Une dangereuse vacuité

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La commission spéciale sur le modèle de développement a eu plusieurs réunions avec les partis politiques et les associations. L’approche est intéressante, parce qu’il ne s’agit pas d’établir un énième rapport, peut-être docte, mais qui ne serait pas porté par les institutions. Parce qu’au final les choix doivent se traduire par des politiques publiques et, donc, au travers de l’Exécutif et de l’appareil législatif. C’est en cela que l’opération écoute des partis politiques avait son importance.

Seulement, on ne peut qu’être déçu par la participation de la classe partisane. La question posée était celle d’un nouveau modèle de développement. En résumé : comment créer des richesses, comment les répartir de manière plus juste, comment encourager des modèles de production plus soucieux de l’environnement ?

Il n’y a pas un seul parti qui a répondu à ces questions de façon minutieuse et argumentée. On a eu droit à la préservation de l’Identité, à l’organisation des élections, mais pas aux questions de fond. Ce n’est pas une posture. Les partis politiques sont incapables de produire de la pensée, parce qu’ils ne sont plus que des machines électorales, très défaillantes puisqu’elles n’arrivent même plus à amener une majorité de Marocains aux urnes, alors qu’ils sont 32 à concourir.

Le vrai drame dans cette affaire c’est qu’elle révèle une défaillance mortelle de la classe politique. Un parti c’est une référence idéologique, déclinée en programme, qui inspire des positionnements. Au Maroc, on saute les deux premières étapes, seule la politique politicienne règne.

Quand les partis avaient une charnière idéologique, chacun avait ses intellectuels, ses économistes, ses sociologues. Le débat public était plus clivé, mais beaucoup plus riche. Aujourd’hui, il n’y a plus rien de tout cela.

Nous avons des partis invertébrés, qui ne sont plus soudés par une pensée, une vision de la société, et qui donc sont incapables d’imaginer, face aux changements imposés par la globalisation, une autre attitude que de les subir. Faut-il le répéter, un parti sans Think-Tank est une écurie électoraliste sans plus.

La commission de Benmoussa a fait l’effort de recevoir tous les partis. C’est louable, mais peu bénéfique. Maintenant, il faut qu’elle s’attelle à son travail. Comment créer plus de valeur, mieux la diffuser au sein de la société par des mécanismes s’appuyant sur les services publics, combattre la précarité, renforcer la protection sociale.

Ce n’est pas une mince affaire, parce qu’il ne s’agit pas non plus de publier un catalogue de vœux irréalisables. L’exercice aurait été vain. Par contre, si à la sortie, nous avons des mesures précises sur le rôle de l’Etat dans l’économie à travers l’investissement public, les mesures d’égalité, alors c’est la classe politique qui devra se mettre au diapason.