Une classe moyenne rurale passe par le renforcement de l’investissement public

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Il faut cependant l’accompagner par un renforcement de l’investissement public dans nos campagnes. Si le pari de l’électrification est presque gagné, nous avons des déficits au niveau des routes, des écoles, des hôpitaux… Or il s’agit de besoins immédiats auxquels on doit répondre, si l’on veut fixer la jeunesse en particulier et les populations en général

L’un des éléments clés du discours royal devant le parlement concerne la volonté et l’impulsion donnée au renforcement d’une classe moyenne dans le monde rural. Les décisions qui ont suivi, tant au niveau de la formation professionnelle que de la redistribution des terres, démontrent le sérieux de l’approche. Un million d’hectares redistribués permettront de sortir de la précarité des centaines de milliers de familles. Si les mesures d’accompagnement adéquates, en termes de formation, d’incitation à la création de coopératives, sont prises, nul doute qu’il s’agit là d’une transformation sociale d’importance.

L’un des problèmes endémiques de l’agriculture au Maroc, c’est le morcellement des terres. Au fil des générations, les parcelles se réduisent, les revenus aussi, incitant à l’exode rural. Ce n’est que par l’incitation à la coopération que l’on peut répondre à ce défi. Parce que l’amélioration des rendements reste l’objectif premier.

La création ou le renforcement d’une classe moyenne rurale revêt une importance capitale et ce à plusieurs niveaux. C’est d’abord le gage d’une stabilité politique et sociale. C’est aussi le meilleur moyen de diminuer la pression sur les villes, en réduisant l’exode rural, dont les effets dans les années 80 ont été dévastateurs.

Nous sommes donc devant une vision prometteuse pour le monde rural. Il faut cependant l’accompagner par un renforcement de l’investissement public dans nos campagnes. Si le pari de l’électrification est presque gagné, nous avons des déficits au niveau des routes, des écoles, des hôpitaux… Or il s’agit de besoins immédiats auxquels on doit répondre, si l’on veut fixer la jeunesse en particulier et les populations en général.

Ce qui se joue en ce moment est, sans aucun doute, d’une importance capitale. C’est l’un des piliers du nouveau projet de développement à construire. Permettre aux paysans pauvres d’accéder à la propriété, les organiser pour améliorer les rendements et donc les revenus. Renforcer les infrastructures est donc la réponse rationnelle à la fois au niveau de l’équité sociale, mais aussi de l’efficience économique. Cela renforcera la demande intérieure, grande faiblesse de l’économie marocaine. La rapidité avec laquelle les mesures ont été annoncées est de bon augure. La distribution des terres est importante, mais la formation professionnelle l’est autant, sinon plus. Ce chantier, par ses implications sociales, économiques, politiques, mérite d’être une priorité. Il faut sortir des logiques politiciennes, qui faisaient du monde rural l’apanage de certains partis, au niveau des discours électoralistes, sans plus.

Les politiques agricoles depuis les années 60 s’adressaient, presqu’exclusivement, aux grands propriétaires. La logique a été d’assurer la sécurité alimentaire, face à une démographie galopante. Cet objectif est atteint, le panier de la ménagère est abordable et les étals sont fournis. Maintenant les objectifs sont d’ordre social, renforcer la classe moyenne paysanne, lui permettre de devenir un véritable acteur économique dans la production, la consommation et l’épargne, c’est un projet essentiel pour la construction d’une économie solidaire.

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