Le dinosaure de Bensmim a la rescousse du combat contre le covid 19 !

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Par ces temps du Covid 19, au Moyen Atlas un fantasme collectif est en train de gonfler et d’être alimenté par des tendances politiques, qui veulent faire feu de tout bois…. pour les échéances électorales en perspective. Comble de l’opportunisme et de l’hypocrisie politiciens ! Ce qui dénote d’un manque de sérieux, de responsabilité et de compétence, pour débattre en connaissance des choses d’un sujet aussi complexe, qui suppose un minimum de savoir notamment en matière d’ingénierie de construction et d’équipement des hôpitaux, de calcul économique dans le domaine des investissements publics, de développement des territoires, etc. Parce que la réhabilitation des gigantesques bâtiments vétustes du sanatorium de Bensmim et la récupération de ce qui pourrait encore rester comme équipements…. supposent des travaux de génie civil et de génie industriel appropriés et sophistiqués, forcément budgétivores.

Comme tous les pays du monde, le Maroc est en état d’urgence sanitaire, engagé dans une lutte salutaire pour éradiquer le Covid 19. Des citoyens, de bonne foi, croient que face à l’urgence, l’ouverture du sanatorium de Bensmim et d’autres hôpitaux similaires qui ont été fermés depuis les années 1970…, va aider à éteindre le feu de la déferlante pandémie du coronavirus, qui s’abat sur l’Humanité dans les quatre coins du monde. 

Il se trouve que la réalité est têtue et que pour le miracle il faut Moïse…

Le sanatorium de Bensmim  a été justement fermé au moment de la découverte de nouveaux médicaments pour soigner la tuberculose, moins chers et plus efficaces que le grand air de la majestueuse cédraie du Moyen Atlas. A la même époque, dans les pays développés, en particuliers nos voisins Européens, ont fait de même.

Actuellement au Maroc ce n’est pas les hôpitaux qui manquent, relativement, mais les équipements, les outils de travail de dernière génération, les ressources humaines plus qualifiées et la formation permanente pour le personnel paramédical, sont en deçà des besoins, sachant par ailleurs qu’avec la révolution numérique et ses fulgurantes innovations, les métiers notamment dans le domaine médical évoluent quotidiennement et rapidement. 

Il va de soi que retaper le dinosaure de Bensmim, coûtera plus cher que de construire plusieurs nouveaux hôpitaux. Le cas de l’hôpital Avicenne à Rabat, dont la construction remonte à 1953 et qui était considéré comme un fleuron de la santé publique en Afrique du Nord, est assez édifiant à cet égard. Il était au début question à un moment donné de restaurer ce CHU de Rabat, mais on s’est vite rendu compte que refaire les ascenseurs, le réseau électrique, la plomberie, etc., qui remontent aux années cinquante, était non seulement très compliqué techniquement, mais aussi très onéreux, tandis que l’édification un nouvel hôpital, moderne et qui répond aux normes, reviendrait autrement moins cher. Rappelons qu’à l’époque du débat sur la réhabilitation de l’hôpital Avicenne, la Caisse de Dépôt et de Gestion-CDG a proposé d’acheter le terrain de l’hôpital et de construire et équiper à nouvel hôpital à Rabat de la taille de l’hôpital Avicenne.

Supposons toutefois que l’idée de réhabiliter l’ancien sanatorium de Bensmim soit possible, la taille gigantesque de l’hôpital est en soi un grand problème. Parce qu’au moment de sa construction, l’objectif était de  portée nationale, voire même métropolitaine, au moment où le Maroc était sous occupation coloniale de la France. Doit-on donc retaper l’hôpital en totalité ou se limiter à l'un  de ses pavillons ? Alors qu’à côté du village de Bensmim, il y a déjà les hôpitaux d’Azrou et d’Ifrane qui, malgré les efforts,  manquent encore de matériels, d’équipements et du personnel médical et paramédical. 

Avec la nouvelle loi n° 46-18 relative aux contrats de Partenariat Public Privé-PPP, il y a peut-être des pistes à explorer, en travaillant sur un ensemble de modèles de projets, en éclatant le complexe de l’hôpital de Bensmim en plusieurs composantes, qui serviraient notamment :

 - à la réalisation d’un grand centre estival, dans le cadre du programme national Vacances Pour Tous ; une opération d’envergure nationale qui donne ses fruits ;

- la réalisation d’un camping international (avec un Aquaparc), qui répond aux normes et standards internationaux ; une idée de projet  qui a des chances de réussir, au moment où l’écotourisme est en vogue et que chaque année des milliers de campings cars traversent Azrou et Ifrane en direction des dunes de  Merzouga et les gorges de Toudgha. Le Conseil communal de Bensmim peut éventuellement déployer une stratégie touristique pour capter une partie de ces caravanes des temps modernes;

-  une autre partie des bâtiments de Bensmim pourrait  être  affectée à un projet d’hôtel genre Ibis, qui serait à la portée des couches sociales moyennes marocaines et des écotouristes étrangers, en particulier de l’autre rive de la Méditerranée;

- un autre lot serait réservé à la réalisation d’un projet de grand centre d’entrainement pour les athlètes et les clubs de sport (notamment RAJA, les FAR, le FUS, Nahdat Berkane, Chabab Khénifra, et pourquoi pas un jour le REAL ou le BARÇA, etc).

Ce qui va sans nul doute  créer de la dynamique socio-économique et du développement local pour un territoire excentré, mais qui ne manque pas des atouts de proximité (par rapport aux villes impériales de Meknès et Fès, l’axe autoroutier Casablanca-Oujda), de cadre naturel exceptionnel et d’une jeunesse qui n’aspire qu’à des conditions de vie meilleures.

Pour finir et pour la petite histoire, le regretté Maestro de la chanson Amazigh Hammou Lyazid a été soigné de la  tuberculose dans ce sanatorium. D’où sa célèbre chanson  « Youghicha, Youghicha » (qui veut dire en langue Amazigh « Je suis malade, je suis malade »).

 

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