Maroc - Espagne: Une toile de fond prenne et des défis contemporains

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Par : Ahmed Charaï - La visite du Roi Felipe VI au Maroc constitue un vrai moment politique. Les deux monarques se connaissent bien, mais c’est la profondeur des liens historiques qui fait des relations entre les deux pays un partenariat bien particulier.

La proximité géographique, le voisinage, ont imposé une histoire souvent tumultueuse entre les deux nations. Il en reste des présences culturelles réelles des deux cotés, les moriscos au Maroc ont influé sur le devenir du pays, de même que les mouvements culturels revendiquant les aspects mauresques en Andalousie, sont importants et vont dans le sens du respect de la permanence de l’histoire.

Cette toile de fond étant pérenne, les deux pays font face à des défis très contemporains. Ils coopèrent sur trois sujets essentiels : Le terrorisme, l’immigration et la drogue. Les relations économiques sont aussi très importantes, preuve en est la qualité de la délégation d’hommes d’affaires qui accompagne le Roi d’Espagne.

La question de l’immigration reprend beaucoup d’importance. Les développements de la situation libyenne ainsi que les tentatives de fermeture des frontières italiennes aux immigrés, ont fait de la route du détroit la voie privilégiée des passeurs. Les chiffres le prouvent, les tentatives de passage sont plus nombreuses.

Dans ce dossier, le Maroc assume des responsabilités très lourdes, qui pèsent sur ses politiques publiques, notamment par leur coût financier. Sur le plan sécuritaire d’abord, la sécurisation au maximum des frontières Nord et orientales, exige un déploiement en hommes et en matériel très imposant. Mais le Maroc a aussi choisi de respecter son ancrage africain. Les prétendants à la migration qui restent au Maroc, bénéficient d’un accueil bienveillant. Ils seraient au nombre de 50.000. L’Europe participe à ces coûts, mais de manière parcimonieuse.

L’Espagne est impactée aussi, et lourdement, parce que c’est le pays du primo-accueil. De la même manière, la situation géographique fait des deux pays des points de passage du trafic international de la drogue. Il ne s’agit plus uniquement du Hashish produit localement. Les drogues dures, cocaïne et Ecstasy, empruntent la voie des migrants. Les saisies record de ces derniers mois prouvent l’importance du phénomène. La coopération entre les deux pays est fondamentale et selon les informations disponibles, elle serait au niveau des défis posés.

Sur la lutte anti-terroriste, les choses sont encore plus transparentes. Ce fléau transnational a frappé les deux pays. Depuis, la coopération est à son zénith. Les services marocains ont permis de démanteler plusieurs cellules en Espagne. De même, c’est grâce à cette coopération que des cellules ont été démantelées au Maroc. Parce qu’entre la zone Nord du Maroc, les présides et le sud de l’Espagne, il y a une grande porosité, la coopération est vitale. Madrid a choisi de distinguer Abdellatif Hammouchi, le patron de la DGSN et de la DGST, en lui accordant la plus haute décoration au sein de la police. Au-delà du symbole, c’est un signe de l’importance accordée par l’Espagne à cette coopération. D’autant plus qu’elle est accompagnée par une intervention marocaine dans l’encadrement religieux des imams, qui s’inspire de la doctrine marocaine qui fait de l’Islam tolérant la digue contre l’extrémisme, avant la répression. Sur le plan économique, malgré un recul des flux d’investissements consécutif à la crise de 2008, le partenariat est à la fois solide et prometteur.
Une relation aussi profonde, aussi diversifiée, ne peut que s’inscrire dans la pérennité que la géographie et l’histoire imposent. Les entretiens entre les deux Rois ne peuvent que lui donner une nouvelle impulsion.

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