Pourquoi la personne du Roi occupe et ‘’préoccupe’’ tant une certaine presse étrangère - Par Bilal TALIDI

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Le Roi adressant un Discours à la Nation à l'occasion de la Fête du Trône 30 juillet 2022

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L'Etat, au-dessus des lobbies - Par Bilal TALIDI

Ce n’est pas la première fois que des journalistes, notamment espagnols, se préoccupent de l’état de santé du Roi Mohammed VI. Déjà en 2017, Ignacio Cembrero, pour ne citer que lui tellement le sujet vire chez lui au tic obsessionnel compulsif, a consacré un article à ce qu’il a appelé «l’absentéisme préoccupant du Roi», s’évertuant à recenser ses déplacements à l’étranger en rapport avec son séjour au Maroc pour en conclure perfidement que le Souverain n’a pas un fort attrait pour l’exercice du pouvoir.

Quelques journalistes, tout aussi étrangers, ont échafaudé des scénarios tout aussi biscornues sur l’état de santé du Roi, allant jusqu’à lui prédire, selon leur science occulte, ce qui lui resterait à vivre. D’autres ont donné libre cours à leur fantasmagorie sur une supposée lutte pour le pouvoir dans le sérail royal. La dernière incartade en date avance que le Roi aurait ‘’quitté le Royaume pour la France, laissant derrière lui le Trône’’, ne comptant plus, à les en croire, ‘’revenir au pays et qu’il cherche à se délester de l’exercice du pouvoir pour, voyez-vous, passer ses derniers jours en paix. !

Sans foi ni déontologie

Nul besoin de soumettre ces élucubrations aux exigences déontologiques de la presse ou encore à l’éthique tout court. Ces écrits ne se sont pas uniquement affranchis des principes régissant la profession, mais ont fini par faire fi de tous les indicateurs bien réels qui déconstruisent les supputations servant de base à leurs récits. 

Tout à leur fantaisie au dessein inavoué parce qu’inavouable, les auteurs de ces écrits ignorent délibérément les faits officiels qui confirment sans conteste la présence constante du Roi dans la marche du pays et son exercice direct du pouvoir. Passent ainsi à la trappe toutes ses instructions, au plan interne, qui montrent clairement que le Souverain consulte les rapports, en assure le suivi, oriente le gouvernement et donne régulièrement ses instructions aux différents services et institutions de contacter les ministres et d’accompagner les politiques du gouvernement. 

Au plan extérieure, ils feignent d’ignorer que le Roi suit au plus près le dossier de l’intégrité territoriale du Royaume, esquisse et affine les politiques extérieures du pays, donne ses instructions à la diplomatie et fonde la vision stratégique du Maroc aux plans économique, politique et géostratégique telle qu’elle est apparue nettement dans le discours royal à l’occasion de la célébration de la Révolution du Roi et du peuple. C’était il y a à peine un peu plus d’un mois.  .

Ce qu’ils ne veulent pas voir

Ces fictions prétendument journalistiques, qui font le bonheur d’une presse algérienne avide de ragots qu’elle recycle à volonté, ont en commun la fâcheuse manie d’occulter les apparitions fréquentes du Roi à de nombreuse occasions nationale (discours du Trône adressé à la Nation) et religieuse (Prière de l’Aïd Al-Adha et rituel du sacrifice entre autres), sachant que le souverain, pour celui qui sait voir, est peu porté sur l’exhibition à tout bout de champ, économe de ses mots, réfléchi dans ses sorties et n’intervient ostensiblement que lorsque la situation l’exige vraiment. Autrement il laisse chacun depuis son poste de responsabilité faire son travail et agir en son âme conscience. 

Ces journalistes, si futés, auraient dû comprendre que l’information de Jeune Afrique et Achark Al Awsat sur son éventuelle présence au sommet arabe d’Alger, ne pouvait tomber du ciel ou être le fait d’un plaisantin s’agitant en rupture de ban. Reste la concrétisation sur le terrain de cette information. Elle relève naturellement de conjonctures, de contingences et d’impondérables en perpétuelle évolution susceptibles de l’infirmer comme de la confirmer. 

Ce qu’ils ne veulent pas voir non plus c’est que le Roi Mohammed VI a inauguré une ère de communication transparente avec son peuple, en révélant publiquement dans des communiqués du Palais royal des incidents liés à son état de santé. Ainsi en a-t-il été de l’opération du cœur à Paris en 2018, de la pneumonie bilatérale aiguë d’origine virale contractée en 2019, de l’intervention chirurgicale cardiaque à la clinique royale à Rabat en 20220, ou encore du Covid-19 de forme asymptomatique contracté en 2022.

