Dilution des responsabilités

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La rentrée est réellement visqueuse. Tout le monde est en attente d’un remaniement ministériel dont on ne connait pas les contours et qui n’est même pas à l’ordre du jour des partis de la majorité, ou de la commission qui doit réfléchir au nouveau modèle de développement.

Ce sont deux événements importants, mais ils n’expliquent en rien l’ambiance attentiste, flasque, actuelle. Car la vie continue, les institutions fonctionnent ou pas, le pays n’est pas à l’arrêt. La nature s’en mêle, le drame de Taroudant a ému l’opinion publique. Ce drame est révélateur d’une situation, mais aussi d’un état d’esprit qui constitue un véritable handicap. Dès qu’il y a un problème on se cache derrière un concept : l’Etat. On ne sait plus quel est le contenu de ce concept, puisque le gouvernement, pourtant élu, n’en fait pas partie dans l’imaginaire populaire.

Dans l’incident du stade emporté par les flots à Taroudant, les responsabilités sont très locales. Que le Président de la commune déclare que c’est du « Mektoub » est tout à fait irrespectueux vis-à-vis des victimes et n’a aucune relation avec une analyse froide des réalités. Ce terrain a été construit sur le lit d’un oued en infraction à la loi 10-95 qui interdit les constructions autour des cours d’eau. Les responsabilités sont celles des élus locaux, de l’autorité territoriale, mais aussi des citoyens, puisque c’est une association qui a mené ce projet.

Au-delà de ces péripéties, nous sommes réellement face à un défi conceptuel. Pouvons-nous atteindre nos objectifs nationaux de démocratie, de développement, de modernité, tout en considérant que le seul acteur responsable c’est l’Etat ? La réponse est assurément non.

Trop d’acteurs fuient leurs responsabilités en se cachant derrière des griefs, qui peuvent être justifiés, vis-à-vis de l’Etat. C’est juste le contraire de l’esprit de la constitution qui plaide pour une société participative inclusive et des principes universels de la démocratie. L’Etat n’est pas responsable de l’incompétence de l’élu local ou de l’incivilité du citoyen. Les discours Royaux, de la fête du Trône et de la commémoration du 20 août, ont fixé un nouveau cap, celui d’un nouveau modèle de développement centré sur l’humain, capable d’inclure toutes les couches sociales et de sortir des millions de Marocains de la précarité. C’est un projet immense. Mais il ne s’agit pas d’avoir un texte. Cela n’aura d’efficacité que si ce texte est approprié par tous les acteurs et surtout par les citoyens.

Le remaniement ministériel, la recherche de compétences pointues, peut être un événement important. Si les partis politiques dépassent les égos et jouent le jeu de l’efficience recherchée. C’est déjà un défi. Mais, par ailleurs, il faudrait, qu’à tous les niveaux, l’engagement soit le même.

Il n’est pas possible de continuer à croire que tout doit venir de l’Etat, déresponsabilisant les autres acteurs et même les citoyens. Cette approche est un réel handicap.

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