L’Algérie de Tebboune, sans perspectives ni horizon – Par Seddik Maaninou

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Plus grand, plus fort, plus loin… cette propension de M. Tebboune a avoir le verbe toujours haut que… ne peut ne pas inciter à reprendre l'une des formules qu'il voulait assassine à l’égard du Maroc : du vent dans pneus

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Des Ages et des hommages - Par Seddik MAANINOU

Les militaires algériens ont mobilisé d'importantes forces suite à une réunion surprise du Conseil de sécurité algérien, en l'absence de ses composantes civiles. L’armée a déployé un énorme contingent à Béchar en face d’Errachidia, et à Tindouf, en face d’El Mahbes... 

Le commandement militaire n’a pas divulgué les raisons de cette énième parade guerrière, laissant la question ouverte : ce déploiement reflète-t-il une "nervosité passagère", un acte d'intimidation ou l'indicateur d'une action belliqueuse ? 

Propagande 

Cette escalade de la tension survient dans des circonstances internes extrêmement préoccupantes, marquées par la fébrilité du président Abdelmadjid Tebboune qui continue de mobiliser sa machine de "propagande" pour vendre ses ''succès'' et légitimer son prétention à un second mandat. Un arsenal complet de porte-voix est déployé pour valider l'idée de "la nouvelle Algérie" émanant de M. Tebboune, auquel l’Algérie devrait ses "grandes" réalisations et son retour en force sur la scène internationale...

Les médias, autrefois parmi les meilleurs de la région, réduits à l’obséquiosité, chantent les louanges et jouent du violon sous le balcon du président qui a ''obtenu un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies'', le présentant comme une victoire écrasante de Abdelmadjid Tebboune et de ''sa politique basée sur la paix et la sécurité". Pour attiser la flamme nationaliste du pays, il s'est empressé de débloquer des fonds importants pour ériger un monument d’Abdelkader El-Djezairi à la hauteur de l’ego hypertrophié du pouvoir algérien. Il serait le plus grand du pays, bien que la vie de ce combattant se soit terminée sur une amitié suspecte et avérée avec le colonisateur français. 

Gonflage des pneus 

Lorsqu’un observateur tente de faire le bilan des réalisations économiques de M. Tebboune à la présidence de l’Algérie, il ne peut que constater que l'économie algérienne repose toujours sur la rente pétrolière et gazière, que l'appareil de production est à l'arrêt, et que le capital est réticent à prendre des risques dans un pays qui manque d’une politique claire dans ce domaine et dont les ministres changent constamment. Le fer de Garat Jebilet, par exemple, est toujours en place, malgré la publicité trompeuse sur le début de son exploitation... et les bassins de phosphate sont dans l’attente de la mise en œuvre de leur exploitation... tandis que le grand port, près d'Oran, cherche encore quelqu'un pour le prendre en charge et le transformer, selon la propagande algérienne, en un port rivalisant avec le port de Tanger Med... M. Tebboune, friand de superlatifs, avait annoncé également l'ouverture de la plus grande usine d’Afrique de production d'huile, avant de découvrir, confondu, que la matière première nécessaire n'était pas disponible et qu'il fallait l’importer par milliers de tonnes..."

Plus grand, plus fort, plus loin… cette propension de M. Tebboune a avoir le verbe toujours haut que… ne peut ne pas inciter à reprendre l'une des formules qu'il voulait assassine à l’égard du Maroc : «Ils se contentent de mettre du vent dans les pneus et prétendent qu'ils fabriquent et exportent des voitures...». Est-il vraiment nécessaire de paraphraser cette formule pour la lui renvoyer avec un accusé de réception ? 

Les barques de la mort 

Aujourd’hui, en dépit d’une répression féroce, les manifestations populaires se multiplient et gagnent en intensité pour résister à la répression policière, dénoncer la suppression des libertés et la fermeture des médias, condamner les arrestations de dissidents et les procès iniques, et décrier la création d'une atmosphère de peur et de terreur rappelant les pratiques de la Corée du Nord... 

La situation économique, caractérisée par une pénurie récurrente de produits de première nécessité, n’est pas en reste. Les files d'attente pour le lait, l'huile, la farine et même les bouteilles de gaz dans un pays producteur de gaz... et récemment des files d'attente de dentistes à la recherche d'anesthésiques pour leur travail quotidien, sont un démenti ‘’on live’’ des fanfaronnades de Tebboune. 

La tension sociale s'aggrave. Augmentation de la consommation de drogues, taux de chômage élevé et hausse du chômage des jeunes qui viennent renflouer les rangs interminables des ‘’hittistes’’ (c’est ainsi qu’on désigne en Algérie la jeunesse désœuvrée qui passe son temps adossée aux murs). La corruption des étudiantes dans les enceintes universitaires et des relations d’abus atteint des sommets, et l'exploitation de jeunes filles algériennes dans des pratiques dégradantes, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, bat son plein. En somme, ces tristes réalités classent la nouvelle Algérie au premier rang des pays d'Afrique du Nord où la jeunesse embarque sur des «barques de la mort» à la recherche d'un avenir qui se termine souvent dans les ténèbres de la Méditerranée. 

Mouvement de contestation 

Face à cette détérioration de la vie quotidienne des citoyens, l'armée continue de renforcer son emprise sur l'État et la société, et mène une guerre de positions qui a conduit à l'arrestation de dizaines d’officiers supérieurs et à leur comparution dans des procès inéquitables. Il en a résulté des mouvements de protestation et de désobéissance au sein de l'armée... Dans ses casernes, des alliances et des indices sont apparus, appelant à la nécessité de changement... changement de leadership... changement de stratégie... changement du traitement des soldats et des officiers subalternes... Et bien que des milliards aient été dépensés pour davantage d'armements, une crise de pièces détachées est apparue pour les chars, les avions et les submersibles, exacerbée par la guerre en Ukraine. Il n’en faut pas plus pour aggraver la tension dans un pays qui, depuis près de quarante ans, ne sort d’une crise que pour entrer dans une autre. Une tension permanente à laquelle il ne réagit que par davantage de crispation, de peur du retour du mouvement populaire la réémergence d'appels en faveur d'un "État civil et non militaire", qui pourrait balayer l'armée du pouvoir qui s'y accroche comme une bernique à son rocher. 

Détournement de l'attention 

Ainsi, l'échec frappe un État "de la dimension d'un continent", qui dispose d'énormes réserves de gaz, de pétrole et de dizaines de minéraux... Malgré cela, Tebboune cherche n'importe quelle excuse pour détourner l'attention de la population de ses revers, alors que la seule politique qu'il semble maîtriser est celle de mentir à ses citoyens avec un penchant aigu pour l’exagération... 

"La nouvelle Algérie" est sans horizon ni projets structurés, ni afflux de capitaux, ni approvisionnement en biens de consommation nécessaires... Et la seule préoccupation, obsessionnelle, de M. Tebboune est de se faire reconduire pour un nouveau mandat, sans se préoccuper qu’ainsi il se joue de l’avenir et joue le destin de tout un peuple... Ce que l'Algérie vit actuellement, l'histoire n’en retiendra qu’une seule vérité : M. Tebboune est le pire président de la République que l'Algérie ait eu en soixante et un ans d’indépendance."

 

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