Lettre ouverte de Jamal Berraoui au président de la 7ème Chambre de la Cour d'appel de Paris

5437685854_d630fceaff_b-

15029
Partager :

Jamal Berraoui, l’un de nos valeureux collaborateurs, convoqués par la justice franaçaise au meme titre que Narjis Rerhaye et moi-même, ainsi que Adil Lahlou, directeur de Challenge.ma, dans l’affaire de Mustapha Adib et du général Bennani agressé dans son lit d’hopital, s’adresse dans une lettre ouverte au président de la 7ème Chambre de la Cour d'appel de Paris: Je n'ai aucune appréhension pour affronter un homme qui me poursuit parce que je l'ai traité de mercenaire, alors qu'il en est un auto-déclaré. Sous payé par un prince Moulay Hicham qui lui avait promis 90 mille euros et ne lui en a donné que 30   

Monsieur le président,

Je vous adresse cette lettre ouverte parce que je suis outré par le comportement de l'une de vos collègues, non à titre personnel, mais en tant que marocain, démocrate, et c'est triste, anti-impérialiste. L'affaire qui me concerne, ainsi que trois autres de mes confrères, est relative à la plainte du sieur Adib.

Cette personne s'est introduite dans une chambre d'hôpital, a jeté des fleurs pourris sur le corps d'un homme sur son lit de mort, et s'en est vanté sur Internet. Dans notre culture c'est la plus grande des abjections.

Mais ce n'est pas pour plaider sur le fond que je vous écris. Je n'ai aucune appréhension pour affronter un homme qui me poursuit parce que je l'ai traité de mercenaire, alors qu'il a déclaré, a un journal français, "le prince Moulay Hicham m'a promis 90 000 euros, il ne m'en a donné que 30 000". Calomnier un individu qui affiche aussi éhontément son manque de vertu, dépasse mes qualités de polémiste, si elles existent.

Monsieur le président,

Si je vous écris c'est pour soulever des points de droit. La justice française poursuit des dictateurs, une fois qu'ils sont déchus, après avoir servi les intérêts de la France, leur confisque des biens "mal acquis". C'est une évolution que l'on peut accepter. Même avec des réserves.

Mais ne voilà-t-il pas que votre collègue veut étendre ce champ d'action aux délits de presse. Votre Chambre serait donc habilitée à réguler l'a liberté de presse, non pas dans le monde entier, il ne faut pas rêver, mais dans les pays du tiers monde.

J'ai écris sur un site marocain [Callenge.ma] qui a très peu de visiteurs en France, cette affaire est marocaine, le plaignant est marocain. La convention judiciaire entre les deux pays, permet un procès au Maroc, par simple transfert de dossier. C'est dans le cadre de cette convention que j'ai accepté de répondre à une commission rogatoire pendant 3 heures et demie par respect pour les institutions judiciaires dés deux pays. Votre collègue me convoque, pour une première comparution et ce par voie postale. Dans mon pays les institutions judiciaires que votre collègue ne respecte pas, disposent de bien moins de moyens, mais elles respectent la solennité. Une convocation se transmet par un greffier, contre une signature et n'est pas déposée dans une boîte au lettre par un facteur.

Même Jules Ferry, le chantre du colonialisme, n'aurait pas imaginé un tel pouvoir des siècles aprés. Seulement le Maroc n'est ni un protectorat, ni une colonie.

Je ne suis pas au-dessus des lois, mais je suis un citoyen libre d'un état indépendant. N'ayant commis aucun délit en France, ni ailleurs, je refuse cette convocation cavalière qui porte atteinte à l'independance de Mon pays. Une indépendance que mes ascendants ont chèrement payés.

Monsieur le président,

Veuillez croire à mon profond respect de la justice française, mais pas quand elle bafoue le respect des nations Et de la souverainete des etats. Dans cette affaire purement marocaine je ne répondrai qu'à la justice de mon pays qui, par ailleurs n'est pas tendre avec les journalistes.

Casablanca le 03 /09/2018

Jamal Berraoui