Léonard : Bâtard, '' homosexuel '', mystique, chercheur, le peintre génial aux multiples facettes

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Qui était Léonard de Vinci (1452-1519), ce "génie universel"? Parmi les multiples facettes qui le caractérisent : une curiosité insatiable pour décrypter le monde et une insatisfaction qui le contraint à remanier sans cesse pour être au plus près la réalité. 

Le bâtard

Né hors mariage, bâtard, malheureux affectivement mais non matériellement --il est issu d'une lignée de notaires de Toscane (Italie)-- il va très tôt se passionner pour les sciences naturelles. Son goût pour la science est peut-être une façon de fuir une réalité douloureuse, a-t-on analysé.

Freud s'est intéressé à cette jeunesse dans son essai "Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci", dans lequel il tente de percer l'inconscient de l'artiste.

Chez les puissants

Très vite, quand il s'établit à Florence, il découvre l'atelier du réputé Verrocchio et fréquente les puissants.

Selon Louis Frank, un des commissaires de l'exposition, il était "un homme grand, fort, très beau, lucide et mélancolique", qui "aimait beaucoup parler de ce qu'il faisait. Sa démarche était très rationnelle et pas du tout ésotérique". Il s'habillait d'une façon qui le faisait remarquer.

En outre, n'ayant besoin de rien, matériellement assisté par les mécènes et les princes, "il avait fondamentalement le temps et il le prenait".

Homosexualité

Son homosexualité a beaucoup été commentée. Y compris à travers certains de ses portraits de femmes, assez androgynes. Il sera accusé à Florence de "sodomie" avec un prostitué. On a parlé d'une liaison avec son assistant Salai et d'autres jeunes hommes. Mais rien n'est attesté. "En fait, on ne sait presque rien de sa vie privée. Il n'a pas laissé de documents, alors qu'il a écrit de très beaux textes", déclare, prudent, M. Frank.

Spectacles grandioses

Son vrai métier sera d'organiser des spectacles extraordinaires pour les princes et leur cour. "C'était son métier de distraire, de raconter des histoires, il était très amusant", dit le commissaire. Il y consacrait beaucoup de temps.

Chercheur

Il y a ensuite le chercheur né, passionné. Recherches en anatomie,  botanique, mécanique, astronomie, architecture. Il veut comprendre l'intérieur des phénomènes. "Il avait un sentiment intense du passage des choses, de l'universelle destruction. Il estimait que les quatre éléments --terre, air, feu, eau-- désiraient revenir au chaos initial", souligne encore Louis Frank.

Inspiration mystique 

Les thèmes religieux du Salut --autour la Vierge, Sainte-Anne, Saint Jean-Baptiste, le Christ "Salvator Mundi", Saint Jérôme-- l'inspirent profondément. Croyant mais pas pieux. Dans sa Sainte-Anne, il met beaucoup d'humanité, d’humanisme : la Vierge doit-elle retenir son enfant ou le laisser partir vers son destin? 

Corps et machines 

Le corps humain, ses proportions, son harmonie ou sa disharmonie, le visage, ses expressions le fascinent. Ainsi son "Homme de Vitruve" exposé au Louvre définit les proportions du corps.  

Ses découvertes scientifiques qu'il couche dans les multiples croquis de ses codex lui permettront d'imaginer des machines et seront des sources d'inspiration pour les savants. Parfois, ses machines sont purement utopiques. Il rêve sûrement de voler.

Au service du condottiere Borgia, il sera même un temps ingénieur militaire et concevra des plans de machines de guerre. 

Surtout la botanique le fascine jusqu'à la fin de sa vie, près d'Amboise en France. Il se plait à l'étude de la lumière, du relief, des plantes, des animaux. Cela donne dans ses tableaux des fonds, des détails extrêmement bien étudiés, même si les personnages focalisent l'attention. 

Le peintre génial 

Toute cette connaissance d'une vie, il la verse dans sa recherche picturale des visages, des expressions, de la vibration qui émane des silhouettes (qu'il va rendre grâce à la technique du "sfumato"). Il laisse inachevé des parties entières pour faire ressortir l'essentiel.   

"Plus il avance dans sa carrière, plus il se concentre sur l'expression lui-même … Il supprime pour mettre en valeur les visages et l'expression des sentiments humains," souligne l'autre commissaire Vincent Delieuvin. Comme s'il ressentait avec l'âge la nécessité d'aller à l'essentiel.  

Pour Léonard, "la peinture doit restituer la vérité de l'être humain, son anatomie, les passions de l'âme, mais aussi le monde", souligne-t-il.

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