Un style de pouvoir atypique

Une décennie auparavant, en 2009 précisément, le Roi s’était rendu à Paris où il a séjourné pendant un mois. Il n’en fallait pas plus pour débrider les fantasmes les plus imprudents et les interprétations les plus farfelues auxquels n’ont pas échappé, quoiqu’avec des réserves, certains journalistes marocains, comme feu Khalid Jamai. Pour s’avérer par la suite pures affabulations, la question n’étant en définitive qu’un style atypique dans l’exercice du Pouvoir.

Le sujet ici n’étant pas tant le style du Roi et ses caractéristiques propres, c’est essentiellement la légèreté de certains journalistes étrangers qui s’adonnent frénétiquement au tissage de fictions fantasques autour du Roi du Maroc, qui intéresse.

Des médias marocains en attribuent la cause à l’hostilité affichée et assumée par les auteurs de ces mystifications aux intérêts marocains ou encore à la proximité de certains d’entre eux avec les renseignements algériens. D’autres y voient les relents d’un règlement de compte personnel, comme l’exprime le cas d’Ignacio Cembrero, toujours inconsolable de son expulsion du Maroc. 

La voie insondable du Roi

Mais la vérité est peut-être ailleurs. Nombre de ces journalistes ont souvent été pris de cours, car incapables de prévoir des décisions ou entrevoir des politiques du Maroc allant à l’encontre des intérêts de leurs pays. C’est le cas de M. Cembrero qui a admis, dans des interviews à la presse, n’avoir jamais imaginé que Rabat opterait un jour pour la fin pure et simple de la contrebande dans le Nord du Royaume, via les présides occupés de Sebta et Melillia, ou que le Maroc exercerait une pression si intense sur l’Espagne, en faisant intervenir des cartes multiples et ordonnées, au point d’amener Madrid à enfin revisiter sa position au sujet du conflit du Sahara.

Visiblement, la maturité avec laquelle le Maroc gère ses dossiers, notamment en matière de politique étrangère, le caractère imprévisible de sa gestion des conflits, surprend plus d’un y compris des Marocains incapable de déchiffrer le dictionnaire tactique et stratégique de Mohammed VI. Ou d’identifier correctement les cartes dont il dispose et le choix du timing approprié pour faire basculer les rapports de force en sa faveur. Autant d’éléments qui déroutent certains journalistes au point d’en être réduits à prendre leur imaginaire débridé pour la réalité. 

Depuis l’accession du Roi Mohammed VI au Trône, le Maroc, qui n’a subi aucune défaite dans le dossier de ses relations extérieures, est toujours sorti vainqueur des duels engagés avec les pays étrangers (Suède, France, Pays-Bas, Allemagne et Espagne).

Ce qui déboussole dans la personnalité du Roi, il n’est pas inutile de le répéter, agace et indispose en conséquence ces journalistes, tient à son style atypique dans la gestion des affaires étrangères qui, de par son caractère imprévisible, surprend les adversaires qui s’en trouvent désorientés, incapables de cerner comment pense et réfléchit le Souverain.

In fine et en conclusion…

Dès lors l’on comprend mieux pourquoi certains d’entre eux en sont à lui reprocher, à défaut d’autre chose, sa «timidité» présumée, sa désaffection pour les conférences et son désintérêt pour la communication intense avec les médias, ainsi que sa constance dans le choix des mots justes et ordonnés ainsi que sa préférence marquée pour le discours millimétré qui ne laisse pas de place à l’improvisation.

Et s’il est vrai qu’ils interprètent tendancieusement certains de ces traits, leur propension à la récurrence dans une sempiternelle de remarques finit par trahir leur incapacité à décrypter les codes de la manière et l’art de la gestion royale qui leur permettraient de prévoir les positions du Roi notamment en matière de politique extérieure.

Leur fixation obsessionnelle sur des aspects intimes de la personnalité du Roi n’est pas, au fond, étrangère à l’objectif plus prosaïque qui consiste à construire de mauvais contes sur la santé du Souverain et son exercice du Pouvoir. Dans le premier cas, il s’agit d’exercer une pression immorale sur le Roi dans l’espoir vain de l’amener à changer son caractère trempé pour que sa gestion leur soit plus saisissable et mieux prévisible. Le second cas, révèle, lui, en creux, une désespérance face aux résultats nuls de cette pression. S’y substitue alors et tente vainement de la consolider, une manœuvre rancunière tendant semer le doute et l’incertitude tantôt une «l’incapacité» potentielle ou le peu de plaisir du Roi à exercer le pouvoir, tantôt une chimérique «bataille rangée» sur le pouvoir au sein du Palais royal et Dieu sait ce que l’on ne nous inventera pas encore pour déstabiliser l’opinion publique marocaine.  

 

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