La loi cadre, l’Afrique, la constitution, Al-Qods, ‘’l’exception’’ marocaine lus par A. Lahjomri

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Secr?taire perp?tuel de l?Acad?mie du Royaume, Abdejlil Lahjomri est, depuis sa d?signation, engag? dans une intense activit? qui a pour cr?do le savoir et son partage. Des ?changes acad?miques aux cycles de conf?rences, des hommages-d?bats ? l?instar de celui rendu ? Haim Zafrani ? l?exposition l?Islam en Afrique de Tombouctou ? Zanzibar, l?Acad?mie est plus que jamais au c?ur des sujets qui agitent le monde. A l?occasion du 20?me anniversaire de l?intronisation du Roi Mohammed VI, Abdejlil Lahjomri a livr? au quotidien Le Matin quelques unes de ses r?flexions sur des sujets d?actualit? o? transparait sa pr?occupation pour les questions de la modernit?, de l?enseignement ou plus g?n?ralement de ma culture et de la diversit?. Entretien?:?

Le Matin : Le Maroc c?l?bre cette ann?e le 20e?anniversaire de l?intronisation de S.M. le Roi Mohammed VI. Que vous inspire cet ?v?nement ?

Abdeljalil Lahjomri : La r?ponse ? cette question s?impose d?elle-m?me. Ces vingt ans de r?gne sont une avanc?e audacieuse vers la modernit?, dans la modernit?, avec toutefois cette particularit? que cette avanc?e puise les leviers qui l?animent dans la sauvegarde de la tradition, des traditions. Cela semblerait un paradoxe, mais il y a des valeurs dans nos traditions qui ne s?opposent pas ? ce processus de modernisation, qui par contre l?encouragent et en affirment la n?cessit?.

Au-del? des projets ?conomiques structurants, il y a deux r?alisations institutionnelles qu?il faut signaler parce qu?elles sont les fondements sur lesquels se construit cette modernit?.

Le premier est la Constitution de 2011. Plus pr?cis?ment son pr?ambule. Je ne suis pas constitutionnaliste, mais ? comparer ? d?autres Constitutions dans le monde, ce pr?ambule qui d?finit avec courage et authenticit? l?identit? nationale appara?t comme un texte d?anthologie qu?il faudra ? mon avis enseigner dans toutes nos ?coles et apprendre aux jeunes ? m?diter en particulier cette affirmation d?cisive : ???tat souverain, attach? ? son unit? et ? son int?grit? territoriale, le Royaume du Maroc entend pr?server dans sa pl?nitude et sa diversit? son identit? nationale une et indivisible. Son unit?, forg?e par la convergence de ses composantes arabo- islamique, amazighe et saharohassanie, s?est nourrie et enrichie de ses affluents africains, h?bra?que, et m?diterran?en??.

La deuxi?me r?forme dont l?adoption est encore d?actualit? est la loi de mise ?uvre d?une politique d?ensemble de modernisation du syst?me ?ducatif. L?architecture linguistique qu?elle propose introduit une s?curit? linguistique dans la formation des nouvelles ?lites, r?sout les in?galit?s dans la promotion sociale et apaise les inqui?tudes des familles concernant l?avenir de leurs enfants. Avec ces deux r?formes institutionnelles, le Maroc nouveau s?est engag? dans une dynamique irr?versible, prometteuse de r?ussites ?conomiques, sociales et culturelles.

D?s les premi?res ann?es de son r?gne, S.M. le Roi a choisi de mener une politique africaine solidaire et mutuellement b?n?fique. Quelle analyse vous inspire ce choix ?

La Constitution de 2011 rappelle la richesse de l?affluent africain de notre identit? nationale. Et la caract?ristique essentielle de cet affluent est la solidarit?.

Au-del? de l?illustration et la d?fense de notre unit? territoriale, cette d?fense ne peut se concevoir que dans la solidarit? avec tous les pays africains, certains politologues diraient avec toutes les Afriques. Les intellectuels marocains devraient s?arrimer ? la nouvelle pens?e africaine que font ?merger en Afrique, dans la solidarit?, les nouveaux penseurs africains, dont l?objectif essentiel est de d?passer les conflits pour plus de compr?hension et d?acceptation des diff?rences.

L?Afrique est la puissance de demain et le Maroc ?uvre pour faire de cet avenir un avenir de solidarit?.

Le Roi, Commandeur des croyants, et le Pape Fran?ois ont sign? en mars dernier l?Appel d?Al-Qods. Quelle est la symbolique de cet appel ? Quel r?le joue le Roi dans la mise en place du dialogue interreligieux et de la tol?rance ?

J?ai ressenti et lu ??l?Appel d?Al-Qods?? comme un Rappel. Celui de continuer ? rappeler sans cesse ? la conscience internationale la dimension sacrale de cette cit? et l?imp?rieuse n?cessit? d?y respecter toutes les croyances. La rencontre ? Rabat de Sa Majest? le Roi, que Dieu L?assiste, avec Sa Saintet? le Pape est aussi un appel ? vivre une foi sereine dans un monde qui ne l?est pas.

Le dialogue interreligieux est d?abord la connaissance de la croyance de l?autre. Et nous connaissons peu les croyances des autres. Cette visite est une invitation ? initier des ?changes intellectuellement exigeants dans la compr?hension des textes fondateurs de l?islam et de la chr?tient? dont l?histoire est riche de plus de dialogue que d?incompr?hension.

Dans un environnement r?gional agit?, le Maroc se pr?sente comme une exception. Qu?est-ce qui explique cela, selon vous ?

Tous les pays, toutes les cultures, toutes les soci?t?s peuvent trouver en leurs particularit?s et leurs originalit?s ce qui en ferait une exception par rapport ? d?autres. ??L?exception?? marocaine r?side dans la remarquable stabilit? du pays dans l?environnement r?gional auquel il appartient, d?rang? et agit?.

Certes, les impatiences politiques, sociales, culturelles s?expriment parfois, souvent, d?une mani?re un peu fougueuse, mais le Maroc rec?le un g?nie ancestral, qui manque aux autres et qui remonte ? son histoire propre, pour freiner l?anarchie, refuser les affrontements, privil?gier l?unit? sociale et la pacification des esprits.

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