Qui sont les Palestiniens ? – Par Mohamed Chraibi

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La population arabe palestinienne à cette date est estimée à 900 000 « …qui seront chassés de Palestine en quasi-totalité lors de la Nakba de 1948 pour être remplacés par des juifs racolés des quatre coins du monde par la propagande sioniste. Les Palestiniens, pour la plupart, ne sont autres que les descendants des Juifs vivant en Palestine lors de la conquête arabe en 634. Une théorie qui peut paraitre osée, mais qui est bien défendue dans ce texte par Mohamed Chraibi

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Dans une chronique publiée ici récemment sous le titre « Toufane al aksa », j'ai écrit :  La prééminence auto-proclamée de l'identité juive de la Palestine donne-t-elle des droits sur cette terre aux Juifs du monde, sans aucun lien avec cette terre que la pratique de la même religion que celle qui fut, pendant un millénaire, celle de ses habitants ? Il est permis d’avoir, pour le moins, des doutes. D’autant plus que pour l’occuper ils en ont chassé les descendants probables des Juifs qui y étaient restés ou y sont retournés après l’exode de 70 (reprise de Jérusalem par les romains) et celui de 136 (défaite de la révolte de Bar Kochba). 

Et plus loin, j'ai osé l'affirmation suivante : « Les Palestiniens, pour la plupart, ne sont autres que les descendants des Juifs de l'antique Judée ». Au moment où j’assénais cette affirmation et en dépit des quelques arguments fournis pour l’étayer, je pensais, naïvement, qu'elle allait soulever l'indignation de quelque(s) lecteur(s) soucieux de sa véracité historique. Ce à quoi je m’étais préparé à répondre.  N'ayant rien vu de la sorte qu'on me pardonne de répondre, ci-après, à des objections qui n'ont pas été soulevées ou simplement à des questions que personne n'a posées faute d'avoir lu mon papier. 

Lire : L’opération ''Toufane Al aksa '' et ses implications – Par Mohamed Chraibi

Des sources fiables, que je cite ci-après, nous enseignent, en effet, que la diaspora juive a existé plusieurs siècles avant la chute du Second Temple (70). Avant le milieu du premier siècle de notre ère, outre la Judée, la Syrie et la Babylonie, d'importantes communautés juives existaient dans les provinces romaines d'Égypte, de Crète et de Cyrénaïque, ainsi qu'à Rome même.  Josèphe (auteur de “L’histoire des Juifs”), “les Actes des Apôtres” du Nouveau Testament, ainsi que nombreux textes de st Paul, font fréquemment référence aux importantes communautés juives dans les villes du monde romain.

 Pourtant la doxa est que la diaspora n'a commencé qu'avec le double écrasement par Rome des aspirations nationales juives en 70 (destruction du second temple et bannissement des Juifs de Judée) et en 135 (répression de la révolte de Bar Kochba).  C’est la thèse défendue par de nombreux intellectuels comme David Aberbach (professeur d’études hébraïques à l'Université Mc Guil, Canada), et Martin Goodman (historien, auteur et universitaire britannique). Par sa simplicité, elle est devenue une croyance populaire largement répandue selon laquelle y a eu une expulsion soudaine des Juifs de Palestine et leur éparpillement à travers l'Europe et le pourtour de la Méditerranée. 

Israel Bartal (professeur d‘histoire juive, président de la Société́ Historique d’Israël ),  Erich S. Gruen (professeur d'histoire à l’université Berkeley, Californie), Avrum Ehrlich (professeur de langue et civilisation juives à l’université Shandong, Chine) soutiennent le contraire ainsi que  Shlomo Sand (célèbre historien israélien) (1).  Ces intellectuels et d'autres affirment que la formation des communautés juives de la diaspora a été un processus graduel qui s’étale sur des siècles, commençant par la destruction assyrienne d’Israël, la destruction babylonienne de Juda, la destruction romaine de la Judée et la domination ultérieure des chrétiens et des musulmans.    

Mais la preuve incontestable que les Juifs sont restés en Palestine après l’échec de la révolte de Bar Kokhba, est que  des textes parmi les plus importants du judaïsme y ont été  composés entre le deuxième et le début du cinquième siècles.  L’élaboration de la Mishna et du Talmud en est un exemple frappant. 

La Mishna (connue aussi sous le nom de Bible orale) a été achevée peu après l'an 200, probablement par Juda Hanassi (2) et les commentaires rabinniques sur la Mishna ont été compilés dans le Talmud, environ deux siècles plus tard vers l'an 400. Le Talmud existe sous deux versions : celle dite de Babylone (élaborée par les descendants de l’élite intellectuelle et religieuse juive exilée à Babylone au 8eme siècle avant Jésus) et celle dite de Jérusalem élaborée dans les centres religieux de Galilée (Tibériade, Caesaria, Sepphoris).

