Maroc : des acquis de la Marche Verte à la nécessité d’une Marche Démocratique

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Le peuple marocain célèbre chaque année, à l’unisson et dans l’allégresse, l’anniversaire de la Marche Verte du 6 novembre 1975. Cette date restera gravée à jamais dans la mémoire collective de notre peuple eu égard à son originalité et à son impact sur l’avenir du pays.  

Seul un Roi du génie de Hassan II pouvait concevoir l’organisation de cette marche pacifique, à laquelle ont pris part 350 OOO volontaires représentant toutes les régions et toutes les catégories socio-professionnelles, pour libérer nos provinces sahariennes du joug colonial et parachever notre intégrité territoriale. La portée d’un tel évènement  a été considérable à plusieurs niveaux. Il a donné lieu à une nouvelle dynamique qui a permis au Maroc de devenir ce qu’il est aujourd’hui. C’est dans le sillage de la récupération de nos territoires du Sud que le processus démocratique fut lancé en organisant immédiatement après les élections communales et législatives. Ce processus a été consolidé au cours du Nouveau Règne par une série de réformes  qui ont porté sur les questions institutionnelles, économiques, sociales, culturelles et sociétales.

Le résultat est là : le Maroc de 2019 est tout à fait différent de celui d’avant 1975. Son territoire s’est élargi de 60% ; sa population a plus que doublé et plus de 70% de Marocains ont vu le jour après la Marche Verte ;  son tissu économique et social s’est diversifié. Le changement le plus spectaculaire a concerné bien évidemment les provinces sahariennes qui ont connu au cours de ces années un développement faramineux sur tous les aspects : développement des villes et sédentarisation de la population, édification d’une infrastructure moderne,  réalisation des projets économiques productifs. Ce processus de développement tous azimuts se poursuit à un rythme accéléré avec le lancement d’un ambitieux programme de développement des provinces du Sud ayant mobilisé la bagatelle de 77 MM DH sur la période 2015-2021. 

Mais comme tout développement est nécessairement contradictoire,   de nouveaux problèmes et de nouveaux besoins sont apparus et auxquels il faudra désormais faire face. Les nouvelles générations ont d’autres exigences qui ne furent pas forcément celles de leurs parents.  C’est ce qui a amené le Souverain à appeler à l’élaboration d’un nouveau modèle de développement qui soit en phase justement avec les exigences de la jeunesse et qui apporte des solutions appropriées aux problèmes que vit le Maroc d’aujourd’hui.  Pour ce faire, nous avons besoin d’une Marche Démocratique en nous inspirant de l’esprit et de la philosophie de la Marche Verte.

Une telle « marche démocratique » doit avoir comme objectif le développement participatif et l’engagement citoyen pour que les Marocains, dans leur diversité, retrouveront confiance dans leur pays et ses instituions. Les problèmes sociaux et économiques qui se posent de nos jours avec acuité nécessitent un traitement politique et un changement de cap. Le pays a besoin plus que jamais d’institutions crédibles seules à même de combler le vide inquiétant qui caractérise la vie politique et la médiocrité de l’offre politique qui n’intéresse malheureusement que peu de monde.

 Des réformes nouvelles et inédites sont nécessaires pour libérer les initiatives,  stimuler la créativité et mettre fin à certaines hypocrisies sociales qui se manifestent à chaque fois qu’on évoque par exemple les libertés individuelles. Il est grand temps de franchir ces supposées « lignes rouges » en la matière comme vient de le faire, avec courage et esprit de responsabilité, le CNDH dans son dernier mémorandum adressé au parlement. Désormais, la balle est dans le camp des parlementaires pour légiférer dans le sens du progrès social et du renforcement des libertés humaines.  Car sans liberté, point de progrès et point de démocratie.

Dans le même sens, on doit saluer les propositions du CESE formulées dans son rapport annuel 2018. Cette instance consultative a posé en des termes nouveaux un certain nombre de problématiques  qui constituent de véritables goulots d’étranglement telles que la question des enseignants contractuels relevant des AREF, le phénomène de l’exode des compétences, l’accès des femmes à l’emploi et les nouvelles formes de protestation populaire favorisées par le développement des réseaux sociaux. Sur chacune de ces problématiques, le CESE a formulé des propositions dignes d’intérêt.

Le temps n’est plus  à l’immobilisme et à l’attentisme,  encore moins aux luttes stériles autour de fausses questions. Il appelle à l’action et à la mobilisation. La réflexion sur le  nouveau modèle de développement est une occasion de mobiliser les énergies et d’impliquer toutes les bonnes volontés. Ce NMD, qui ne se réduit pas à une dimension économique,   se doit d’aborder l’ensemble des problématiques et leur apporter des solutions audacieuses et novatrices à même de faire entrer effectivement le Maroc dans le club des pays émergents. C’est à cette  condition que notre pays se mettra à l’abri des « intempéries » et des menaces réelles qui planent sur notre région.