JUIFS ET MUSULMANS DE FRANCE, QUI SONT LES PYROMANES - 3/5 : La Fondation ''2 mars''

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Elizabeth Levy, patronne de Causeur, un mensuel réactionnaire. Inlassable et infatigable, cette femme écume, avec sa toge de chroniqueuse, les télés, les radios et la presse écrite. Elle mène, depuis 2003, un combat quasi-messianique. Elle est comme aux avant-postes de la guerre des civilisations au sens que lui donne Samuel Huntington

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Dégage, une injonction effervescente* dans un verre d'eau - Par Driss Ajbali

Après avoir, dans une deuxième partie, démantelé l’évolution de l’image de l’immigré, le maghrébin en particulier, dans l’imaginaire politico-médiatique français, Driss Ajbali décortique dans la troisième partie le rôle de la Fondation 2 mars dans la ‘’hamassisation’’ de l’image de la jeunesse des banlieues françaises.

C’est l’histoire d’une comète disparue mais dont la trainée gazeuse se maintient jusqu’à nos jours. Personne ne parle plus de la fondation « 2 mars ».  Pourtant, cette association a marqué le débat sur l’immigration… au fer rouge.   

On est en 1998. La gauche plurielle est au pouvoir. Chirac est à l’Élysée et Jospin à Matignon. A Jean-Pierre Chevènement reviendra le ministère de l’intérieur et du culte. Un certain nombre d’intellectuels, dont des chevènementistes vont prendre une initiative. Ulcérés par ce qu’on qualifiait alors de pensée unique, essentiellement incarnée par la fondation Saint-Simon, ils créèrent, le 2 mars 1998, une fondation baptisée Marc Bloch. Ce nom illustre devait imprégner l’esprit de ce « Think-tank » déterminé à faire pièce à la langue de bois régnante et à imposer des débats « interdits » par le politiquement correct. Il est vrai que Marc Bloch, historien et résistant, fut torturé et exécuté par la Gestapo. Son nom incarne pour beaucoup l’alliage entre le savoir et l’esprit de résistance.

Lire la première partie :  JUIFS ET MUSULMANS DE FRANCE, QUI SONT LES PYROMANES – 1/5 : LA FIN D’UN CYCLE ET D’UN MYTHE – PAR DRISS AJBALI

A l’occasion d’un conseil d’administration, le 11 avril 2000, la fondation, se redonnera un autre nom. Il fait simplement référence à la date de sa constitution. C’est suite à une décision judiciaire, dans un procès intenté par le fils de l’historien qui refusa qu’on préempte le nom de son père.

Parmi les éléments les plus actifs et entreprenant, il y avait Elizabeth Levy. Elle est l’actuelle patronne de Causeur, un mensuel réactionnaire. Inlassable et infatigable, cette femme écume, avec sa toge de chroniqueuse, les télés, les radios et la presse écrite. Elle mène, depuis 2003, un combat quasi-messianique. Elle est comme aux avant-postes de la guerre des civilisations au sens que lui donne Samuel Huntington.  Elle a, aujourd’hui, son rond de serviette chez Pascal Praud, l’ancien journaliste sportif, devenu la star des coups-francs verbaux. 

Elizabeth Lévy fut secrétaire générale de l’association « 2 mars » comme ce sera le cas son mentor et ami Phillipe Cohen, auteur avec Pierre Péan d’un livre sur le journal Le Monde. En son temps, ce gros pavé avait fait beaucoup de bruit. Avant la présidence de Pierre-André Taguieff de 2001 à 2003, l’association a bien édité deux trois essais, tombés dans l’oubli depuis comme ce sera le cas du livre-entretien qu’avait commis Elizabeth Lévy avec Malek Boutih. On se souvient que ce dernier se faisait traiter, dans les quartiers, de « Bounty » : blanc de l’intérieur et noir à l’extérieur. 

La production intellectuelle la plus décisive verra le jour durant le mandat de Taguieff, notamment en collaboration avec la collection Mille et une nuit, acquise par Fayard en 1999. Il s’agira notamment de La Nouvelle Judéophobie dont il est l’auteur et du fameux Les territoires perdus de la République, un livre collectif coordonné par un certain Emmanuel Brenner, alias Georges Bensoussan.

Lire la deuxième partie : JUIFS ET MUSULMANS DE FRANCE, QUI SONT LES PYROMANES - 2/5 : DE L’IMMIGRÉ AU MUSULMAN – PAR DRISS AJBALI 

Ces deux ouvrages furent écrits à Paris certes. Mais ils furent, tous les deux, inspirés par l’air israélien plongé dans le fracas de guerre depierre menée par le Hamas. Les auteurs se sont mis au diapason avec la seconde intifada. Ils vont développer l’idée que l’avenir des quartiers de France sera, si l’on n’y prend pas garde, similaire aux territoires occupés. Que l’avenir de la France sera, à terme, semblable à celui du Proche-Orient. Le jeune immigré, maghrébin et musulman, préfigurait, ainsi le combattant du Hamas. Ils vont, si j’ose dire, « hamassiser » la jeunesse des banlieues française. 

Ils ne seront pas les seules, le philosophe Shamuel Trigano a déclaré dans la même veine « Les juifs de France visés par l’Intifada ». Dans un journal israélien, le Haaretz, Roger Cukierman, président du CRIF déclara que « le succès de Le Pen en 2002 servirait à réduire l’antisémitisme musulman et le comportement anti-israélien, parce que son score est un message aux musulmans leur indiquant de se tenir tranquille ». Dans le même journal, Finkielkraut, dira en 2005, que si en France, il n’y avait pas d’attentat comme en Israël, « on se trouve à une autre étape : je pense qu’il s’agit de l’étape du pogrom antirépublicain. Il y a des gens en France qui haïssent la France comme République » 

Remarque de taille, Éric Zemmour ne parlait jamais de ces sujets. Il faudra attendre 2006 avant qu’il s’y mette, à son tour. 

Il y a lieu de préciser une chose. Pierre-André Taguieff n’est pas juif. Né d’un père russe et d’une mère polonaise, il a vu le jour à Paris, en 1949. Tariq Ramadan, se mordra les doigts en commettant le parjure de le classer dans une liste d’intellectuels juifs. Levée de bouclier dans le landerneau. Pour Philippe Val de Charlie Hebdo, « enjuiver » un intellectuel qui n’est pas juif, c’est l’essence même de l’antisémitisme.