L’histoire atteste, en effet, qu'en 351, la population juive de Sepphoris, en Galilée, déclencha une révolte contre le César de l'empire romain de l'Ouest, Constance Gallus.  Elle atteste également que Julien (dit l'Apostat car seul empereur à rejeter le christianisme après la conversion de l'empereur Constantin en 330), permit aux Juifs de retourner à Jérusalem, renommée Aelia Capitolina après sa destruction en 70)  en 363, et de reconstruire le Temple (comme moyen de contrer l'expansion du christianisme). Mais, Julien fut tué au combat la même année, lors de sa campagne contre les sassanides, et le Troisième Temple ne fut pas reconstruit car Jovien successeur de l'Apostat converti au christianisme n'en vit plus l’intérêt.  

D'autres preuves de l'existence de communautés juives en Palestine, aussi tardivement que le 6ème siècle, nous sont fournies par les « révoltes des Samaritains »(3) qui dureront jusque sous Justinien I en 556. Au-delà̀, en 614, lorsque les Sassanides s'emparèrent de la Palestine, il est attesté que les Juifs prirent leur parti contre les Byzantins connus pour leur implacable répression du judaïsme depuis que le christianisme a été proclamé religion de l'empire en 380. 

Par la suite, les Byzantins reprirent la Palestine aux Sassanides en 628 et la répression des Juifs y reprit de plus belle. Cependant, il est douteux qu'ils fussent arrivés à les éliminer jusqu'au dernier avant l’arrivée des Arabes en 634. Nous pouvons donc affirmer que des Juifs étaient présents en Palestine lorsque celle-ci fut conquise par les Arabes sur les Byzantins qui avaient été leurs implacables persécuteurs. On peut même supposer que les Arabes furent accueillis en libérateurs comme l'avaient été les Sassanides avant eux. 

Le statut des Juifs et des autres minorités religieuses au sein du « Dar Al Islam » est connu : Ceux qui choisissaient de se convertir à l’islam se fondaient dans la Umma et prenaient part à l’expansion de l’islam (cas notamment des Berbères d'Afrique du Nord) et les autres avaient le statut de Dhimmis (protégés). Ceux ci pouvaient pratiquer librement leur culte et maintenir toutes leurs traditions moyennant le payement d'une taxe, la jizya.  

Combien étaient-ils ? 

Les massacres et exodes massifs de 70 et 135 ont certainement décimé la population juive de Palestine. Les survivants qui ont fui en Galilée ont sûrement vu leur nombre réduit par les exactions romaines et byzantines sur cinq siècles (135 à 634) rappelées ci-dessus. Malgré tout cela et même s’il ne subsistait à l’arrivée des Arabes qu'une centaine de Juifs parmi lesquels une dizaine d'individus, en condition de se reproduire et de croître à un taux annuel de 1%, les calculs montrent que cela aurait largement suffi à constituer une population de Juifs convertis supérieure à un million de personnes, 1300 ans plus tard en 1948. Or la population arabe palestinienne à cette date est estimée à 900 000 « …qui seront chassés de Palestine en quasi-totalité lors de la Nakba de 1948 pour être remplacés par des juifs racolés des quatre coins du monde par la propagande sioniste. Les Palestiniens, pour la plupart, ne sont autres que les descendants des Juifs vivant en Palestine lors de la conquête arabe en 634. (Voir : L’opération ''Toufane Al aksa '' et ses implications – Par Mohamed Chraibi)

  1. Shlomo Sand, dans son livre « L'invention du peuple juif », affirme que le récit largement accepté d'un exil massif des Juifs de la Terre d'Israël par les Romains est en grande partie un mythe.  Il postule que la diaspora juive n’est pas principalement le résultat de l’exil mais d’un processus progressif de conversion et de migration au fil des siècles.  Il suggère que de nombreux Juifs de la diaspora sont des descendants de personnes converties au judaïsme dans diverses régions, comme les Khazars en Europe de l’Est, plutôt que des descendants directs de ceux qui ont quitté l’ancienne Judée.  
  2. Juda HaNasi, né vers 135  et mort vers 217 , est un éminent sage juif et le « rédacteur en chef » de la Mishna, la première grande compilation écrite des traditions orales juives connues sous le nom de Mishna (les commentaires rabbiniques de la Mishna constituent le Talmud, d’où la confusion fréquente entre les deux ).  Son travail sur la Mishna mené à Sepphoris  (Tzippori), en Galilée où il a établi son académie constitue une base pour la littérature rabbinique ultérieure, notamment le Talmud.(ChatGPT)
  3. Les Samaritains sont un groupe ethno religieux originaire des anciens Israélites.  Descendants présomptifs des tribus d’Éphraïm et de Manassé, deux des douze tribus d’Israël.

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