Les Hamad et les Mohamed

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Il ne s’agit pas d’une blague sur les épiciers, mais des racines du conflit actuel autour du Qatar … Rétrospective.

Le titre est trompeur, il ne s’agit pas d’une blague sur les épiciers, mais des racines du conflit actuel autour du Qatar. Celui ci met en scène les deux princes héritiers d’Arabie Saoudite et des Émirats qui se prénomment Mohamed et les vrais tenants du pouvoir à Doha, l’ancien Émir Hamad Ben Khalifa et son ancien premier ministre Hamad Ben Jassem.

Le duo Qatari, les Hamad, ont joué un rôle historique. Tout le monde retient que Hamad Ben Khalifa a déposé son père. Ce que l’on ne sait pas c’est qu’il l’a fait de facto, dix ans avant. Mais pour comprendre cette histoire, il faut se replonger dans le passé.

Hamad Ben Khalifa, qui a perdu sa mère à six ans, a été élevé par ses oncles, les Attyas, tribus très puissante alliée des Al Thani. Il n’avait pratiquement aucun rapport avec son père. Mais les anglais préparent leur retrait de la région. Leur projet c’est un grand émirat à trois, incluant le Qatar, Oman, et Bahreïn, qui dépendrait de l’Arabie Saoudite.

Au Qatar le prince Ben Ali est pour, son père avait réclamé par écrit la protection des Al Saoud. Khalifa, le grand père du prince actuel était contre et préférait un État indépendant. Il lui fallait des alliances, Hamad, son fils lui apporte celle des Attia, ses oncles. C’est ainsi qu’il a pu signer à Genève et non pas à Doha la déclaration d’indépendance, rentrer et faire assassiner le cousin Ben Ali.

Mais Hamad va lui faire payer cher son appui, il va recruter Hamad Ben Jassem, considéré comme «insolent, comploteur, mais charismatique» par les services étrangers à cette époque. Ils vont prendre le pouvoir rapidement. Après l’invasion du Koweit, le roi Fahd appelle à une réunion du conseil du Golf. Il y propose la construction d’une force internationale, financées par les petrodollars. Qatar est le seul pays représenté par deux têtes, Khalifa et son fils Hamad. Ce dernier réclame le retrait de Bahrein d’une île déserte qu’il revendique avant tout accord. Fahd se retire de la réunion, et c’est au père, Khalifa, d’aller s’agenouiller devant le roi Saoudien. Quelques mois après le fils dépose son père, après avoir démoli l’île contestée.

Les deux Mohamed n’ont pas besoin de ces excès. Ils dirigent déjà leur pays sans relent Oedipien. Ils sont obnubilés par la lutte contre l’Iran et savent que les «Hamad» font des liens avec les perses une assurance vie. Les «Dabiani», Abu Dhabi, ont eu plusieurs guerres avec les tribus qataries. Le Qatar indépendant, sous la férule des deux Hamad a toujours contré, sournoisement parfois, la volonté d’hégémonie saoudienne.

Les deux couples reviennent aux années 70 et à la volonté britannique de fabriquer des états factices. Le Qatar en refusant d’intégrer les Emirats, devait avoir un protecteur. Oman a été sauvée de la révolution du Dhofar par l’Iran du chah. C’est ce que les deux Mohamed, dans un nouveau contexte, veulent rectifier. Mais les deux Hamad ne lâchent pas prise.

 

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