Niger : Les questions de Boubou Hama – Par Dr Samir Belahsen

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Boubou Hama, Instituteur et directeur d'école, Boubou Hama, président de l'Assemblée nationale de 1958 à 1974, auteur de « Contes et légendes du Niger » et « Aujourd'hui n’épuise pas demain

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 Le visiteur … Par Samir Belahsen

La littérature nigérienne, méconnue chez nous, traite d’abord des problèmes politiques et sociaux posant la question du bien-fondé de certains choix et comportements dans la société nigérienne contemporaine. On y dénonce de les attitudes jugées contre le progrès social : conduites rétrogrades dans le mariage, des injustices à l'endroit des plus faibles ou encore les mauvaises gestions des affaires publiques.

La littérature francophone nigérienne trouve ses racines dans les années postindépendance, avec des auteurs tels que Abdoulaye Mamani ou Oumarou Nao. Si, leurs œuvres étaient principalement axées sur la question de l'identité et de la condition sociale des Nigériens, la littérature nigérienne plus récente s’intéresse aussi au récit véridique, quasi-biographique chez Boubou Hama, Léopold Kaziende, Zada.

Ide Adamou, Abdoulaye Mamani et Hélène Kaziende se sont attaqués aux fictions.

C’est par Boubou Hama et ses deux œuvres « Contes et légendes du Niger » et « Aujourd'hui n’épuise pas demain » que j’ai approché cette littérature.

Boubou Hama qui était aussi président de l'Assemblée nationale de 1958 à 1974 est décédé en 1982.

En attirant l’attention sur l’Afrique, il avait eu, il y a un demi-siècle, l’audace de poser les bonnes questions pour le Niger :

Que croire ?

Qui croire ?

Comment croire ?

Il faut dire que l’histoire du Niger a connu différentes civilisations précoloniales, notamment les empires songhaï, kanem-bornu, mossi et touareg. Ces empires ont exercé un certain contrôle politique sur le territoire nigérien, régissant les échanges commerciaux, les alliances et les conflits avec leurs voisins. 

Au XIXe siècle, le Niger est colonisé par la France et intégré à l'Afrique Occidentale française (AOF). Pendant la colonisation, le Niger a été exploité pour son potentiel économique, en particulier ses ressources minérales et son potentiel agricole.

Après la Seconde Guerre mondiale, le Niger entre dans une période de lutte pour l'indépendance. Des mouvements nationalistes, tels que le parti Sawaba, revendiquent la libération du pays.

Le 3 août 1960, le Niger obtient son indépendance de la France, devenant ainsi la République du Niger. Hamani Diori, l'un des leaders nationalistes, devient le premier président de la République.

Les premières années de l'indépendance sont marquées par une instabilité politique, avec plusieurs coups d'État militaires. En 1974, Seyni Kountché prend le pouvoir à la suite d'un coup d'État militaire et instaure un régime autoritaire. 

En 1991, une conférence nationale est organisée, marquant le début de la transition vers un régime démocratique. Mahamane Ousmane est élu président en 1993 lors des premières élections démocratiques du pays.

Cependant, l'instabilité politique persiste avec des changements de gouvernement fréquents et des conflits entre les différents groupes ethniques et politiques du pays, notamment entre le nord et le sud.

Le Niger entretient des relations étroites avec ses voisins, compte tenu de sa position géographique enclavée dans la région du Sahel.

Le Niger partage une frontière terrestre avec le Nigeria, son voisin le plus peuplé et le plus puissant économiquement. Les relations entre les deux pays ont été marquées par des défis tels que la contrebande, le vol de bétail et la lutte contre le terrorisme, en particulier dans la région du lac Tchad.

Le Niger partage également une frontière avec le Mali. Les deux pays ont été confrontés à des défis similaires, notamment la présence de groupes terroristes et la menace de l'insécurité dans la région du Sahel.

Le Niger entretient de larges relations économiques importantes avec l'Algérie et la Libye voisines, en raison de l'exploitation des ressources naturelles, en particulier le pétrole et le gaz. 

Aujourd’hui, le rapport de force ayant tourné en faveur des putschistes, le président nigérien refuse toujours de démissionner. Il est toujours séquestré par les militaires, qui ont obtenu le soutien du chef d’état-major qui a enterré les espoirs du camp présidentiel.

Emmanuel Macron vient de condamner « avec la plus grande fermeté le coup d’État militaire » qu’il a qualifié de « dangereux » pour la région.

Le fait que certains pro-putschistes ont soulevé le drapeau russe parait suffire pour plusieurs pour affirmer une main de la Russie dans le coup d’Etat, compte tenu des précédents Malien et Burkinabé. La France, l’Union européenne et le Kenya ont indiqué ne pas reconnaître les nouvelles autorités en place.

Le général « président » a fustigé la dégradation de la situation sécuritaire miné par la violence de groupes djihadistes la dure réalité avec son lot de morts, de déplacés, d’humiliation et de frustration.

Il reproche à l’ancien régime son approche sécuritaire qui n’a pas permis de sécuriser le pays en dépit de lourds sacrifices consentis par les Nigériens et le soutien appréciable et apprécié des partenaires extérieurs , la France et les États-Unis principalement.

C’est à se demander, si ce n’est pas l’occident qui n’est pas en train de pousser les putschistes dans les bras de Moscou.

Ainsi, cinquante ans après Boubou Hama, les questions demeurent…

Que croire ?

Qui croire ?

Comment croire ?

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