Cinéma, mon amour de Driss Chouika - CINÉMA ET MUSIQUE: QUAND LA MUSIQUE CHANTE LE CINÉMA, C’EST SUBLIME ET MAGIQUE

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D’un simple accompagnement pratique du temps des longues années du cinéma muet, la musique a acquis aujourd’hui une force universelle dans la construction narrative d’un film

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Cinéma, mon amour de Driss Chouika : LE CINEMA NATIONAL DE LA ''RICHESSE''  A UNE ''PAUVRETE '' THEMATIQUE ET ESTHETIQUE

« Le cinéma en tant que rêve, le cinéma en tant que musique. Aucun art ne traverse, comme le cinéma, directement notre conscience diurne pour toucher à nos sentiments, au fond de la chambre crépusculaire de notre âme ». Ingmar Bergman.

Dans un film, dans le sens d’une œuvre cinématographique, la musique est aujourd’hui une composante essentielle. Elle contribue à donner le ton et assurer le rythme du film dans sa globalité. Ainsi, le compositeur est devenu l’un des collaborateurs principaux du réalisateur qui demeure le maître de l'œuvre. Pour en arriver là, le rapport du cinéma avec la musique a bien évolué dans le temps, depuis la naissance du cinéma à la fin du siècle dernier à nos jours. C’est à cette évolution que j’ai choisi de consacrer le soixantième numéro de cette chronique.

Il faut d’abord noter que ce choix est né de la fameuse soirée “Cannes chante le cinéma“, diffusée par France 2 le soir de la clôture du 76ème Festival de Cannes, une ode aux musiques de films et aux chansons qui ont marqué l’histoire du cinéma. Une soirée merveilleuse qui a également inspiré le titre de la présente chronique.

D’un simple accompagnement pratique du temps des longues années du cinéma muet, la musique a acquis aujourd’hui une force universelle dans la construction narrative d’un film. Elle a été destinée initialement à remplir certaines fonctions purement pratiques : couvrir le bruit gênant des premiers projecteurs, distraire et rassurer les spectateurs dans le noir, créer une illusion de continuité entre les scènes, renforcer le rythme et l’émotion des images muettes...

Techniquement, et aussi historiquement, c’est l’américain Thomas Edison qui a été, avec son assistant William Kennedy Laurie Dickson, à l’origine des premières expériences et créations des premiers appareils d’enregistrement et de projection de son optique en synchronisation avec celle de l’image. Des français, principalement sous l’égide de la société Gaumont, avaient suivi le mouvement. Aujourd’hui, le grand développement des technologies de création et de synchronisation du son et de l’image a permis le dépassement de cet handicap et l’évolution de la problématique à sa dimension artistique et créative. 

DE L’ACCOMPAGNEMENT A LA CREATION

Ainsi, d’un moyen d’accompagnement pratique et technique, la musique a fini par s’imposer comme élément constitutif essentiel de l’ensemble de la création filmique. Les pratiques diffèrent certainement selon les préférences et choix des réalisateurs, mais l’évolution générale a contribué à créer et tisser des liens étroits et intimes entre les réalisateurs et les compositeurs de musique.

On a abouti à un rapport cinéma/musique aussi étroit à travers un développement évolutif, de l’utilisation du répertoire de la musique classique à la composition d’une Bande Originale ou Musique Originale du film. Hollywood parle de “Original Motion Picture Soundtrack“ (Bande originale du film) et de “Original Motion Picture Score“ (Musique originale du film), en passant par toute une panoplie d’étapes intermédiaires.

L’intervention créative et expressive de la musique dans la construction dramatique et narrative du film est aujourd’hui globale et peut revêtir aussi bien un caractère thématique, esthétique ou symbolique. En tout cas, elle dépasse largement sa caractéristique première d’illustration sonore et musicale d’une séquence pour embrasser son champ significatif et émotionnel global. Les compositions musicales modernes pour les films dépassent leur simple rôle de soutien d’un discours cinématographique écrit et conçu exclusivement par le langage de l’image, mais a bien acquis le statut de partie intégrante de ce langage. Le compositeur Igor Stravinsky la comparait dans le temps à une espèce de “papier peint“ destiné à enjoliver et consolider la force de l’image. Aujourd’hui elle contribue à la construction dramatique et esthétique du film, c’est-à-dire devient l’une des composantes de la création du sens du récit filmique.

DE L’ILLUSTRATION A L’INNOVATION

Il ne faut pas oublier que l’évolution du rôle de la musique dans un film a toujours été tributaire des contraintes techniques qu’a connues le 7ème Art au cours de son histoire. Même en tant qu’accompagnement et illustration des images muettes, la musique est passée par plusieurs étapes. Et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts dans ce domaine, depuis les musiciens ou orchestres qui jouaient en direct, derrière l’écran, des morceaux musicaux ou des symphonies ou parties de symphonies ou chants et chansons populaires, aux compositions spéciales gravées sur pellicule en synchronisation avec l’image, à l'utilisation des technologies actuelles plus sophistiquées. Ce développement technologique a largement contribué à l’enrichissement du rapport du cinéma et de la musique.

Ce développement technologique, outre le fait d’avoir permis à la musique de passer du statut de l’illustration à celui de la création et de l’innovation, a également rendu plus rentable la collaboration entre les réalisateurs et les compositeurs, aujourd’hui reconnus un peu partout comme des auteurs, sur un pied d’égalité ou presque, toutes proportions gardées sur le fait essentiel que le réalisateur demeure le maître d’œuvre incontesté du film. Aujourd’hui, le domaine du cinéma est bien plus riche avec un nombre important de talentueux compositeurs de musique de films. Et la soirée “Cannes chante le cinéma“, citée plus haut, en est bien le témoin.

Oui, la grande avancée de la technologie numérique a contribué à l’élargissement grandissant du domaine de la création cinématographique.

 

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