Le ‘’nouveau’’ paradigme Afrique de Macron : Équilibre ? Réciprocité ? Profonde humilité ? - par Dr Samir Belahsen

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Le président français Emmanuel Macron lors de son discours pour présenter la stratégie rénovée de la France pour l'Afrique’’ au palais de l'Élysée à Paris, le 27 février 2023. (Photo : Stefano Rellandini / POOL / AFP)

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La cause… Par Samir BELAHSEN

"L'Afrique n'est pas un pré carré", mais "un continent où ne devons bâtir des politiques communes, défendre nos intérêts et aider les pays africains à mieux réussir".  "Je n'ai aucune nostalgie vis à vis de la Françafrique"

Emmanuel Macron 

“Le bonheur c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles.”

 Gandhi 

La veille de son déplacement dans quatre pays d'Afrique centrale, Emmanuel Macron définit sa "vision du partenariat avec les pays africains". Un discours qui fixe le « nouveau » cap de la stratégie politique et militaire de la France en Afrique. Du 01 Mars au 05, il se rendra au Gabon, en Angola, au Congo et en République démocratique du Congo (RDC).  A Libreville, il participera à un sommet sur la préservation des forêts du bassin du fleuve Congo.

Un contexte de crises

Les relations entre la France et les pays du continent s'est beaucoup dégradée au cours des derniers mois. Quelques exemples : Au Mali, les soldats français se sont retirés. Au Burkina Faso,  l'ambassadeur de France et les forces spéciales françaises ont été remerciés.

Au Maroc, on assiste à une crise sous silence assourdissant. Réduire cette crise à une polémique n’est pas une façon de la régler. La fuite en avant est la plus mauvaise façon d’avancer.

L’Algérie avait rappelé son ambassadeur suite à ce qu’elle a qualifié « d’exfiltration » de l’activiste Bouraoui. L’Algérie, le berceau de la démocratie, ne l’a pas toléré.

Le  président  algérien nous avait appris, la semaine dernière, que « toutes les démocraties européennes sont nées en Algérie ».

Pour la Tunisie, la France vient d’exprimer sa préoccupation face aux récentes vagues d’arrestations, et appelé les autorités tunisiennes à veiller au respect des libertés individuelles et des libertés publiques, notamment la liberté d’expression. 

Rappelons que le Gabon  avait préféré rejoindre le Commonwealth plutôt que de perdre son temps avec la francophonie, sans trop de bruit. 

C’est dire que le terme « dégradation » est un peu faible.

Équilibre, réciprocité et profonde humilité 

Ce sont les nobles promesses de la nouvelle politique française en Afrique annoncées par le président Macron.

Il a bien expliqué qu’il ne souhaitait pas «entrer dans une compétition stratégique» imposée, selon lui, par «ceux qui s’y s’installent avec leurs armées et leurs mercenaires. Beaucoup voudraient nous inciter à entrer dans une compétition, que je considère pour ma part comme anachronique (…).C’est le confort des grilles de lecture du passé : mesurant notre influence aux nombres de nos opérations militaires, ou nous satisfaire de liens privilégiés exclusifs avec des dirigeants, ou considérer que des marchés économiques nous reviennent de droit parce que nous étions là avant. Ce temps-là a vécu».

On peut retenir de ce discours la franche volonté de maintenir une relation privilégiée avec le continent africain, face aux stratégies agressives de la Russie, de la Chine, et  même de la Turquie. 

Même si l’Afrique regarde ailleurs, la France tient à l’Afrique. Du moins, c’est ce qui est annoncé.

 «L’Afrique n’est pas un pré carré, il faut passer d’une logique d’aide à celle d’investissement. La France a une amitié qu’il faut assumer, des intérêts et des devoirs. Il faut le dire clairement. Nous n’imposerons pas nos valeurs, mais nous allons collaborer avec ceux qui s’y retrouvent».

Concernant la coopération militaire il a affirmé que les bases militaires françaises vont entrer dans une logique de cogestion, avec une diminution d’effectifs.

Un nouveau paradigme Afrique de Macron ?

La France veut-elle  vraiment une nouvelle  collaboration juste avec les pays africains ou simplement recouvrer sa présence dans le continent ?

Cherche-t-elle simplement à limiter les dégâts ?

Partout en Afrique, on jugera les actes car un discours, ne fait le printemps. Les bonnes paroles et les bonnes intentions ne font ni l’amitié ni la performance. Et une cuillérée d'autocritique ne pourrait remplacer une vraie politique de partenariat réellement ''mutuellement fructueux''. 

 

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