Les Aphorismes de Nouhad : se plier ou se multiplier ?

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??Dans le march? de l?aphorisme, pas d?exc?dent de sens, et pas de carence??.

Tout d?abord, il serait utile et de bon ton de faire des distinguos entre le proverbe et l?aphorisme, ce dernier, ?tant une formule ou prescription r?sumant une th?orie, une s?rie d?observations ou renfermant un pr?cepte, et le premier, ?tant une v?rit? d?exp?rience ou un conseil de sagesse, populaire et pratique.

Mais les deux, s?ils sont tr?s proches et ont pour synonymes?les m?mes mots : adage, maxime, apophtegme, dicton ou sentence, ils demeurent distincts, notamment, par le fait que les aphorismes sont des citations dont on conna?t l?auteur (les aphorismes d?Hyppocrate, les pens?es de Pascal) alors que les proverbes n?ont pas d?auteur, m?me s?ils ont une ?tude, la par?miologie. Et l?on dira, proverbialement, qu?une parole, ou un aphorisme, ??est pass? en proverbe?? d?s qu?il devient proverbial, et qu?il est cit? comme un exemple typique, mettant en avant une g?n?ralit?, par une situation particuli?re.

Mais, de par leur g?n?ralit? et leur concision, leur ?loquence et leur paucit?, leurs pertinences et leurs nuances, les aphorismes, et plus encore, les proverbes, peuvent pr?ter ? confusion, ?tre ?quivoques ou herm?tiques car, comme dirait Musset, ce fin connaisseur des proverbes, qui est all? jusqu?? en jouer ??Com?dies et Proverbes??, ce ??sont des selles ? tous chevaux?; il n?en est pas un qui n?ait son contraire??.

On aura beau dire, les proverbes comme les aphorismes, n?en demeurent pas moins, des fils qui entrent dans le chas de la vie, pour nous confectionner de beaux avis. Des avis, certes, parcimonieux, mais ?conomiques et instructifs car disant tout, ? demi mot, et faisant filer l?esprit de chacun, selon sa texture et sa consistance et partant, ce sont des clivages entre l?admir? et l?admirable, entre ce qui est appr?ci? une fois, et ce qui l?est, durablement.

Et si les mots ont la vie longue, les maximes sont ?ternelles parce qu?elles savent, r?sister ? la profusion et aux divagations, ?tre des fl?ches d?coch?es au non-sens et au superflu, et surtout parce qu?elles ont le privil?ge d??tre de la litt?rature, sans ?tre de l?affabulation.

En effet, l?adage est une ??science exacte?? et s?re, fiable car, v?rifiable?; c?est une le?on de vie qui nous ?pargne moult efforts, un raccourci? vers l?apprentissage et le savoir, sans frais d?exp?rience et sans d?pense, sans exc?dent de sens, et sans carence.

Par ailleurs, une sentence a ceci de prodigieux?: elle peut ?tre, ? la fois, l??gale de l?esprit qui l?a con?ue et celle de l?esprit qui l?a per?ue, car elle a les m?mes dimensions que son concepteur et son r?cepteur. En r?alit?, elle n?a ni volume ni taille et c?est pour cela qu?elle demeure enceinte jusqu?aux yeux.

Mais c?est cela qui fait ?galement sa libert? puisqu?elle n?est au service de rien ni de personne, sinon de la pens?e elle-m?me et de l?humanit? qu?elle fait saigner, afin de la soigner, alors que la pens?e engag?e d?pend de son engagement, ce qui peut ?tre une pierre d?achoppement ou un handicap, de par le message ou l?id?ologie dont elle est charg?e et qu?elle v?hicule, sciemment et inconsciemment.

En fait, l?aphorisme fait fi de toutes les faims, sauf de celle de l?esprit et s?il plonge dans les profondeurs de l??me et du c?ur, c?est pour trouver la faille et ?merger avec des connaissances, des sagesses qui colmateraient des br?ches et adouciraient des vies. Aussi, un aphorisme choisit-il bien ses maux, avant de prendre la parole.

Mais des fois, tenter d?expliquer une pens?e florif?re, revient ? tenter de mettre en bo?te, une montagne car ?crire en multa pauci, c?est faire, ? l?infini, des origamis. Moralit??: pour se multiplier, il suffit de savoir se plier, comme l?aphorisme?!

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