chroniques
La rencontre de Mamoun Lahbabi - Par Samir Belahsen
« La rencontre » est une histoire pas nécessairement vraie mais une vraie histoire, une histoire d’émotions, de tendresse et de passion. La réalité et l’imagination ne sont pas forcément oxymoriques
“Si tu rencontres un homme de valeur, cherche à lui ressembler. Si tu rencontres un homme médiocre, cherche ses défauts en toi-même.”
Confucius
“Nous méritons toutes nos rencontres. Elles sont accordées à notre destinée.”
Mauriac
Conter l’intime et approcher l’âme en refusant de distinguer le réel de d’imaginaire.
Mamoun Lahbabi dévoile des pans de la société Marocaine en sondant les âmes pour mieux comprendre. Un écrivain de l'intime.
Pour lui « la rencontre » est une histoire pas nécessairement vraie mais une vraie histoire, une histoire d’émotions, de tendresse et de passion. La réalité et l’imagination ne sont pas forcément oxymoriques.
« Il n’y a pas de vérité à l’état brut, seulement des vérités émotionnelles. »
L’histoire
Dans « la rencontre », son dix-huitième roman, Mamoun Lahbabi témoigne de son temps, il y conte d’une manière crue les vicissitudes de l’existence, les douleurs et les espoirs d’une jeune mère « Zaida » la gitane de Casablanca. C’est une jeune femme vivant dans les bidonvilles de Casablanca avec ses deux enfants jumeaux en bas âge, qui vagabonde dans les rues pour survivre.
Zaida une femme mal nommée, signifiant une femme surnuméraire est l'objet d'amour du narrateur, écrivain de son état, entre deux âges. Le long de leur histoire on découvre chez Zaida une manière de comprendre sa dignité, de concevoir la dignité, elle ne mendie jamais, elle attend la main généreuse qui lui tendra une pièce.
Les questionnements du narrateur, ses commentaires et ses réflexions sont dopés par cet accouplement philosophique fécond de la réalité et de la littérature. Hamid, le professeur de littérature, ami du narrateur, y trouve la face ontologique et déontologique de l’histoire.
L'histoire suit l'itinéraire du narrateur qui rencontre une femme nommée Zaïda dans les bidonvilles de Casablanca. Il est attiré par sa beauté et son désespoir, et il décide de l'aider en lui offrant un billet . Avec ses deux enfants à charge, elle s’abandonne au destin, aux hasards qui peuplent les jours de ceux et surtout celles qui n’ont pas d’attaches, et presque pas de repères. Cependant, cette rencontre éveille en lui des sentiments complexes et des questions sur la nature de l'amour et de la vie.
La curiosité de l’écrivain nourrie de compassion et d’empathie évolue. L'homme commence à se sentir prisonnier de ses propres émotions et de ses responsabilités, tandis que Zaïda, quant à elle, est contrainte de choisir entre son amour pour l'homme et sa nécessité de survivre. Le roman explore les thèmes de l'amour, de la pauvreté, de la solitude et de la quête de sens dans une société en crise.
Au fil de l'histoire, les rencontres se suivèrent, et les liens se tissèrent, l'homme et Zaïda entrent dans une relation complexe, marquée par des moments de tendresse et de désespoir.
Le roman se termine par une réflexion sur la nature de l'amour et de la vie, et sur les choix que les personnages doivent faire pour trouver un sens à leur existence.
Dignité et misère
Dans la littérature, il existe de nombreux exemples de personnages qui maintiennent leur dignité malgré la misère. L’exemple classique est celui de Jean Valjean dans "Les Misérables" de Victor Hugo. Malgré sa condition misérable et difficile de forçat libéré et son statut social bas, Jean Valjean reste fidèle à ses valeurs morales et cherche à faire le bien autour de lui.
Un autre exemple est celui de Okonkwo dans "Things Fall Apart" de Chinua Achebe (1930 - 2013). Même face à des épreuves et des revers de fortune, Okonkwo refuse de compromettre son intégrité et son sens de l'honneur.
(Chinua Achebe est un romancier, poète et critique nigérian qui est considéré comme une figure centrale de la littérature Nigerianne moderne.)
Ces personnages, comme beaucoup d’autres, soulèvent des réflexions sur la nature de la dignité humaine et sur la manière dont elle peut être préservée même dans les pires circonstances. Ils mettent en lumière la force de la volonté humaine et la capacité de chacun à rester fidèle à ses principes et à sa propre vision de la dignité, indépendamment de sa misère et des situations extérieures.
Ces exemples invitent à réfléchir sur l'importance de cultiver sa propre dignité et à s’ interroger sur les choix que nous faisons pour préserver ces valeurs fondamentales, même dans les moments les plus difficiles de notre vie. C’est ce qui fait la grandeur.
En matière de dignité, on a toujours le choix ?