Bienvenue à l’Algérie sur l’Atlantique… - Par Talaa Saoud ATLASSI

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Le Roi Mohammed VI prononçant le discours de la Marche Verte le 6 Novembre 2023. A sa droite, le Prince héritier Moulay El Hassan

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L'Algérie dans le miroir des BRICS – Par Talaa Saoud Atlassi

Deux semaines après, le discours du Roi Mohammed VI, célébrant la récupération par le Maroc de ses provinces du Sud, a commencé à prendre forme et à s’ancrer dans l’esprit des élites africaines. Dans ce discours, le Roi a décliné sa stature de dirigeant africain qui met le cap, par des initiatives historiques concrètes, sur une voie africaine de développement arrimée à la façade atlantique du Continent. 

A Tanger, lors du forum MEDays, des experts de notre continent ont mis en exergue les perspectives prometteuses de cette orientation royale, soulignant le besoin à cette fin d’une flotte maritime navigant le long du littoral atlantique. D’aucuns parmi eux ont soutenu que le Royaume, au vu de son expertise et de sa disposition logistique, est le mieux à même d’accomplir cette performance.

Par et pour les Africains

Juste après, le ministre des Transports, Mohamed Abdeljalil, a indiqué que son département a entamé les études de faisabilité de cette flotte. C’est visiblement le lancement de la course de mille lieues, dont le colossal premier pas est le gazoduc transatlantique devant acheminer le gaz nigérian, via plusieurs pays africains, vers l’Europe. 

Ce sont ainsi deux projets qui s’emboitent pour alimenter le renouveau de l’Afrique à la force des flots de l’Atlantique, suivant une conception savamment cousue par le Roi Mohammed VI pour un projet de développement continental auquel s’arrime intrinsèquement et dans la réciprocité, l’entreprise nationale de développement.

Dans ce discours, d’une portée à la fois nationale et africaine, le Roi Mohammed VI a lancé un appel pour une initiative internationale en faveur des pays sahélo-sahariens, en vue d’y entamer un processus de développement à travers l’ouverture d’un accès de ces pays à l’Atlantique. C’est une innovation qui substitue des entrées nouvelles aux voies de développement dans ces pays, à une perception, jusque-là proéminente, autant chez les Etats du voisinage que chez les puissances néocoloniales, qui privilégie la solution militaire et l’intrigue pour maintenir ces espaces sous influence, et ses ressources exploitables à moindre cout. 

Le Roi s’est attardé sur les carences structurelles du développement de ces pays et qui requièrent, pour les surmonter, une coopération internationale qui ferait de l’accès à l’Atlantique un moyen et une finalité. Ce n’est pas une chimère qui est ainsi commercialisée pour perpétuer une zone d’intérêt, mais d’un plan africain, par les Africains et pour les Africains, bénéfique à tous et dans lequel chacun trouvera son compte, y compris ses partenaires internationaux. 

A la place du rêve obsessionnel

Faut-il le rappeler ou faut-il même le dire, ce projet grandeur nature, répond quelque part, fut-ce indirectement, à ce passage à l’Atlantique qui a tant hanté les rêves de l’ex-président algérien le colonel Houari Boumediene. Mue par la volonté de nuire au Maroc en tentant de l’isoler de son prolongement africain, cette hantise est à l’origine de la velléité séparatiste visant la création ex nihilo au Sahara marocain d’un pseudo-Etat censé servir à la direction algérienne de tremplin vers l’Atlantique. Ce rêve, à l’origine des tensions continues autour du Sahara marocain, persiste, depuis un demi-siècle, à paralyser les relations algéro-marocaines et d’hypothéquer leurs perspectives d’évolution vers un avenir mutuellement bénéfique.

A plusieurs reprises, le Roi Mohammed VI a adressé des appels fraternels publics au président algérien pour le dialogue, l’entente et la coopération entre les gouvernements des deux pays. Il y a maintenant cinq ans, le Souverain est allé jusqu’à proposer au président Abdelmadjid Tebboune de choisir les objets du dialogue, son timing et son format. ‘’Depuis mon accession au trône, a-t-il rappelé dans son discours du 6 novembre 2018, j'ai appelé avec sincérité et bonne foi à l'ouverture des frontières (...), à la normalisation des relations maroco-algériennes". Il a proposé à cette fin un nouveau "mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation" en précisant que "le niveau de représentation au sein de cette structure, son format, sa nature (étaient) à convenir d'un commun accord", le Maroc étant ‘’ouvert à d'éventuelles propositions et initiatives émanant de l'Algérie" pour asseoir les relations entre les deux pays "sur de solides bases de confiance, de solidarité et de bon voisinage". 

Un autre appel subtil

Mais là où l’on était en droit de s’attendre à la réaction d’un Etat doté d’une raison et de moyens d’analyse lui permettant de réduire les pertes et de maximiser les gains dans sa coopération avec le Maroc, Alger, comme à son habitude, a, pour la énième fois, fait la sourde oreille, non sans  l’assortir de postures et de verbiages qui suintent l’arrogance affectée.

La proposition royale pour le développement des pays de la zone sahélo-saharienne est, à mon sens, un autre appel subtil, qui s’inscrit dans le prolongement des appels adressés à l’Algérie en vue d’aborder autrement l’avenir au lieu de s’agripper au militarisme du passé dont il est urgent de s’affranchir pour mieux voir loin en analysant correctement le présent à la lumière précisément de ce passé infécond.  

Une fois encore, une opportunité de plus s’offre à la direction algérienne pour s’inscrire dans un mouvement d’ensemble qui guérit des égoïsmes erronés et avantage le processus fructueux que représente l’accès à l’Atlantique, au même titre que l’ensemble des pays de la région sahélo-saharienne. Alger pourrait y occuper une place pionnière en intégrant et en stimulant la coopération internationale requise à cet effet, une place où elle sera un acteur agissant dans sa collaboration avec le Maroc et dont elle sera un des plus importants bénéficiaires. La direction algérienne aura enfin la possibilité de donner corps à son rêve d’accès à l’Atlantique, mais dans le contexte d’une coopération avec le Maroc, qui soit pacifique, équitable, pérenne, consensuelle et surtout fraternelle.