Paris serait sur ‘’la voie de l'apaisement avec le Maroc’’, mais à quel prix ?

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Le Roi Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron

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La France cherche à mettre fin à une crise latente avec le Maroc et s'emploie à trouver des gestes d'apaisement susceptibles de retisser les liens avec son partenaire historique au Maghreb, sans trop froisser pour autant le rival algérien, écrit l’AFP dans une ‘’papier d’angle’’ qui pose les conditions françaises : faire l’impasse sur le Sahara.

Selon l’agence officielle française, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna devrait se rendre mi-décembre à Rabat pour préparer une visite du président Emmanuel Macron prévue en janvier, ont indiqué des sources diplomatiques.

"Tout est encore en mouvement, il peut toujours y avoir un report du voyage à l'amiable", a toutefois noté une de ces sources.

Prévue depuis des mois, la visite d'Etat d'Emmanuel Macron a peiné jusqu'alors à se concrétiser en raison d'une série de sujets qui empoisonnent les relations bilatérales.

Première pomme de discorde, veut faire croire l’AFP qui ne dit pas que c’est l’arbre qui cache la forêt : la "guerre des visas", écrit-elle, liée à la décision de Paris en septembre 2021 de réduire de moitié les permis d'entrée accordés aux Marocains, arguant de la réticence du royaume à réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière dans l'Hexagone.

Une mesure qualifiée d'"injustifiée" par Rabat, d'"humiliante" par les ONG humanitaires et de "grande maladresse" dans les milieux francophones marocains.

Paris, trop attentiste sur la question du Sahara

En outre, Paris est jugée trop attentiste sur la question du Sahara, - "cause nationale" du Maroc, précise l’agence qui glisse que la ‘’nouvelle lune de miel avec l'Algérie, rivale régionale’’, aurait ‘’fait grincer des dents’’.

Côté français, on n'a guère apprécié les révélations du consortium de médias Forbidden Stories, selon lesquelles des numéros de téléphone d'Emmanuel Macron et de ministres, entre autres, ont été ciblés en 2019 par le Maroc, utilisateur du logiciel espion israélien Pegasus. Rabat a démenti. Ce que ne dit pas l’agence officielle française, c’est à aucun moment les porteurs et les prête-noms de ces allégations n’ont apporté les preuves tant réclamés par Rabat. 

Selon l’AFP, après des mois de "crise silencieuse", le chef d'Etat français et Mohammed VI ont repris contact le 1er novembre en vue d'une prochaine visite du président français.

"Ce voyage est périlleux", estime Emmanuel Dupuy, président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe. "Symboliquement, il vise à remettre au diapason les relations diplomatiques entre les deux pays, mais à condition que la question du Sahara ne soit pas évoquée".

Rabat, et c’est là l’une des principales causes du froid entre les deux capitale, pousse avec insistance la France, qui a toujours, il est vrai soutenu le Maroc dans ce conflit, mais en assurant le service minimum, à reconnaître à son tour la marocanité du Sahara, comme l'a fait l'Espagne.

C'est ignorer, ajoute l’AFP citant une politologue, Khadija Mohsen-Finan que "la France ne veut pas qu'on lui dicte sa diplomatie sur le Sahara". "La France entend montrer qu'elle peut avoir des liens diplomatiques, économiques et commerciaux mais qu’elle décide seule de sa politique sur le Sahara occidental".

L'universitaire s'attend ainsi à ce que le voyage présidentiel ne fasse pas bouger les lignes sur ce dossier épineux. Né après la décolonisation, "Emmanuel Macron est le premier président de la Ve République à vouloir extraire les relations entre la France et les pays du Maghreb de cet héritage historique très lourd", explique Mme Mohsen-Finan. L’universitaire oublie seulement que la responsabilité historique de la France et ne peut s’en défaire sans les assumer pleinement. 

Les visas, une monnaie de singe

Pour autant, poursuit l’AFP, la volonté de traiter de la même manière le Maroc, la Tunisie et l'Algérie se télescope avec la crise de l'énergie consécutive à la guerre en Ukraine, qui a poussé la France à se rapprocher d'Alger. Et l'Algérie est un partenaire clé dans la lutte anti-terroriste au Sahel, en souffrance depuis le départ des troupes françaises du Mali.

Mais le Maroc offre, de son côté, une porte d'entrée en Afrique subsaharienne, où il exerce activement son "soft-power" économique depuis les années 2010. Il est le premier partenaire commercial de la France en Afrique.

Dans un effort pour réchauffer les relations bilatérales, Paris pourrait assouplir sa politique sur les visas qui a provoqué colère et indignation des Marocains, en particulier de la classe moyenne francophile. Le Maroc serait en fait payé en monnaie de singe.

A l'Elysée, on souligne ainsi, selon l’AFP ; que le durcissement des conditions d'obtention des visas "n'est pas irréversible" d'autant qu'Emmanuel Macron a récemment signalé que cette politique commençait à porter ses fruits. [sic]

Autre marque de dégel, après plusieurs mois de vacance, un nouvel ambassadeur de France n'attend plus que l'agrément de Rabat pour prendre son poste. Le fait que le directeur général de Business France, Christophe Lecourtier, soit pressenti est "un signe", opine Emmanuel Dupuy.

La France est le premier partenaire économique du Maroc et, de loin, le principal investisseur étranger. "Le roi pourrait faire une exception en ne focalisant pas la visite d'Etat sur la question du Sahara", avance l'analyste. (Quid avec AFP)

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