Sahara: la rencontre de Pretoria a compliqué d’autant la mission de Köhler

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L’Institut des études sécuritaires (ISS, basé à Pretoria) s’est interrogé, vendredi 29 mars, au sujet de fiabilité de la conférence de solidarité avec la prétendue Rasd, tenue cette semaine à Pretoria, se demandant si ce conclave n’était qu’un simple exercice de «rhétorique de lutte pour l’indépendance».

Un ancien diplomate sud-africain, cité par l’institut reconnaît que la conférence, co-organisée par l’Afrique du Sud et la Namibie dans le cadre de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), «a polarisé et compliqué davantage» la mission de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’Onu pour le Sahara, Horst Köhler.

L’ISS relève que «la nostalgie des mouvements de libération d’Afrique australe pour leur passé de lutte contre les puissances de colonisation européennes était palpable lors de la conférence de Pretoria».

Cette fois-ci, la puissance coloniale n’est, aux yeux de ces mouvements, autre qu’un autre pays africain, le Maroc, indique le think-tank.

«Nous parlons comme dans le bon vieux temps. Je suis très heureux», indique le président namibien Hage Geingob, qui a présidé les travaux de la conférence de Pretoria en sa qualité de président en exercice de la SADC.

Rappelant la présence des anciens mouvements de libération lors de cette conférence, le think-tank note que le soutien exprimé par la SADC au polisario «était un peu tiède».

Sur les 16 Etats membres de la SADC, deux étaient absents, à savoir les Comores, probablement à cause des élections, mais aussi Madagascar qui, sous le président nouvellement élu, Andry Rajoelina, ne fait pas preuve d’enthousiasme pour la SADC, ajoute le centre de recherche, relevant que Madagascar a plutôt envoyé son ministre des Affaires étrangères à une conférence rivale à Marrakech.

La rencontre de Marrakech, tenue sous le thème «Conférence ministérielle africaine sur l’appui de l’UA au processus politique de l’ONU sur le différend régional au sujet du Sahara marocain», avait clairement pour objectif de brouiller les pistes pour Pretoria en mettant en relief le soutien accru de l’Afrique à la position du Maroc, à savoir que la question du Sahara devrait être laissée à l’ONU et que la conférence de Pretoria s’immisçait en établissant un processus parallèle, note l’ISS, soulignant que la défection de Madagascar a poussé un responsable sud-africain à avertir que Pretoria pourrait interrompre son aide à Antananarivo.

D’après l’ISS, au total, 20 pays africains ont assisté à la conférence de Pretoria, y compris la "rasd" en plus de Cuba, du Venezuela, du Nicaragua et du Timor-Leste, rappelle le centre de recherche.

Malheureusement pour la SADC, la conférence de Marrakech a été marquée par un plus grand taux de participation, soit 37 pays africains, observe le think-tank, soulignant que cela n’était pas surprenant puisque seulement 21 des 55 membres de l’UA reconnaissent la "rasd".

Même l’UA n’a pas assisté à la conférence de Pretoria, bien que le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, ait été personnellement invité, poursuit la même source.

 Et d’ajouter que sept membres de la SADC: Angola, Madagascar, Zambie, Malawi, République démocratique du Congo, Tanzanie et eSwatini figuraient parmi les participants lors de la conférence de Marrakech.

Cité par l’ISS, le ministre des Travaux publics de eSwatini, Christian Ntshangase, a affirmé que la conférence de Marrakech était plus utile que celle de Pretoria.

«Nous pensons que c’est la conférence qui aiderait l’ONU à trouver une solution durable et pacifique», a-t-il déclaré.

Rappelant les appels lancés par certains dirigeants de la SADC, notamment le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, qui a rejeté toute idée selon laquelle l’UA n’a aucun rôle à jouer dans le conflit du Sahara, l’ISS s’interroge si le groupement d’Afrique australe allait s’en prendre réellement au Maroc et si son intervention allait être efficace.

«Mais avec le retour du Maroc au sein de l’UA et la mobilisation de ressources importantes pour augmenter le soutien dont jouit le Royaume, la rasd a probablement besoin de renfort», poursuit le centre de recherche, soulignant que l’intervention de la SADC pourrait compliquer la situation, en particulier si le Maroc lance une campagne visant à faire expulser la "RASD" de l’UA.

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