également, ce 7 octobre, se sentir solidaire des Israéliens. C’est aussi un droit tant qu’il n’est pas suivi de soutien plus que moral à la barbarie coutumière et banalisée d’Israël qui en est, rien que pour ce triste mois d’octobre, à 10 Palestiniens tués, dont quatre enfants et deux femmes, pour un Israélien mort dans l’attaque du Hamas. Un taux macabre appelé à augmenter. 

Il n’en reste pas moins inconcevable et inacceptable dans un État de droit qui a ses institutions qui veillent à sa sécurité et à la sécurité de ses citoyens, que des citoyens en viennent à inciter à la violence, quelle qu’elle soit, verbale ou physique, contre d’autres citoyens pour leurs idées et leurs opinions. 

Il ne s’agit pas d’être d’accord ou pas avec la position d’Ahmed Charaï ou les opinions exprimées par Ridouane Erramdani. Mais de savoir s’il est possible et tolérable à accabler des citoyens d’accusations invérifiables et  d’en venir à exposer l’intégrité physique de Marocains parce qu’ils sont porteurs d’un avis autre que le nôtre. 

Outre que nul n’a le droit de s’ériger en directeur des consciences, en censeur des idées et en juge populaire, il y va de la liberté d’expression et de la vie en commun au sein d’une même communauté. Si on tolère que l’on puisse ainsi impunément exposer à la vindicte de la rue passionnément déchaînée des personnes avec lesquelles on diverge, fût-ce profondément, il faut alors accepter d’Israël sa réaction contre le Hamas et sa barbarie contre les Palestiniens.