Le makhzen existe-t-il à Berkane ?

1152
Partager :

Je vais finir par prendre au s?rieux les blagues oujdies sur le melon creux des Berkanis.

Ce dont je vais parler a l?air anodin. D?apparence, seulement.?

Sur les r?seaux sociaux, une vid?o circule. On n?y voit pas le visage de son h?ros, mais on l?entend se vanter d??tre l??purateur de Berkane et nous invite autant que nous sommes ? le prendre pour mod?le et ? le reproduire ? l?infini au Maroc.??

Il se pr?sente comme le pr?sident d?une association, arrahma (mis?ricorde), ?a ne s?invente pas. Il nous montre une vieille mendiante qu?il nous dit peut-?tre ?g?e de 80 ans.? Ce n?gatif de Don Diego de la Vega des temps ?gar?s, a pour ?p?e une cam?ra et s?attaque aux pauvres pour prot?ger les riches bienfaiteurs victimes de la perfidie de cette mendiante riche d?un million.? Malyoune selon son expression. Malyoune de quoi?? De dollars, d?euros, de lingots d?or?? Il ne nous en dit rien, mais on comprendra du d?roulement de la vid?o qu?il s?agit d?un million de grains de sable. Un million de centimes, 10 mille dhs.

Ce qu?il reproche ? cette cr?ve la faim cr?ve le mur de l?ind?cence?: Une gueuse qui a pu ?pargner 1 million de centimes, le prix d?un linceul et un trou de six pieds dans un de nos cimeti?res anarchiques et malpropres, c?est tout simplement un scandale.

Il est connu le mythe des mendiants qui dorment sur des fortunes, fond?s sur quelques cas exceptionnels. Mieux connu encore, sauf ? Berkane peut-?tre, l?oc?an de mis?re d?une large frange de notre soci?t?.?

Le probl?me n?est pas l? toutefois.?

Il est plut?t dans notre Zorro ? l?envers qui soumet la pauvre h?re ? une fouille corporelle, viole, au sens juridique, l?intimit? de la loque qui lui sert de jellaba et lui apprend qu?il allait l?accompagner ? la gare routi?re la sommant de quitter la ville?: ??Je ne veux plus te voir ? Berkane?!??.?

A l?entendre, le milicien de Berkane n?en est pas ? son premier essai.

Les gens partagent, donc approuvent. Je reste songeur. M?me dans les mauvais films du Far West, quand l?humanit? n?avait encore aucune id?e de ce que c?est un Etat de droit, qu?aucune constitution ne garantissait ? ses citoyens la libre circulation, qu?aucune protection n??tait opposable ? la perquisition, laissant ? celui qui tire plus vite que son ombre le soin de faire la loi, il revenait tout de m?me au ch?rif de la contr?e de chasser de sa cit? ceux qu?il jugeait ind?sirables.??