La région MENA et l’Agence France Presse qui, à l’épreuve du coronavirus, ne réfléchit guère mieux

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Oubliant que les mêmes scènes ont été vues en France, aux États Unis et ailleurs, l’AFP qui consacre un article au « Moyen Orient et l’Afrique du Nord, les droits humains à l’épreuve du coronavirus », indique qu’arrestations musclées, citoyens emprisonnés, surveillance électronique : les droits humains, déjà malmenés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, sont davantage fragilisés par les mesures drastiques prises dans la région pour lutter contre le nouveau coronavirus.

Face à la pandémie, près de la moitié de l'humanité est confinée et parfois étroitement surveillée. Si l'opinion soutient majoritairement les mesures prises, des voix s'élèvent contre d'éventuelles répercussions sur les droits humains. Cette inquiétude vaut particulièrement pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (Mena), souvent classés parmi les mauvais élèves, avec leur lot de régimes autoritaires prompts à enclencher la machine sécuritaire, sans solides contre-pouvoirs.

La gestion de la contestation des gilets jaunes déjà oubliée et les blindés anti-émeutes sur Les Champs Élysée passés sous silence, l’AFP poursuit : Dans plusieurs pays, les images d'artères désertes où circulent des véhicules militaires chargés de faire respecter confinements et couvre-feux tranchent en outre avec celles des mouvements populaires qui, en 2019, ont entraîné la chute de gouvernements et chefs d'Etat, en Algérie, en Irak, au Liban et au Soudan.

Au lieu de donner pays par pays, l’AFP procède par un total de tous les pays de la région MENA (19 pays en tout) qui va du Maroc à l’Iran. Ainsi l’addition des atteintes et des décès qu’elle avance peut impressionner même si elles atteignent à peine les chiffres de la seule France. Avec une légèreté à peine concevable elle écrit : A ce jour, plus de 42.000 cas de Covid-19 et 2.600 décès ont été officiellement recensés en Mena, selon l'Organisation mondiale de la santé, qui a exhorté les autorités à prendre la mesure du danger et faire preuve de transparence.

La première partie du message (seulement ?) a, semble-t-il, été reçue, du Golfe à l'océan Atlantique, avec l'instauration de mesures musclées.

L'armée dans les rues 

L’armée dans les rues, l’intertitre est pour impressionner le lecteur : En Jordanie, le roi Abdallah II a signé un décret conférant des pouvoirs exceptionnels au gouvernement. Des blindés ont été déployés dans les rues et des centaines de personnes interpellées pour non-respect du couvre-feu.

Si le ministre de la Défense a assuré que cela n'affecterait pas les droits individuels, Human Rights Watch (HRW) s'est montrée sceptique. Ils sont encore à l’œuvre ceux-là

Au Maroc, l'armée a aussi fait son apparition à Rabat (pour toute la capitale c’est trois petits chars anti émeutes juste plein de leur seul conducteur qui sillonnent alternativement les quartiers NDLR) pour veiller au respect de "l'état d'urgence sanitaire". Mais dans le royaume, connu pour sa politique sécuritaire (sic), les arrestations musclées de contrevenants --qui risquent lourdes amendes et prison ferme-- suscitent peu de protestations.

"Les gens sont demandeurs de plus d'ordre (...). On assiste à une grande opération de relégitimation politique, facilitée par le large consensus autour du rôle de l'Etat au temps du coronavirus", estime un journaliste marocain sous couvert d'anonymat. Sous couvert d’anonymat bien sûr, et pourquoi pas qu’il a été inventé pendant qu’on y est. 

Parallèlement, Rabat promeut une lutte sans merci contre les "fake news". Mais l'adoption sans débat d'une loi d'encadrement des réseaux sociaux a suscité des inquiétudes. Parce que, à en juger par les informations, Paris se gêne dans ces circonstances…

Mais dès qu’il s’agit de l’Etat hébreu le ton change :  Le débat, écrit l’AFP, a pris une tournure plus vive en Israël, où le service de sécurité intérieure Shin Beth, d'ordinaire focalisé sur l'antiterrorisme (sic), est désormais autorisé à collecter des données sur les citoyens pour lutter contre le virus.

Dans un éditorial publié par le Financial Times, l'anthropologue israélien Yuval Noah Harari affirme que "l'épidémie pourrait marquer un tournant décisif" car "le recours aux outils de surveillance massifs" expose les citoyens à un contrôle plus intrusif. C’est ça la tournure plus vive ? Une seule voix ? Passons.

"Acharnement sidérant" 

En Algérie, ( les Algériens on va les laisser se défendre  tous seuls NDLR) après plus d'un an d'une contestation populaire inédite, il aura fallu l'émergence de la pandémie pour mettre un terme --temporaire?- (sic quand même) aux manifestations. Mais les inquiétudes des ONG redoublent car la machine judiciaire tourne toujours.

Rare figure du "Hirak", Karim Tabbou a vu sa peine alourdie en appel, écopant d'une année de prison ferme. Après son arrestation vendredi, le journaliste Khaled Drareni, correspondant de Reporters sans frontières (RSF), a lui été placé dimanche en détention préventive dans l'attente du procès.

Le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, (il n’est pas confiné celui-là ?) a dénoncé un "acharnement sidérant contre un journaliste indépendant et libre".

"Le Hirak a suspendu sa mobilisation face au coronavirus mais le gouvernement n'a pas suspendu sa répression", a de son côté estimé le directeur-adjoint Mena de HRW, Eric Goldstein.

Le reste on ne va même pas vous fatiguer avec sa lecture, il s’agit du Liban, le Tunisie, « jeune te fragile démocratie », et l’Egypte. Le compte de la région MENA n’y est pas, mais ça devrait être la même chose. Il y a des lustres, l’incomparable Coluche lançait cette délicieuse injonction aux journalistes français : Si vous n’en savez pas plus, FERMEZ VOS GUEUUUUULES !

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